Fongauffier-sur-Nauze

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Patrimoine. Échec et mat... pas tout à fait.

 

En toute dernière minute l'actualité transalpine m'a conduit à ajouter patrimoine au titre du jour. D'aucuns auraient pu penser à l'inquiétant sujet qui interpelle nos voisins et l'Europe en général.

P.F

 

Les adversaires de la conservation du patrimoine, notamment des chemins ruraux, peuvent-ils savourer le revers de la première réunion d'information de l'Association de sauvegarde des chemins ruraux et du patrimoine obsolète ; ce serait, tout de même, aller un petit peu vite en besogne !

 

 

Tous les ingrédients de l'insuccès étaient, ce soir là, réunis.

 

Primo la réunion était initialement prévue une semaine plus tôt et il n'est jamais bon de jouer avec le calendrier.

 

Secundo, ce vendredi soir, plusieurs personnes qui souhaitaient venir ne l'ont pas fait car les vacances d'hiver les amenaient à aller vers leurs familles éloignées.

 

Tertio il y avait dans le voisinage deux réunions importantes. L'une concernait la thématique des frelons asiatiquessujet hautement préoccupant pour l'écologie, et l'autre les musées. On sait que l'association des musées s'investit dans le domaine patrimonial et compte de nombreuses personnes qui se passionnent, naturellement, pour la conservation des biens collectifs. Par ailleurs elle travaille pour le cent cinquantenaire du chemin de fer.

 

 

Quarto, ce vendredi 22 février, il faisait bien froid et la température n'était pas du tout engageante.

 

 

Un chemin rural typique. En ces lieux il y eut, il y a bien longtemps, des rencontres patibulaires ; d'où le toponyme du Bos rouge. Aujourd'hui c'est un lieu idéal pour la marche et la découverte de la nature. Ce chemin fut impraticable pendant quelques décennies.


L'association salue néanmoins les trois maires qui ont fait l'effort de venir, d'apporter leurs idées et de souligner leurs difficultés pour conserver ces legs ancestraux que d'aucuns s'attellent, sans vergogne, à des fins égoïstes, de réduire avec des arguties fallacieuses qui sacrifient l'intérêt généralCe dernier, bien entendu, ne peut pas être l'addition des intérêts particuliers.

 

Pour Claude Sarrut, maire de Grives, la tâche est délicate car il entend, comme tous les autres, le poncif "personne n'y passe". Ce stéréotype est, naturellement, ridicule et absurde, puissance X, car comment peut-on emprunter un chemin qui est impraticable. 

 

 

Claude Sarrut

 

 

Il souligne qu'il est opposé aux redditions du patrimoine communal et qu'il recherche, autant que faire se peut, des solutions à l'amiable ; changements d'assiette ou compromis provisoire pour éviter l'empêchement d'évolutions piétonnes.

Opposé aux redditions du patrimoine communal il désapprouve, aussi, les réductions irrégulières de largeur des chemins. 

Claude a longuement évoqué –et sa riche expérience dans le domaine des assurances, complétée de ses conférences juridiques, fait qu'il sait de quoi il parle- la complexité dans le domaine des responsabilités.

 

Claude appelé, parfois, comme commissaire enquêteur rappela la subtilité de cette mission où le commissaire ne peut, après avoir reçu les avis favorables et défavorables, qu'émettre un avis. Pour sa part il conçoit l'aliénation dans le cas de chemin en impasse qui ne dessert qu'un seul propriétaire.

 

En transition une discussion est venue sur les obstructions inadmissibles, au moyen de clôtures électriques, ponctuées de passages avec des poignées amovibles. Cette méthode est franchement à proscrire car elle demeure une entrave certaine ; tout le monde n'ose pas les franchir et surtout parce qu'elles posent des problèmes sécuritaires. Un paisible animal dans une pâture  peut, à tout moment, charger un promeneur voire terroriser des enfants.

Passer sur un chemin rural n'est pas une faveur accordée, ponctuellement, par les riverains mais un droit permanent pour tout un chacun. 

