Fongauffier-sur-Nauze

Fongauffier-sur-Nauze

Un petit cabaret de l'histoire.

 

 MONPLAISANT

 

 

La République espagnole une démocratie assassinée.

 

Vendredi 11 mai, à l'initiative d'Entrée des artistes, François Saez, fils de républicain espagnol, est venu animer une soirée sur l'Espagne et, plus particulièrement sur la période douloureuse qui fit choir sa Deuxième République. On notera que le conférencier, ami de Robert Bellinck, habite une cité proche de Montluçon.

 

 

François Saez, à droite, accueilli par Robert Bellinck.

 

L'histoire de la péninsule, parfois envahie, souvent conquérante, s'avère fort agitée et complexe. Le conférencier n'est pas entré dans les diverses strates, bien tumultueux épisodes, qui ont marqué ce pays depuis l'antiquité. Il a concentré son exposé sur la période qui s'est située en aval du 14 avril 1931, proclamation de la Deuxième République. Elle remplaça la monarchie avec le départ, sans abdication, d'Alphonse XIII, personnage sans grande ambition peu enclin à voir le sang couler.

Faut-il rappeler que cette monarchie et ses adeptes avaient deux supports majeurs ; l'armée et le clergé. Dans l'imagerie populaire on a longtemps appelé, avec une forte pointe d'ironie caustique, "le sabre et le goupillon". La République vacilla en 1934 pour être assassinée, comme notre Première République, le 18 Brumaire, par un général félon.

La République sépara -et c'est tout à fait en son honneur- l'Église de l'État. Pie XI qui était -semble-t-il- plus ouvert que son sinistre successeur accepta le principe de la République.

Les décennies franquistes se passent de commentaires par leur atrocité et leur intolérance.

Le conférencier rappela que le travail était souvent diligenté par les prêtres qui disposaient du pouvoir, en écartant celui-ci ou celle là, d'affamer les plus humbles. N'oublions pas que certains prêtres avaient une conception plus humaniste et il serait injuste de ne point le souligner. 

Après avoir gagné le 28 novembre 1931, le 19 novembre 1933 fut un revers sérieux pour les républicains. Ils durent attendre le 16 février 1936 pour instaurer un front populaire allant jusqu'aux communistes et même aux anarchistes.

 

L'histoire continue Franco, aidé par la mouvance fasciste européenne, réussit dans un bain de sang à détruire cette jeune République.

Les mesures coercitives des fascistes furent épouvantables et le conférencier cita "la promenade". C'était l'itinéraire atroce de conduite vers des charniers.

 

Franco, allié naturel de ses confrères dictateurs, est selon le conférencier le déclencheur des prémices de la Deuxième Guerre mondiale.

 

 

La retirade. Les épisodes plus que dramatiques de ces milliers de malheureux, sans abri, rassemblés dans des camps indignes comme sur la Côte vermeille se passent de commentaires. Ces va- nu-pieds vont à la recherche de travail et de subsistances. La Retirade mot espagnol voulant dire retraite concerne cet exode massif, plus de 400 000 personnes "accueillies" dans d'affreuses concentrations sans hygiène ni toit. Si le nom d'Argelès, pour nous, évoque aujourd'hui une agréable cité méditerranéenne ce fut un enfer pour des milliers d'exilés. François Suez a précisé que des mères désespérées n'ont pas hésité à noyer leur bébé pour mettre un terme à tant de souffrances.

 

 

Les Espagnols entrent en Résistance. Beaucoup de républicains espagnols ont rejoint, naturellement, la Résistance. Le Canadier, dont le mémorial, apparut à l'écran en porte témoignage mais, plus localement encore, Vaurez, sur le sol monplaisanais, donne aussi l'image de sacrifices d'Espagnols en 1944.

 

François Saez a également évoqué Mauthausen et son épouvantable escalier.

