Fongauffier-sur-Nauze

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La transhumance en Périgord Noir.

Aujourd'hui le blog s'échappe du Val de Nauze pour revenir sur une animation, du 20 août, et parcourir les quelques kilomètres du Ruisseau des Valettes, modeste affluent de la Lousse, elle-même soumise au Céou.

 

 

St POMPON - CAMPAGNAC-les-QUERCY

 

Dans les années 50, les élèves du primaire de notre secteur, parfois, entendaient dire que le Massif Central commençait à Saint Pompon. Pourquoi St Pompon ? Ce "raccourci" pourrait s'expliquer par la typologie géologique des collines. Les hauteurs de St Pompon présentent l'aspect du causse et le modeste Ruisseau des Valettes sépare le Ségalat, terre du seigle, sur son flanc ouest, des causses, terres très pauvres, assises sur un support calcaire, humbles pâtures des ovins, sur son flanc oriental.

Il s'agit néanmoins d'un raccourci. Le plissement hercynien, qui dresse le décor du Massif Central, se perd dans tous les reliefs qui surgissent du Rhône à l'océan et de la Loire la Garonne.

 

 


 

 

La transhumance, méthodologie pastorale, concerne, essentiellement, les cheptels mouvant des zones de montagne vers les vallées.

Notre Périgord, terre collinaire, certes, se situe -et se situait- en dehors de ces grands mouvements pastoraux. Nos paysans, dont les propriétés sont fort morcelées, ont, néanmoins, toujours su utiliser leurs pacages en veillant à l'engrangement de leurs fenaisons et à affecter, autant que faire se peut, au cœur de l'été, les pâtures les plus fraîches à leurs cheptels. 

 

 

    

La transhumance, du latin trans (de l'autre côté) et humus (la terre, le pays), est la migration périodique d'une part du bétail (bovidés, cervidés, équidés et ovins) de la plaine vers la montagne ou de la montagne vers la plaine, d'autre part des abeilles d'une région florale à une autre, et ce en fonction des conditions climatiques et donc de la saison.

 

Ces images pastorales relèvent, certes, des stéréotypes. Les plumes, volontiers champêtres de Daudet* et de Giono**, les ont immortalisées. François Villiers dans son film "L'eau vive", de 1958, nous en donne des images magnifiques avec le berger Simon, Charles Blavette, l'oncle chéri de l'héroïne Hortense, Pascale Audret, éprise de liberté comme l'onde frétillante de la Durance. Cette eau vive, comme l'insoumise Hortense, glissera toujours entre les doigts pour trouver, finalement, l'apaisement et l’accalmie dans ces vallées bucoliques où évoluent les troupeaux. Toutes ces mobilités accompagnées de la douce musique de Guy Béart ne sont pas prêtes d'être oubliées ; notamment par les plus anciens.

 

Samedi 20 août le retour de la migration pastorale, de 280 moutons, de St Pompon à Campagnac, piloté par  Patrick Aussel, Adrien Vaysset et Thierry Depech après un séjour saint-pomponnais a été suivi par une centaine de personnes. Les transhumants ont empruntés la R.D n° 51 qui épouse le creuset du Ruisseau des Valettes aujourd'hui interpellé, comme tant d'autres cours d'eau, par une douloureuse intermittence.

À l'arrivée au stade de Campagnac les spectateurs et le cheptel recherchaient autant l'ombre rafraîchissante que la désaltération.

 

Daniel Maury, le maire de Campagnac, accueillait son collègue Thomas Michel, maire de St Pompon, et plusieurs intervenants de la vie publique dont Jean-Pierre Raynaud président de la Chambre d'agriculture, Gérard Teillac, Comité Régional du Développement Agricole (CRDA), un membre du conseil d'administration de la Fédération de Chasse de la Dordogne, Bernadette Boivert, Jean-Marie Laval, Germinal Peiro, député, Claudine Le Barbier, Conseillère régionale et générale, Michel Lajugie, Conseiller général de Salignac, président de la Commission agricole au Conseil général, Martine Amiguet Conseillère générale suppléante de Villefranche-du-Prg.

 

Thierry Delpech a défendu, avec fougue, cet affairement : "Certains voient dans cette démarche une animation folklorique, d'autres des débroussailleuses ambulantes sur pattes. Pour nous éleveurs, c'est un bon complément alimentaire". Les anciens peuvent témoigner. Les brebis pâturaient dans les bois où ces animaux rustiques éliminent les pires broussailles et font reculer le risque d'incendie. Elles protègent la forêt.

 

 


 

 

 

 * Daudet ouvre ses "Lettres de mon moulin" avec l'historiette "Installation". Dans ce récit les transhumants rentrent au mas.

L'oeuvre de Daudet, notamment ses "Lettres de mon moulin", a suscité des polémiques. Pour certaines de ses historiettes, taxées, par la critique, de plagias, le romancier aurait oublié de citer ses sources.

Alphonse Daudet.

 

 

 

Jean Giono.

 ** Giono, plume inoubliable, d'un lyrisme saisissant, place, en 1935, "Que ma joie demeure" dans son œuvre, une allusion directe à la cantate de Bach. Il idéalise la nature de la Haute Provence au cœur de ses romans. Giono, traumatisé par la guerre de 14, "Le grand troupeau", assurément, était un humaniste hors du commun, un pacifiste convaincu et un éclaireur de l'écologie ; "Regain", "L'homme qui plantait des arbres" et "L'eau vive".  

 

 

Il a su faire aimer les troupeaux, les bergers et ses montagnes où la lavande parfume les grands espaces.

 

Giono, qui haïssait l'Allemagne nazie, a été, bien injustement, inquiété à la Libération pendant que de sinistre(s) collaborateur(s), emboîtant, très tardivement, le pas dans la Résistance,  préparai(en)t le recyclage voire atteignai(en)t, sans problème, le Palais Bourbon et plus tard…

 

Texte Pierre Fabre.

 

Photo Daniel Conchou.



27/08/2011
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