Fongauffier-sur-Nauze

Fongauffier-sur-Nauze

Quand les bornes sont franchies il n'y a plus de limites.

 

Un peu d'humour… quoi que ! À noter que la célèbre formule "Or, comme l'a dit judicieusement un auteur célèbre : quand la borne est franchie il n'est plus de limites ! " ne revient pas à l'imaginaire sapeur Camember. Elle se trouve dans La Famille Fenouillard, dans le chapitre "Au seuil de l'éternité".

La formule est en fait de François Ponsard, [L'Honneur et l'argent, III, 5, Michel-Lévy] Paris, 1853, les deux alexandrins de la pièce étant : " Quand la borne est franchie, il n'est plus de limite / Et la première faute aux fautes nous invite. "

François Ponsard était un poète et auteur dramatique français, né à Vienne (Isère) le 1er juin 1814.  Il décéda, à 53 ans, à Paris 16ème le 7 juillet 1867.

 

 

Devant la chapelle ND de Spéluque à Ampus, Var, au lieu dit Notre-Dame du Plan, une croix en fer plantée dans une pierre cylindrique est le vestige d'une borne romaine. Sur le fût étaient mentionnés le nom de l'autorité (empereur, consul) à l'initiative de la construction ou de la réfection de la voie, ainsi que la distance en milles romains entre la borne et la cité administrative la plus proche : Fréjus (Var) et Riez (Alpes-de-Haute-Provence), mais aussi la date des travaux réalisés en 1898 par la famille de Jerphanion.

 

 

On retrouve ce type de mégalithe pour borner les courbes des lignes de chemin de fer. Devant la mairie de Sagelat on peut remarquer des bornes de ce genre. Une, hélas, est altérée.

 

 

  

Pourquoi nos ancêtres ont implanté des bornes. Nos chemins et nos routes, legs ancestraux, remontent, pour le plus grand nombre, à la nuit des temps. Le bornage des routes remonte à l'antiquité. La borne, par essence, fixe les limites ; on la retrouve dans les limites de propriétés et, aussi, de territoires. Dans ce cas elle revet, plutôt, l'apparence d'un poteau.

Les antiques voies romaines, dont les itinéraires, parfois, comportaient des variantes, au moins pour les plus modestes d'entre elles, se frayaient des itinéraires en évitant de mutiler les aires de cultures. La voie romaine qui reliait Périgueux à Cahors épousait, certes, les profils les moins difficiles, vallées du Manoire, du St Geyrac, de la Douch, de la Nauze et de la Ménaurie, avant d'atteindre le Quercy, mais au lieu de s'imposer, majestueusement, au beau milieu du creuset de ces vallées se calait à flanc des collines comme l'atteste notre segment de la Pique à La Tute.

 

Depuis la colonisation romaine on a cherché à borner les routes. Ce bornage, coûteux, nous laisse quelques repères patrimoniaux ; ils sont souvent malmenés, délaissés, voire saccagés ou pillés. Le bornage des routes remonte à l'antiquité. La borne, par essence, fixe les limites ; on la retrouve dans les limites de propriétés et, aussi, de territoires. Dans ce cas elle revet, plutôt, l'apparence d'un poteau.

 

 

Les distances de, ou pour, Paris partent, ou rejoignent, le parvis de N.D. Ici nous sommes à Stains.

 

Les bornes ancestrales, sur le terrain, étaient jadis bien observées par les marcheurs ; un peu moins par les automobilistes. Elles sont toujours bien attendues par les cyclistes qui escaladent des côtes et s'attaquent aux cols. Sans aller en montagne quand les cyclistes gravissent la côte du Bout des Vergnes, au niveau de Doissat/Orliac, ponctuée de ses deux bornes intermédiaires, ils apprécient de rencontrer la seconde.

 

 

Cette très vieille borne doit dater de la Monarchie de juillet. Ne nous y trompons pas. Elle est aujourd'hui -et depuis au moins 60 ans- à Ecoute-s'il-Pleut. Elle devait, lorsqu'elle était opérationnelle être à 2 Km de là ; dans la direction de Merle et Veyrines. Qui l'a amenée là et pourquoi... par fantaisie ou par humour ! Photo Pierre Fabre.

 

 

 

 

Unique survivante locale du bornage hectométrique de l'ex RN 710 cette borne, au piédroit du Moulin du Cros, à 200 mètres de Fongauffier, précise que nous sommes à 68,7 Km de la borne fictive 0 qui aurait du, à Ribérac, initialiser le bornage de la route. De Ribérac à Fongauffier il y a exactement 100 Km. Les 31,3 Km d'écart s'explique par le tronc commun, avec l'ex RN 139, de Chancelade à Périgueux  et de Périgueux à Niversac, avec l'ex RN 89 auxquels il convient de rajouter la section du Bugue à La Faval recouverte par l'ex RN 703.

Ce jalon hectométrique fongauffierain doit,  probablement, à l'aplomb mural sa "survie".

    

Le bornage moderne se limite à de "vulgaires" implants métalliques qui sont loin d'avoir l'éminence de nos bonnes vieilles bornes qui, elles, apportaient des indications sur les localités en aval et, parfois, en montagne indiquaient l'altitude.

 

 

 

Nous sommes au P.K 57 de l'A 28. Cela suffit pour le repérage.