 

Quelque 7 300 Républicains espagnols ont été immatriculés à Mauthausen entre le mois d'août 1940 et le printemps 1945. Ils n'étaient plus que 2 200 au 5 mai 1945, jour de la libération par l'armée américaine. La majorité de ces déportés avaient entre 20 et 35 ans. Avec 70% de Républicains espagnols assassinés en 4 ans et 8 mois, les bourreaux nazis ont bien poursuivi l'entreprise d'anéantissement de la République espagnole menée par le putschiste Franco. Nombre de Républicains réfugiés en France en janvier et février 1939 qui étaient encore regroupés dans les camps français lors de la déclaration de guerre de 1939 s'engagèrent dans des compagnies de travailleurs (70 000) et dans la Légion étrangère (15 000). Lors de la débâcle militaire de juin 1940, un certain nombre d'entre eux furent faits prisonniers par les Allemands et internés dans les mêmes camps en Allemagne (Stalags) que les prisonniers de guerre français. C'est là que les SS les recherchèrent et les déportèrent dans des camps de concentration. Ils furent un peu plus de 9 000, dont 7 300 aboutirent directement à Mauthausen. C'était un camp de concentration nazi de catégorie 3, c'est-à-dire réservé aux opposants dits "irrécupérables", donc destinés à mourir dans le camp, où leurs corps devaient être brûlés dans les crématoires. Les autorités de Vichy ne se sont pas opposées à ce traitement contraire aux lois de la guerre. Les intéressés avaient pourtant signé un engagement dans l'armée française ou ses unités auxiliaires. L'entrée dans les camps du Reich de Républicains espagnols conduisit les nazis à créer une nouvelle catégorie d'internés : les "Rotspanier" ou Espagnols rouges, identifiés par un triangle bleu portant la lettre S sur leur tenue de déporté. Cette appellation se voulait péjorative, mais constituait aussi un élément de propagande pour les nazis qui voulaient faire croire que leur guerre était une lutte exclusive contre les bolcheviks. En réalité, une minorité des déportés espagnols à Mauthausen avaient été membres du Parti communiste espagnol. Le village de Mauthausen est situé en Autriche sur les bords du Danube, à environ 150 Km à l'ouest de Vienne. [Source Mémoire de nos pères http://hijosdelaretirada.blogspot.fr/2010/05/les-republicains-espagnols-dans-le-camp.html]  

 

 

Des témoignages saisissants. Trois personnes ont pris la parole pour situer la dureté des temps. José Flores, un ancien hôte des ruines abbatiales d'un village des bords du Cher, proche de St Amand-de-Montrond, souligna qu'il n'y avait aucune hygiène dans ce site et que les plus hardis allaient pour la toilette dans la rivière. José, néanmoins, a eu ce geste de reconnaissance pour des ressources inconnues. Il mangeait à peu près à sa faim. Marie, fille de républicain espagnol et d'une mère tchèque figure la jonction transverse de peuples déchirés par l'histoire. Cette conférence a permis à José de rencontre après une césure de 70 ans, Antonio Rivas.

 

 

En médailon Antonio à gauche et José à droite se sont retrouvés 70 ans après la Retirada.

 

 

Une petite dissertation sur la liberté. Antonio avec chagrin dit combien il regrette que notre belle devise républicaine n'ait pas mis plus de relief sur l'égalité, valeur indispensable pour l'épanouissement de tout un chacun. Il estime que la liberté ne porte pas "que" des points positifs et il s'en expliqua.

 

 

 Marie espagnole par son père et tchèque par sa mère.

 

  

 

 

 

 

 

 

François Muñoz

 Les républicains espagnols au travail. Courageux par nécessité et par tempérament les républicains espagnols s'activent à trouver du travail. Ils prennent ce qu'ils trouvent, souvent des emplois rudes, voire dangereux. On en trouve dans les mines de Merle, pépinière de la Résistance, et là aussi ils ont laissé des traces. Le préfet parfait "pétainiste" de l'époque admet que ce sont des garçons travailleurs. François Muñoz, de l'A.R.O.E.V.E.N, fils de l'un d'entre eux, a pris la parole pour revenir sur cet épisode. 

 

 

Texte et photos Pierre Fabre.



14/05/2012
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