 

 

 

Jean-Pierre Passerieux, maire de St Germain-de-Belvès, est longuement intervenu sur les difficultés de l'exécutif municipal de faire face aux assauts des "puissants" qui s'attaquent à l'essence du réseau des chemins ruraux. Lui aussi sait de quoi il parle car il a du, pour sa commune, se pourvoir en justice pour défendre l'accès d'un point patrimonial capital. Il se réjouit, certes, pour son entité, d'avoir gagné mais il dit, avec justesse, que ce n'était pas joué d'avance.

 

J-Pierre, dont le réseau des chemins ruraux a été largement mutilé par ses prédécesseurs, conserve, néanmoins, quelques chemins qui l'interpellent. 

 J-Pierre Passerieux

Il estime que la responsabilité de la commune, en cas de chute d'un arbre sur un chemin rural non emprunté, le chagrine. 

Pour conclure il pense que l'on doit d'abord s'atteler à l'entretien des chemins empruntés et, ensuite, si on le peut, dans un deuxième temps, entrevoir quelques renaissances. Pour J-Pierre poursuivre le démantèlement c'est non mais vouloir tout conserver, contre vents et marées, mérite réflexion.

 

Autre transition les parcelles enclavées et les chemins de servitude. Ces problèmes, aussi anciens que le droit de propriété, n'ont comme régulateur que le Code rural. Il apparaît évident que la sauvegarde des chemins ruraux ne peut, à elle seule, résoudre ces sujétions car de très nombreuses parcelles sont bel et bien enclavées et n'ont jamais eu de chemin rural d'accès. Les aliénations ne peuvent que concourir à l'isolement renforcé des enclaves.

 

 

 

 

 Jean-Bernard Lalue, maire de Monplaisant, venu es qualité de plus proche voisin, connaît lui aussi l'énorme difficulté qu'il y a pour sauvegarder le patrimoine. J-Bernard a mis la main à la pâte pour redonner vie à des sections de chemin envahies par la végétation. Il a pris les mesures de sauvegarde pour interpeller un propriétaire étranger dont le patrimoine privatif verrouille, par un portail, un chemin depuis plusieurs années.  

 

 

J-Bernard a surtout mis en avant la difficulté que la commune rencontre pour reconnaître l'assiette d'un chemin non fréquenté depuis des lustres. Les frais de géométrie sont importants et il faut savoir mesurer les dépenses.

 

 J-Bernard Lalue.

 

 

Joël Eymet

Joël Eymet, premier maire-adjoint de Sagelat, qui, en son temps s'est largement impliqué pour la renaissance d'un chemin,  es qualité d'hôte, n'a pratiquement pas pris la parole si ce n'est pour souligner que de nombreux chemins ruraux d'une commune voisine sont impraticables et pointa une entrave dommageable notamment pour les cavaliers.

 

Si l'association s'autorisait une sortie d'humilité on pourrait dire que cette réunion avait des contours de retour d'expérience.

 

Pour conclure cette soirée ne fut pas un succès, de loin s'en faut. Toutefois elle permit un échange citoyen. Si l'association peut, parfois, ne pas être d'accord avec les élus, notamment parce que son devoir est de militer pour se prémunir des risques pour l'avenir, il faut, au moins, impérativement, maintenir les chemins qui sont connectés entre eux ; même s'ils sont, pour une durée indéterminée, dans les ronces.

 

Rappelons que le réseau des chemins ruraux constitue le plus grand musée naturel de l'Hexagone et qu'il est pédagogique pour les générations futures. Il est parfaitement gratuit pour les promeneurs. Par ailleurs c'est celui qui offre des conditions de quiétude pour les randonneurs.

 

Cette réunion n'a bien entendu pas atteint l'objectif quantitatif, le qualitatif cependant y était, mais en s'appuyant sur la devise de la Maison d'Orange "Il n'est pas besoin d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer"  d'autres rencontres seront envisagées dans le secteur et, là, espérons que les amis de la nature, les marcheurs, les cavaliers, les cyclotouristes et les randonneurs se manifesteront pour défendre le réseau bien menacé.

 

 

 

Le chemin rural de Pêtre. Un lien bucolique qui permet de relier Écoute-s'Il-pleut à St Germain sans être dérangé par la circulation routière. Il autorise de superbes vues sur  les vallons et sur Belvès.

 

 

 

 

Texte et photos Pierre Fabre. 





26/02/2013
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