 

Dans notre Val de Nauze, plus précisément dans la vallée du Valech, entre écoute-s'il-Pleut et St Laurent-la-Vallée les bornes avaient une forme spéciale, peut-être unique, elles avaient une base triangulaire et étaient recouvertes d'un dôme. L'angle à 45° par rapport à la chaussée permettait aux automobilistes de lire les indications gravées à même la pierre. Il restait, il y a une quinzaine d'années, quelques "survivantes" de ce bornage obsolète. Hélas, à mon grand regret, elles ont été arrachées et acheminées qui sait où ! Il aurait été judicieux qu'au moins une soit conservée et laissée en souvenir patrimonial sur une place publique de Carvès, Grives ou St Laurent.

 

Le bornage a un coût. Nos décideurs, à différentes occasions, notamment au début des années 70, ont pensé qu'il était nécessaire d'engager des dépenses inutiles et ont imaginé qu'il fallait démanteler le réseau national pour le départementaliser. Passe encore sur cette considération qui, d'un trait de plume, balaya l'héritage révolutionnaire du XVIIIème siècle et dont le démantèlement, indirectement certes, invalida la sanction du suffrage universel du 27 avril 1969 ! Ce transfert coûteux en étude et en documents a nécessité une "renumérotation" tout aussi coûteuse. Il a donc fallu changer la forme des bornes des ex routes nationales qui, dans le meilleur des cas, devenaient des chemins départementaux en gardant leur numéro. Faisons fi de la susceptibilité de celles et de ceux qui, sans avoir vu le moindre changement de décor, pouvaient se sentir diminués en devenant, pendant une quinzaine d'années, les riverains d'un chemin après avoir été au bord d'une route nationale*. Quand les numéros pouvaient prêter à confusion parce que le département, ou les, département(s) avai(en)t déjà affecté ce numéro, la R.N 113, par exemple, on a du renuméroter, en général avec des 900 et suivants.

 

Il vaut mieux ne pas penser à ces dépenses, aussi gigantesques qu'inutiles, parce que, grâce à la comptabilité analytique, la nation aurait aussi bien pu "abandonner" aux départements la maintenance des routes et laisser les numéraux mémorisés par les usagers et les cartographes.

 

 

 

"On" a osé soustraire la Voie sacrée au patrimoine national. 

 

 

On notera que les numéros des grandes nationales, comme la R.N 7, elle fut antérieurement la RN 1, et la R.N 10, qui faisaient partie de nos repères, par le caprice de certains dépensiers des deniers publics, ont été jeté aux poubelles de l'histoire. Plus grave encore pensons au "sacrilège", eu égard au devoir de mémoire, que fut, en 2006, la départementalisation de la Voie sacrée, ex RN 35, route reliant Bar-le-Duc à Verdun, qui devint, pour répondre au désir voulu en haut lieu de démanteler, la RD 1916, en référence à l'année 1916.

 

 

 

La borne bi-départementale traduit un abandon de ce particularisme. Mieux vaut illustrer par un ostentatoire panneau ce passage, tout à fait arbitraire, d'un département à l'autre. Pourquoi se préoccuper du coût... c'est le contribuable qui paie ! Photo Pierre Fabre.

 

Ne cherchez pas du regard celle qui sur la 710, au niveau de Lavaur/Sauveterre, marquait la limite départementale. Elle a disparu du paysage !

 

 

 

La borne bi-départementale traduit un abandon de ce particularisme. Mieux vaut illustrer par un ostentatoire panneau ce passage, tout à fait arbitraire, d'un département à l'autre. Pourquoi se préoccuper du coût... c'est le contribuable qui paie ! Photo Pierre Fabre.

 

Notre actuelle RD 710, ex RN 710 -de 1930 à 1972-, enchâsse l'assiette dordognaise de l'ancienne RD 11, Périgueux-Cahors. Pendant une trentaine d'années, au moins, l'ancienne borne de la RD 11, croupit à Fongauffier dans le fossé séparateur de la RN 710 et la RD 53. Les bornages de l'ancienne RD 11 et de la RN 710 devaient être différents car les bornes de la 710 sont à 500 mètres de part et d'autre de Fongauffier.

 

 

Quand cette borne était opérationnelle elle devait se trouver à Siorac-en-Périgord au niveau de  l'actuel rond-point. Depuis que la RD 703 a recouvert le segment de la Faval au rond-point de Siorac la R.D 710 a été éradiquée... et son bornage avec. Cette borne, miraculeusement, a échappé à une disparition totale. 

 

On notera que la restauration de cette borne a mis en relief la référence à son épisode national cependant il faut se rappeler que les routes nationales avaient des bornes au chapeau rouge. Photo Pierre Fabre.

 

 

* Les voies départementales étaient dénommées "chemins départementaux".  Cette terminologie concernait nos modestes chemins départementaux, type CD 53 ou 52, mais s'est appliquée aux routes nationales, déclassées fin 1972, comme la RN 139 (La Rochelle-Périgueux), devenue CD 939, ou notre RN 710 renommée CD 710.

La Loi 89-413 1989-06-22 jorf 24 juin 1989 mit un terme à cette appellation inadéquate et nos voies départementales, ex nationales, comme les autres ont ainsi été promues "routes départementales".

 

Article L131-1 du "Code de la voirie routière".

Créé par Loi 89-413 1989-06-22 jorf 24 juin 1989

Les voies qui font partie du domaine public routier départemental sont dénommées routes départementales.

Le caractère de route express peut leur être conféré dans les conditions fixées aux articles L. 151-1 à L. 151-5.

 

 


 

Pierre Fabre.





06/03/2012
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