Fongauffier-sur-Nauze

Fongauffier-sur-Nauze

Quatre septembre ; renaissance de la République.

 

 

Le blog d'aujourd'hui, une fois n'est pas coutume, quitte, pour ce 4 septembre, le Val de Nauze pour revenir, un peu, sur notre passé national.

Le blog qui n'a nullement la prétention d'être un référentiel historique tente, plutôt, de se situer dans un modeste "flash-back" de notre passé.

 

 

 

La station du métropolitain "Quatre septembre".

 

 

Si le 11 septembre a, hélas, marqué les esprits, il s'agit du 11 septembre 2001, le 4 septembre, celui de 1870, est, semble-t-il, largement oublié. Il parait plus que probable que les milliers d'usagers du métropolitain parisien, lorsqu'ils passent à la station du "Quatre septembre", ne s'interrogent même pas sur ce repère qui, ô combien, souligne un clivage institutionnel dans notre pays.

 

  

 

La rue du "Quatre septembre" à Paris.

 

 

Tout le monde, ou presque, a entendu dire que la Troisième République, celle qui, encore aujourd'hui, comptabilise la plus longue durée, fut acquise à une seule voix de majorité.

 

Cette image d'Épinal, en fait, est un petit raccourci. C'est l'amendement Wallon [Henri Wallon (1812-1904)], appui législatif de cette avancée républicaine, qui, lui, fut adopté à une voix de majorité ; 354 voix pour, 353 voix contre. Il n'est probablement pas inutile de rappeler que le 3 septembre 1870, Paris apprit le Désastre de Sedan. À minuit, le Corps législatif se réunit. Jules Favre, député, demande la déchéance de l'Empire. Le 4 septembre la foule s'amasse devant le Palais-Bourbon. Comme en 1793 et en 1848, les grilles sont forcées et la salle des séances envahie. Gambetta prend la parole, déclare la patrie en danger et fait approuver la déchéance de la famille Bonaparte. Jules Favre harangue la foule et propose d'aller à l'Hôtel de Ville proclamer la République. Ce qui fut fait. Il y eut là une scène classique de l'histoire politique française. Le long cheminement vers la IIIeme République, qui ne sera instaurée qu'en 1875, et consolidée qu'en 1877, commençait.

 

 

Paris le 4 septembre 1870. Gravure "Assemblée nationale". 

 

A cette époque certains élus ne pensaient pas, comme nos contemporains, qu'à leurs carrières et certains eurent même l'audace de remettre en cause le système établi.

 

On peut, tout de même, reconnaître que cette République proclamée le 4 septembre 1870 s'est installée dans le temps et que depuis, même si l'on est obligé de soustraire la parenthèse de 1940 à 1944, l'essence républicaine de notre pays n'a jamais été totalement abrogée. L'homme de Montoire qui, manifestement, n'admirait pas l'idéologie républicaine, à tel point qu'il franchit le Rubicon en déposant Albert Lebrun, légitimement détenteur du titre de chef de l'état, n'osa tout de même pas broyer en totalité notre Troisième République.

 

Soulignons qu'il y eut, quand même, ce triste 10 juillet 1940, 80 parlementaires qui osèrent ne point tourner le dos à la République, Vincent Badie, élu de l'Hérault, qui devait être le porte-parole du groupe radical-socialiste, eut le courage de crier "Vive la République, quand même" ! Parmi ces 80 Camille Bedin, député S.F.I.O de la Dordogne, prit le parti des frondeurs et… c'est tout à fait en son honneur. N'oublions pas non plus que les élus du P.C.F, 60 députés et un sénateur, déchus de leurs mandats depuis janvier 1940, n'ont pu participer au vote. Parmi eux, Gustave Saussot, député communiste du Nontronnais, qui, par ailleurs, s'opposa au Pacte germano-soviétique.

 

La symbolique de la République. Dans notre pays on dit encore parfois, sous des formes diverses, "être en République". Ce stéréotype traduit une notion forte de liberté et, par ailleurs, une autre notion un peu utopique, hélas fortement diluée, celle de l'égalitarisme.

Une République n'est pas, en elle-même, une forme constitutionnelle suffisante et incontournable de démocratie. La République se perd dans la nuit des temps et il apparaît, plus que certain, que la République de la Rome antique, qui comptait des praticiens, des notables humiliait, tyranisait et "ignorait" la multitude des esclaves, n'avait pas grand-chose à voir avec  le républicanisme ; tel qu'on l'entend de nos jours. Cromwell, Lord Protecteur de la République d'Angleterre, d'écosse et d'Irlande, l'oligarchie des doges, l'autoritarisme de Salazar, les dictatures pseudo-communistes de Staline, Castro et autres, donnent une image peu séduisante d'un mode républicain.

