Fongauffier-sur-Nauze

Fongauffier-sur-Nauze

La nuit du 30 avril au 1er mai.

 

Une sympathique tradition locale

s'est perdue. 

 

 L'omelette aux aillets.

 

Notre petite histoire et notre histoire tout court abondent de légendes et de faits sur les nuits. Citons la nuit d'assaut du Capitole vers - 390, nuit de Noël, la nuit tragique de la saint Barthélemy 23/24 août 1572, début du grand incendie de Londres, nuit du 2 septembre 1666, nuit du 4 au 5 août 1789, nuit de Varennes, 20/21 juin 1791, nuit de l'exécution du Duc d'Enghien, 21 mars 1804, nuit du Titanic, 14/15 avril 1912, nuit des Romanov, 16/17 juillet 1918 et la nuit des longs couteaux 9/10 novembre 1938. N'oublions pas, non plus le conte " Les Mille et une Nuits". Cette annale relate l'histoire d'un calife cruel, meurtri par les tromperies supposées de sa femme, qui épousa la belle Shéhérazade qui mit un terme à sa cruauté.

On trouve, de l'autre côté du Rhin,  La nuit de Walpurgis, nommée en l'honneur de Sainte Walburgze 710/779. C'est une fête de printemps qui a lieu dans la nuit du 30 avril au 1er mai. Cette fête est célébrée dans toute l'Europe depuis des temps reculés, malgré les interdits et les excommunications des Églises chrétiennes, elle a été identifiée au sabbat des sorcières. Elle est surtout le symbole de la fin de l'hiver, parfois associée à la plantation de l'arbre de mai ou à l'embrasement de grands feux.

 Faust et Goethe s'en sont inspirés dans leurs œuvres.


 

Le sabbat des sorcières. Photo L'Internaute.com 

 

Dans nos contrées les jeunes gens, très rarement accompagnés de jeunes filles, dûment chapitrées par leurs parents et, autant que faire se peut, chaperonnées par un grand frère ou, à la rigueur, un cousin, la nuit du 30 avril au 1er mai faisaient le tour de leur voisinage pour une collecte d'oeufs. Après cette tournée nocturne ils faisaient la fête autour de crêpes et d'une belle omelette aux aillets. Parfois cette fête était légèrement différée au lendemain soir.

 

 

 

Avant de préparer l'omelette les jeunes gens "laissaient" aux dames le soin de préparer les aillets.

 

Cette tradition locale s'inscrivait dans les annales des bassins de vie entre Dordogne et Lot mais ne franchissait la rive droite de la Dordogne que bien timidement. Elle est, semble-t-il, ignorée dans le secteur du Bugue et ne dépassait pas la vallée de la Couze. Nos voisins du Val de Lémance connaissaient les mêmes traditions comme le raconte fort bien un autodidacte à la recherche des traditions, Jean-Claude Despont

 

Cette bien sympathique tradition, de la ruralité profonde, on ne la trouvait pas dans nos petites villes, s'est perdue parce que celle-ci, qui avait la forme d'un charivari nocturne, dans l'allégresse juvénile, s'effectuait à pied. Dès lors que les jeunes ont commencé à effectuer cette tournée avec des véhicules motorisés l'ambiance n'y était plus.

 

Dommage.

 

 

P.F  



 

 

 

 

 

Regard chez nos voisins

du Val de Lémance

 Les oeufs du 1er mai.

 

 

par Jean-Claude Despont.

 

J-Cl Despont. 

 

 


 

Le village de Blanquefort-sur-Briolance. Photo Vincent Tournaire.

 

 

Traditionnellement, et jusqu'à la fin des années 80, dans la nuit du 30 avril au 1er mai, les jeunes allaient "chercher les oeufs".

Les jeunes du village et des alentours se regroupaient à la tombée de la nuit. Il fallait s'équiper de tout ce qui pouvait faire du bruit: tambour, pétards, sifflets...

Le jeu consistait à aller frapper aux portes des maisons, à faire du bruit sous le fenêtres, en criant "c'est les oeufs". Il fallait se faire offir des oeufs, que l'on collectait dans un grand panier, et aussi, accessoirement, un ou plusieurs coups à boire. On ne refusait ni les oeufs ni le coup à boire. 

La collecte se faisait dans le village, puis la troupe s'engageait sur les chemins, la nuit, pour battre la campagne. La distance ne faisait pas peur. On évitait les fermes où on risquait d'être mal reçus, les maisons où quelqu'un était malade. La traque des oeufs durait une bonne partie de la nuit. Ca faisait un sacré charivari quand, arrivant dans la cour des fermes, nos cris se mêlaient aux aboiements des chiens et aux bruits que nous faisions avec nos ustensiles. 

Je n'ai pas le souvenir de maisons où nous aurions été mal reçus. Au contraire, même en pleine nuit, les gens (forcément réveillés), se levaient, nous offraient un coup de rouge ou de gnole, des gâteaux, et bien sûr les oeufs.

Il arrivait que l'on tombe sur une bande rivale (de la même commune, généralement), et alors c'était une bagarre à coup d'oeufs. Souvent il n'en restait pas beaucoup après la bagarre, et alors il fallait reprendre notre quête.

Ensuite, avec les oeufs récoltés, il fallait trouver une maison qui veuille bien nous faire l'omelette. De préférence une maison avec des filles, mais je me souviens que souvent, faute de filles...nous prenions ce que nous trouvions. 

Après l'omelette, souvent, la nuit se terminait dans une grange, une cabane en bord de route ou dans les bois.

Le retour à la maison était douloureux après une pareille nuit mais qu'importe...on avait bien rigolé !!! 

Auteur : Jean-Claude Despont.
Source : Mémoire collective village.





30/04/2013
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