Fongauffier-sur-Nauze

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Ex... une manipulation subtile.

 

L'en tête d'un article, lu dans la presse cette semaine, rappelant le parcours pédagogique d'une enseignante honoraire m'amène à réagir, non sur l'article mais sur le préfixe "ex", parfaitement exact, qui peut froisser.

 

P.F

 

 

L'actualité du Val de Nauze aujourd'hui marque une pause sur ce blog.

 

Nous allons donc, une fois n'est pas coutume, nous intéresser à un préfixe utilisé, un peu, à tort et à travers. De nos jours nous avons tendance à banaliser le préfixe ex que nous promouvons volontiers, par ailleurs, sans commettre la moindre faute, au rang de nom propre.

Ce préfixe s'avère parfaitement correct, au niveau grammatical, pour désigner quelque chose ou quelqu'un qui n'est plus ou qui est bouté en dehors.

 

 

 

Fabien Barthez n'est pas l'ex-gardien de but de l'Equipe de France de footbaal mais, plutôt, un ancien gardien de but.

 

Ex, élément du latin voulant dire "hors de", devrait, cependant, être employé, parfois, avec discernement. Pour les noms communs on retient quelques nuances. Si pour parler des couples recomposés d'aucuns emploient facilement son "ex" il faut bien convenir que cette tournure, implicitement ou explicitement, modifie d'une manière négative, voire péjorative,  parfois comique ou introduisant un sous-entendu peu flatteur, le personnage désigné. Le qualificatif de précédent(e) conjoint(e)  donne une tonalité plus neutre et toujours plus délicate.

L'emprunt, sans retenue, de quelques ex ne peut froisser qui que ce soit ; par exemple pour désigner l'ex lycée ou parler des ex pratiques de certains employeurs à rémunérer en dessous du S.M.I.C. Pour parler d'un ex chercheur du C.N.R.S il vaut bien mieux dire un ancien chercheur.

 

Ex, à tort ou à raison, est souvent perçu comme une sanction ou une destitution. Imaginons un parlementaire, hypothèse d'école, qui, dans le prétoire, a menti sous serment et dont les avanies ont conduit les organismes décisionnels, après décision de justice, à "démettre" de son mandat cet élu véreux. S'il est désigné comme un ex-député cela risque de beaucoup moins choquer que s'il s'agit d'un élu qui, au terme de sa, ou de ses, mandature(s), n'est pas reconduit ; surtout s'il ne s'est pas représenté. Dans le même esprit si un élu véreux, avisé du vent probable d'une future et incontournable destitution, prend la précaution de se démettre, avant que le couperet ne tombe, mieux vaut, seulement par convenance, ne pas le qualifier d'ex.

 

Si l'on parle d'un ex-percepteur, consciemment ou inconsciemment, l'idée d'un cadre du trésor comptable de malversations peut poindre. Que penser d'un ex notaire, il peut s'être affranchi de ses obligations, ou d'un ex médecin qui, éventuellement, a eu de gros problèmes avec son Ordre ?

Pour beaucoup de fonctionnaires, notamment dans le corps enseignant, on utilise, prioritairement, le substantif d'honoraire. Avouez que la tournure  "X est proviseur honoraire" est beaucoup plus élégante qu'une taxant "l'ex proviseur de Louis le Grand". S'il est susceptible un fonctionnaire, même cultivé,  taxé d'ex, a de fortes probabilités d'être blessé dans sa dignité.

 

Dans quelques semaines nous risquons d'avoir trois anciens présidents de la République ; une situation inédite que le Trésor de notre République n'a encore jamais connue.  Si, maladroitement, vous usez d'un ex à l'endroit d'un de ces personnages, quelles que soient vos convictions intimes, aussi respectables qu'elles soient, vous ne passerez pas pour un discoureur raffiné.



16/02/2012
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