Fongauffier-sur-Nauze

Fongauffier-sur-Nauze

Le hameau de Rouchy.

 

 

Nous savons tous que nos lieudits sont des pans de notre petite histoire et, pour écrire la grande histoire, il faut, nécessairement, s'appuyer sur le maillage de la petite histoire. On a, parfois, du mal à trouver la rupture entre la petite et la grande histoire. Les grands hommes politiques ont composé la grande histoire. Ils n'ont pas fait "que" de grandes choses. Nos valeureux paysans du terroir, eux, ont tissé la toute petite histoire. Qu'il soit permis de préférer les seconds aux premiers.

 

 

 

Une courte parenthèse meunière. Le hameau de Rouchy, dont les habitations campent sur la côte 100, comme les Pets Chaunat, domine le Val de Nauze et le village de Fongauffier. Ceinturé par les lieudits de Pet Chaunat, La Robertie, Talissat et La Banne ce petit hameau, bien en prise de la puissance d'Éole, comptait encore au XIXème siècle un moulin à vent. Cet ouvrage a été déstabilisé par une violente tempête et n'a pas été reconstruit.

 

 

Cette demeure, photographiée depuis les hauteurs du Bloy, fut, jadis, le logis du meunier qui érigea un moulin à vent.

 

Les moulins, au cours des siècles précédents, avaient une importance capitale. Pour se prémunir des insuffisances des moulins hydrauliques les meuniers avaient souvent, en propre, ou en partenariat, deux moulins un mu par les ondes et l'autre par le vent. Le concepteur du moulin à vent de Rouchy, un pacifiste qui ne voulut pas participer aux guerres de son temps, s'inspira de la méthodologie néerlandaise. Le moulin à vent de Rouchy, a priori, n'était pas lié à celui de Fongauffier qui, lui, appartenait, jusqu'à la grande Révolution aux abbesses. On notera que ces ouvrages ne consommaient que de l'énergie renouvelable et gratuite. Nos ancêtres, qui ne connaissaient pas le moteur à explosion, nous ont donc légué de magnifiques traités d'écologie que nos descendants, par volonté ou par nécessité, seront, probablement, obligés de relire.

 

La parenthèse onomastique. Rouchy et Rouchi, patronymes presque rares, concerneraient, d'après une première expertise de Jean Rigouste, un dérivé de l'occitan  roge  "rouge", surnom, pris ici au sens de "qui a les cheveux roux", chose assez rare dans nos régions, "blond" se dirait plutôt  "rossèl", bien représenté, lui aussi, dans quelques noms de famille.
Rouchy, en graphie occitane, rochin, signifierait donc "le petit rouquin", ou, plus probablement, "le petit Roux, le fils de Roux".

Le dictionnaire rouchi-français, de Gabriel Antoine Joseph Hécart et Joseph Ransart identifie Rouchi au "patois" picard et précise qu'il ne faut pas l'assimiler au dialecte wallon qui se parlait dans  le Hainaut français et belge.

 

Le "carrefour" de Rouchy. Rouchy jusqu'à ce que soit tracée la R.D n° 53, dite route de Sarlat, c'est à dire vers 1880, qui, lors de sa création, n'était encore qu'un chemin vicinal, était un nœud de chemins ruraux très fréquentés. À 150 mètres de l'école, à gauche, sur la côte des Pets Chaunat, on trouvait un croisement qui répartissait les itinéraires vers La Banne, le Bos Rouge, Écoute-s'Il-Pleut et Carvès. Le chemin rural du Bos rouge, dont un court segment est aujourd'hui recouvert par la végétation, que certaines minutes notariales définissaient chemin de Veyrines, était très fréquenté. C'était l'itinéraire court de Monpazier à Sarlat et les paysans de l'Est du canton, surtout de St Germain, et des villages du canton de Domme, qui se rendaient aux foires et marchés de Belvès, l'empruntaient.

 

 

La côte des Pets Chaunat, un lieu de "tendresse" pour les cyclistes, rencontre le chemin rural obturé, du Bos rouge.

 

La fontaine de Rouchy. Notons que le hameau de Rouchy a sa propre fontaine. Elle est la récupération d'une toute petite source qui capte les eaux collinaires. Les résidents de Rouchy s'y approvisionnaient en eau, pour leurs besoins domestiques jusqu'au début des années 50. Cette pratique fut abandonnée par suspicion d'une pollution venant du cimetière. Celui-ci, relativement récent, remonte à l'époque du Second Empire ; quand les villages écartaient les nécropoles de l'enceinte des églises. Les propriétaires de petites parcelles de vigne, autrefois, venaient, avec leurs charrettes et leurs ânes, prélever l'eau qui leur était nécessaire pour délayer le sulfate de cuivre.

 

 

 

 

Une fontaine presque obsolète qui attend sa réhabilitation.

 

Un gisement abandonné.  On notera que Rouchy était un lieu de sablière. La terre et le sable, qui ont servis pour ériger, entre 1857 et 1862, le viaduc dit de Fongauffier,  c'est-à-dire le superbe viaduc de 125 mètres du Bas de la Côte du Terriol, venaient de Rouchy. Les stigmates de l'excavation, atténués par l'érosion, paraissent toujours aujourd'hui. 

 

  

 

De nombreuses charrettes de terre et de sable sont parties de là pour la maçonnerie du viaduc.

 

 

Texte et photos Pierre Fabre.

 



20/08/2011
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