Fongauffier-sur-Nauze

Fongauffier-sur-Nauze

Contez nous vos débuts dans la vie active. Volet n° 3.

 

 

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N'hésitez pas à cliquer sur les images. 

 

Présenter Bernard Malhache, à Belvès, ferait aussi insolite que présenter Jean-Pierre Garuet-Lempirou (dit Le Professeur, ou Garuche) à l'entrée du stade de Lourdes ; néanmoins, pour les derniers arrivants de notre Val de Nauze et pour les internautes qui ne connaissent pas le Pays d'Anaïs Monribot, je dirais que Bernard est venu planter les piquets de sa demeure au Pech, grâce ou à cause des épisodes qui ont amené bien des Lorrains tourmentés par l'ire d'un sinistre et monstrueux petit caporal Autrichien à "migrer", parfois en y restant, vers ce pays de croquants et aussi par les hasards des affectations d'une carrière d'enseignant.

Bernard, apiculteur par affinité et par loisir,  s'est engouffré dans la vie locale où il a apporté -et apporte- bien des contributions, dont un passage au conseil municipal et dans diverses associations. Citons la Troupe de Sagelat et les Sentiers d'antan qui collent à la peau de cet adepte de la nature. Correspondant de presse, depuis 30 ans, il a connu bien des épisodes de cette cité ou vivait, dans l'imagination romanesque de Guy de La Nauve, une semi-bourgeoise acariâtre et aigrie dans son célibat  et où bien des épisodes, parfois cocasses, ont tracé la chronologie locale.

 

P.F

 

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Préambule… pour répondre à Pierre Fabre, il n’y a pas de contribution valorisante ou dévalorisante, en tout cas c’est dans cet esprit que j’apporte la mienne.

 

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Cinq ans après avoir quitté le lycée de Ribérac,  j’y suis revenu, pour défiler cette fois ci, à l’occasion de la remise de la fourragère à la classe 70-8 du 5ème régiment de chasseurs où j’ai passé 10 mois comme secrétaire de l’officier conseil, comme celui-ci était à l’école de guerre à cette même période, j’ai poursuivi seul mon rôle d’enseignant (cours de préparation au BEPC et au certificat d’études) mais surtout en relation avec l’AFPA, j’ai aidé des dizaines et des dizaines de jeunes à chercher des formations et des emplois.

 

 

Octobre 1965… J’avais vingt ans et demi ; après avoir été admissible mais non admis à l’ENSET (École Normale Supérieure de l’enseignement technique de Cachan), je décidais d’interrompre mes études et de mettre fin au carcan des classes préparatoires, pour moi à l’ENP de Vierzon où l’on préparait les Arts et Métiers et l’ENSET. Me destinant à l’enseignement (les mauvaises langues diront pour au moins trois raisons : Juillet, Août et Septembre), je postulais pour un poste de maître auxiliaire *.

À la rentrée, je fus nommé maître d’externat au collège Jean Moulin de Périgueux ; et, quelques jours après, le rectorat, après les ajustements post-rentrée, m’informait qu’il y avait un poste de maître auxiliaire au Lycée de Ribérac (établissement ainsi dénommé à l’époque qui serait aujourd’hui l’équivalent d’une grande cité scolaire regroupant collège, lycée d’enseignement général et lycée professionnel). Pour moi, il s’agissait d’enseigner la technologie qui se mettait en place alors, dans les classes de 4° et 3°.

J’étais alors domicilié au domicile familial à Périgueux sans moyen propre de locomotion. On m’avait  bien payé les leçons de conduite mais nuançant ce cadeau de "tu auras une voiture quand tu pourras te la payer". Pas de transport ferroviaire non plus pour parcourir les 37 Km séparant Périgueux de Ribérac, seul un bus scolaire le lundi matin et retour le samedi soir. (Le samedi était jour de classe, bien souvent réservé aux professeurs débutants). Pour mon premier déplacement,  un samedi matin, pour répondre à une demande d’entretien émanant du proviseur, mon père décidait de m’accompagner, je fis donc le déplacement dans la R 10 familiale. Sans doute que beaucoup de jeunes, dont je faisais partie, étaient moins émancipés qu’aujourd’hui, toujours est-il que mon père fut invité à me suivre  à l’entretien avec M. Castelanet, jeune proviseur qui venait de Toulon. Entretien courtois, directif, remise de l’emploi du temps et comme sonnait l’heure de la récréation, le proviseur nous invita à nous rendre à la salle des professeurs, rencontrer mes futurs collègues dont je me souviens de quelques noms : Corsino, Banrry, Poltorak, Texier, Escallettes, prof d’anglais, qui quitta l’enseignement pour devenir un président éphémère de la FFA ( Fédération Française de Football) .

 

 

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** Mes premiers élèves belvésois ont aujourd’hui 65 ou 66 ans, sont aussi retraités, l’une d’elles m’a  déclaré avoir été très amoureuse du professeur qu’elle avait alors !!! [ Le commentaire de l'assembleur du blog :  il y a plus que prescription.]