 

La République a eu bien du mal à être admise et reconnue dans les esprits à cause de l'épouvantable Terreur et de son corollaire l'instrument du docteur Guillottin que les républicains ont mis tant de temps à abroger. Le communisme authentique, pour des raisons identiques, n'a jamais fait son chemin à cause de ses falsificateurs.

 

La République, lorsqu'elle est entre de bonnes mains républicaines, demeure porteuse d'une licence que les monarchies, même constitutionnelles, n'autorisent pas. Il paraîtrait irrévérencieux, et risqué à un individu de crier "Vive la République" au passage du chef de l'état au Royaume uni, de l'hôte du rocher de Monaco, ou quand le fidèle héritier de Franco, assassin de la Deuxième République d'Espagne, se plonge dans la foule. La République, même si elle n'est pas instrumentalisée par une personne que l'on apprécie, dispose de cette supériorité sur les monarchies, qui, toutes, s'affranchissent totalement de l'article n° 1 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen". Le chef de l'état est, dans ces pays, investi par le seul privilège de la naissance.

 

Notre République proclamée, choisie ou promue, par cinq fois, dans l'histoire, comme tous les systèmes institutionnels du monde, n'est, hélas, pas à l'abri  du césarisme ni des coups d'état réels ou camouflés. Pour ne pas rentrer dans une polémique partisane qui fâche on peut dire, sans hésiter, que la République française, par trois fois, a subi l'outrage majeur de ses pourfendeurs. La famille Bonaparte, à elle seule, comptabilise par deux fois son aliénation pour sacraliser ses félons. La langue française n'a pas encore imaginé de "républicide".

 

Qu'il soit permis de saluer, en ce 4 septembre, les derniers personnages, chefs d'un exécutif républicain modeste, sage cataliseur reconnu à l'abri des haines et de la tourmente qu'inspire le pouvoir personnel, c'est-à-dire ceux qui ne figurent pas dans le listage de "la Monarchie à temps compté". Les présidents Auriol et Coty, tous deux issus du peuple, laissent le souvenir de républicains discrets.  Le premier s'identifia en disant "Je ne serai ni un président soliveau, ni un président personnel". Le second, ancien combattant du rang, demeura attaché au régime d'Assemblée. La démocratie directe, le recours au peuple, lui sont des notions étrangères, voire dangereuses. Il est toutefois conscient de la nécessité des réformes, et en 1956 il va jusqu'à déclarer à Verdun que la révision des institutions est "une tâche primordiale". Mais, étonné de son audace, il ajoute : "Que le président de la République puisse vous tenir un tel langage n'est pas un vain propos. C'est un signe."

Il obtient, probablement avec beaucoup de finesse et de fermeté républicaine, que les formes constitutionnelles et parlementaires du retour au pouvoir du chef de la France libre, qui le précipita vers la sortie, avec une impatience à peine contenue, soient scrupuleusement respectées. Ces scrupules et la dignité avec laquelle il accueille à l'Élysée le 8 janvier 1959 "le premier des Français qui est désormais le premier en France" sont unanimement salués.

 

Son successeur fut volontiers blessant pour les présidents des Troisième et Quatrième République. Lors d'une conférence de presse à l'Élysée, le 09/09/1965, le général de Gaulle prononce une de ses fameuses "petites phrases" :"D'ailleurs, qui a jamais cru que le général de Gaulle étant appelé à la barre devrait se contenter d'inaugurer les chrysanthèmes...". Cette métaphore ne donne pas beaucoup d'honneur aux fleurs qui symbolisent, en novembre, le devoir de mémoire... 

 

Pour terminer, en ce 4 septembre 2011, amendons avec une pointe d'humour britannique la citation, reprise par Michel Audiard, de Winston Churchill*, qui, lui, n'a pas à être soupçonné de républicanisme, et autorisons nous l'audace de dire que "la démocratie laïque, plébéienne et républicaine est, à l'exclusion de tous les autres, le plus mauvais de tous les systèmes".

* Democracy is the worst form of government except all those other forms that have been tried from time to time” –Sir . Winston Churchill.

"La démocratie est la pire forme de gouvernement, sauf ceux d'autres formes qui ont été essayées de temps en temps". Winston Churchill.

 

 


 

Jean-Pierre Chevènement, désigné en son temps, miraculé de la République, avait choisi, il y a tout juste 10 ans aujourd'hui, cette date du 4 septembre pour annoncer sa candidature à la présidence de la République.

 

 

Texte Pierre Fabre.



04/09/2011
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 221 autres membres