Fongauffier-sur-Nauze

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Il aurait, aujourd'hui, 78 ans.

 

Aujourd'hui, 24 novembre, mon frère Jean-Claude aurait eu 78 ans. Il nous quitta le 26 mai à 18h30.

Vous trouverez, ci-dessous, le texte de la ''biographie'' que Gilles, son neveu et filleul empêché, n'a pas pu lire. C'est  son frère cadet, Christophe, qui a rendu l'hommage familial lors de la cérémonie civile.

 

 

En priant les internautes, qui pourraient trouver déplacé cet article rétrospectif, de bien vouloir ne point tenir compte de cette intrusion.

 

 

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J-Claude Fabre dans les années 50 et en 2012.

 

Je vais essayer, pour Gilles, mon frère aîné, filleul de Jean-Claude, profondément affecté de ne pouvoir accompagner son parrain à sa dernière demeure,  pour tous les rameaux de la famille qu'ils soient coustalétois, renardiens ou autres, de rappeler le riche et généreux parcours  de mon oncle  Jean-Claude.

Quand, dans l'humble ferme du Coustalet, le 24 novembre 1937, il poussa son premier cri, notre famille se remettait bien difficilement de pénibles deuils. Dans le lignage des Renardeaux, ma grand-tante Andrina, jeune mère, avait perdu la vie en laissant mes deux grands-cousins dans une  situation bien précaire. La cicatrisation ne se faisait pas. Au Coustalet, mon arrière grand-père, veuf depuis plus de quatre ans, avec joie, vit venir l'union, certes tardive, de mes grands-parents paternels.

L'arrivée du premier né de ce foyer fut une reviviscence dans cette ferme qui était sur le point de s'approcher d'une extinction difficilement évitable. L'arrière grand-père, analphabète mais d'un grand cœur, apprécié par tous, retrouvait là la joie de voir que sa modeste ferme achetée par bien des privations et des sacrifices allait perdurer au-delà de sa rude vie  paysanne.

Pour mon grand-père paternel, que je n'ai point pu connaître, ce 24 novembre 1937, probablement plus encore que la germination d'idées nouvelles qui le séduisaient, était un des plus beaux jours de sa vie, peut-être le plus beau !

Le 25 novembre mon grand-père paternel prit le chemin de la foire de la Sainte Catherine qu'il ne ratait jamais et, moins encore cette année là, pour savourer le plaisir d'annoncer à ses amis qu'une nouvelle génération venait de poindre au Coustalet.

 

La scolarité de mon oncle fut aussi brève que bien menée et c'est en juin 1951 qu'il obtint son certificat d'études; sésame pour, à terme, prendre le relais paternel. Il compléta son instruction primaire de cours post-scolaires. La mutation sociétale, inexorablement, était en marche et les toutes petites exploitations devenaient de plus en plus menacées. Il résista quelques temps encore et, comme tant d'autres, dut effectuer ses servitudes militaires dans la période douloureuse qui marqua la scission de la France trans-méditérranéenne. Son ami de toujours, Kléber Ferret, pour ses camarades, lui a rendu hommage pour cette période. Elle l'a lourdement traumatisé sa vie durant avec, sur les derniers mois, des réminiscences des atrocités qui, par deux fois, ont bien risqué de lui ôter la vie. Le coussin de décorations, dont la médaille militaire, de cet ardent pacifiste atteste ce passé douloureux. La guerre, toujours absurde et dévastatrice, l'a laminé. Lui qui, sa vie durant, fustigea les honneurs, n'aurait jamais su se dérober pour le devoir de mémoire et quand il arborait ses décorations, ce n'était point pour lui mais surtout pour rendre un hommage à ses camarades qui ne sont point revenus.

De retour à la vie civile il s'interroge, sans bruit, sur son devenir. Il voit bien qu'il lui faudra chercher une autre voie.

 

 

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Jean-Claude à droite, Roger Viale, au centre, et Rino Chies à gauche. Tous les trois, aujourd'hui décédés, ont joué, en 1961 dans "On ne badine pas avec l'amour" de Musset  et, en 1962, dans ''La cerisaie'' de Tchékhov. 

 

En attendant il continue. Il est un fervent supporter des Sangliers de Belvès. Là il se défoule et use parfois d'un verbe stimulant, totalement inhabituel chez lui, pour affirmer son soutien ou ses attentes parfois déçues.  Il joue même au théâtre le rôle d'Épikodof dans "La cerisaie" de Tchékhov.

En 1964, le cœur serré, il postule pour un emploi à la S.N.C.F puis quitte son Coustalet pour rejoindre les ateliers, dépôts et postes d'entretien ferroviaires.

Profondément consciencieux, il progressera grâce à un important travail qui lui imposera de s'ouvrir sur des techniques modernes dont l'informatique.

Au début des années 70, il rencontre Denise avec qui il va composer son foyer et donne à Denis et à Anne-Marie tout ce qu'un père peut apporter.

 

Tout à l'heure, il va rejoindre ses parents dans le jardin du souvenir. Dans son égarement, imputable à la chafouine maladie qui l'emporta, lui qui les a tant aimés, il les a désespérément appelés tant de fois.

Mon frère et moi-même, respectueux de toutes les convictions empreintes d'humanisme et de tolérance, sans définir la moindre certitude, n'avons aucun dogme sur l'au-delà et, en paraphrasant Aragon, respectons celles et ceux qui croient au ciel comme celles et ceux qui n'y croient pas.  Pour celles et ceux qui, par humilité, se gardent d'être pétris d'affirmation péremptoire, la fascinante voûte céleste, coupole illimitée de l'infini, nous permet d'entrevoir notre insignifiance dans son superbe chapiteau totalement immesurable.

Selon Hubert Rives, un scientifique de renom qui a fait de nombreux travaux sur la vulgarisation de l'astronomie, nous avons en nous des particules d'étoiles car tous les noyaux d'atome qui nous constituent viennent d'étoiles mortes et disparues, il y a plusieurs milliards d'années. 

Par métaphore, ou exactitude scientifique, Don Delillo, universitaire américain aux racines bien latines, nous dit dans Cosmopolis "There are dead stars which still shine because their brightness is trapped of time".  « Il y a des étoiles mortes qui brillent encore parce que leur éclat est pris au piège du temps.

 



24/11/2015
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