 

Première anecdote de ma longue carrière professionnelle. Le proviseur : "je vous présente un nouveau collègue qui nous rejoindra lundi"  et… tous très accueillants vinrent serrer … la main de mon père ! laissant de côté celui qu’ils pensaient être un élève qui n’avait rien à faire là. Il faut dire que je ne devais pas faire très vieux et sans doute dépourvu de respectabilité,  mon père quant à lui ne fit rien pour corriger la méprise dont les collègues se rendirent compte le lundi.

Le lundi, je fis le voyage avec le bus scolaire après avoir trouvé un appartement à Ribérac . Corsino, prof d’histoire et géographie domicilié à Périgueux me proposa ses services. Je fis alors les déplacements dans un coupé Alfa Roméo de l’époque jusqu’en février où j’avais suffisamment épargné pour investir mes économies dans l’achat de ma première 2 CV d’occasion.

Mais l’hiver de 1966  fut rigoureux avec verglas et neige plus qu’il en fallait pour le chauffeur inexpérimenté que j’étais. Un matin après une chute de 20 cm de neige, j’appelais le proviseur pour lui indiquer mon incapacité à prendre la route. Sa seule réponse "Tous vos collègues sont présents". J’avais compris le message et je me mettais en quête d’un moyen de locomotion et je trouvais un véhicule EDF équipé, qui se rendait à Ribérac.  Surprise à l’arrivée, mes collègues étaient bien là ! mais dans la salle des profs en train de faire un tarot, l’établissement était en fait fermé, il n’y avait pas de transports scolaires. Le proviseur que je croisais, me fit une remarque sur ma tenue vestimentaire, je portais un col roulé . "Cette tenue est acceptable, vu les circonstances, me dit-il, mais je ne veux pas la voir ensuite". À l’époque, j’ai usé plus de cravates que maintenant.  Trente ans après, j’aurais fait pareille remarque à un enseignant, j’aurais sans doute provoqué une grève générale dans l’heure suivante.

À  la rentrée suivante, je fus renommé à Ribérac où mon poste fut supprimé budgétairement,  au bout d’un mois, le rectorat me proposait alors de rejoindre, au choix Belvès ou Beaumont, où des postes n’étaient pas encore pourvus. Ce fut Belvès !  J’y retrouvais un proviseur que je connaissais bien, M Motard, qui avait été mon prof d’anglais au lycée.  Première démarche : trouver une chambre … Il faut aller chez " la Tinou", me dit la secrétaire. Beaucoup reconnaîtront sous ce sobriquet Me Carcenac qui disposait de plusieurs chambres locatives pour la vague de jeunes professeurs qui arrivaient chaque année à Belvès.  Je réservais donc une chambre, sans difficulté, en me rendant à la mairie me présenter au premier magistrat de l’époque, Maurice Biraben (un ami de la famille).

 Avec l’accent et la prestance qui le caractérisaient,  il m’accueillit  ainsi :

" Où allez-vous loger ? J’ai un appartement de célibataire à l’école primaire, voulez-vous l’occuper à titre gracieux ? " 

Immédiatement, j’acceptais, et c’est sous la conduite de M Maud, en uniforme de garde-champêtre, que je partais visiter ce qui fut ma résidence pendant cinq ans.  Mais, là, surprise ! Je n’avais jamais imaginé qu’il puisse s’agir d’un appartement vide. Il ne le resta pas longtemps ; immédiatement, M Delbos, agent-chef du lycée et son épouse lingère me proposèrent du mobilier scolaire qu’ils vinrent installer, tandis que Zézé, comme on appelait familièrement M Sanchez, cuisinier, me proposait des pâtisseries afin de me remettre de toutes ces déconvenues. Après pareil accueil, on ne pouvait pas envisager de quitter un jour Belvès. " Tu verras, petit, les jeunes qui arrivent ici,  je les marie l’année suivante" m’avait dit M Biraben ;   la prophétie ne fut pas tout à fait exacte, mais…

 

Et la fin de carrière ? Pour moi,  c’était le 1er septembre 2005. Un jour du printemps 2005, un professeur avait envoyé un élève dans mon bureau pour que je lui remonte les bretelles. Il portait un patronyme connu, celui d’une de mes premières élèves quarante ans plus tôt. Je lui demandais qui elle était pour lui : " ma grand-mère" ** me dit-il. Ce jour-là, je compris qu’il était temps de faire valoir mes droits à la retraite. 

* Maître auxiliaire est une catégorie de personnel qui n’existe plus ; l’administration recrutait des personnels n’ayant pas le CAPES ou le CAPET pour faire face à la pénurie d’enseignants titulaires. Un des avantages non négligeables était d’être nommé dans sa région. Il y avait ensuite des promotions internes qui conduisaient à la titularisation.

 

B.M

 

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D'autres contributions sont attendues. N'hésitez pas à rédiger les vôtres. Elles seront les surprises du lectorat de ce blog. Faut-il préciser que le champ est ouvert. Il n'y a pas de clôture. Que les contributeurs aient été de la plus modeste extraction, comme votre humble serviteur, ou universitaire, leurs souvenirs de départ dans la vie active seront naturellement les bienvenus!

 

P.F

 



23/02/2016
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