La crue automnale rageuse du Céou
VALLÉE DU CÉOU
Suivons le cours périgordin du Céou.
Cette jolie rivière entre en Périgord après avoir quitté les communes quercynoise de Léobard et de Salviac. Son premier contact avec notre Périgord se fait en face de Jardel-Bas. Les collines qui dominent son creuset portent les agrestes toponymes sylvestres de Bois de la Fontaine, bois florimontois, ou le Grand-Bois de St Aubin-de-Nabirat.
Saint Aubin-de-Nabirat, bien modeste entité a tenté en 1973 un assemblage avec sa grande voisine St Martial-de-Nabirat. Le désir de retrouver sa souveraineté l'emporta 11 ans plus tard en 1984. Le tout petit village de St Aubin s'est implanté sur les hauteurs du Céou bien à l'abri de ses emportements. Saint Aubin serait une mutation lexicographique de sanctus Albinus.
Sur l'autre rive Florimont-Gaumier, ô quel joli toponyme composé, viendrait probablement de mont de Florinus, patronyme gallo-romain de personne. Une autre éventualité est avancée qui serait Waldomar, autre patronyme lui d'origine germanique. Les poètes pourraient se le réapproprier avec un mont de fleurs, mais là ce serait une licence d'onomastique.
On notera que la crue centenaire du Céou, de septembre 1960, à Gaumier se concrétisa avec l'emportement du pont.
Si la commune de Saint Martial-de-Nabirat borde le Céou son pivot en est un peu éloigné. Ce saint, très populaire en Limousin, a servi à la genèse de bien des toponymes. C'est, aussi, une évolution de sanctus Martialis vers saint Martial.
Le Céou s'invite franchement dans Bouzic, le Bosic occitan, équivalent masculin de petite friche, jachère. Ce village qui sait affirmer sa volonté de vivre doit composer avec le Céou, sa joliesse, certainement, qui lui donne tout son charme mais aussi avec ses impétuosités imprévisibles, irrésistibles et insurmontables.
À peine flâneur dans ses méandres imposés par le socle hercynien le Céou se présente à Daglan. Là dans ce superbe village, qui fut chef lieu de canton après la Grande Révolution, la rivière comme à Gaumier, en 1960, a démontré sa force en emportant le pont du village.
L'étymologie de Daglan serait gauloise et dagolann voudrait dire la bonne plaine ou la bonne rive. Manifestement cette terminologie serait plutôt adéquate mais ne place pas Daglan à l'abri des crues.
Avant son dernier élan le Céou arrose Saint Cybranet. Ce toponyme, diminutif de Saint Cyprien, le Petit Sent Cibran, est unique. Si aujourd'hui on trouve encore quelques prénoms de Cyprien n'en cherchez pas pour Cybranet qui comme Mondane, Alvère, Cirq ou Chamassy ont chu dans le grand livre de l'oubli.
Pour atteindre sa confluence le Céou hésite à Castelnaud et joue une ultime prolongation. Castelnaud-la-Chapelle tire son toponyme de castèl nòu, château neuf, et de capèla, chapelle. En s'étendant à La Chapelle-Péchaud la commune changea de toponyme balayant, à regret, Fayrac.
Fayrac, viendrait tout naturellement de faye, patronyme répandu dans la région du massif central et du midi, forme féminine de fay, issu du latin fagea hêtre, avec le sens de hêtraie, lieu plante de hêtres, nom de domaine devenu patronyme.
Castelnaud est une particularité lexicographique. Un peu partout on trouve des Castelnau mais notre Castelnaud, avec son d final, est singulier. Il s'est dit que lorsque le château de Castelnaud fut achevé et que son maître d'œuvre lui chercha un toponyme. Un de ses féaux lui suggéra de le nommer Castelnaud parce que ce château était haut, naud voulant, en occitan, désigner la hauteur.
Pierre Fabre
Cliquez sur les images
Exactement une semaine, jour pour jour, après notre balade en SUP sur le Céou en compagnie de mon ami François de SUP Périgord et comme je l’avais laissé entendre en introduction de mon dernier reportage, à savoir que le débit de ce petit cours d’eau pouvait se montrer des plus capricieux sur une année courante, et bien c’est exactement ce qui est arrivé le vendredi 13 décembre dernier.
En effet, cette petite rivière s’est brutalement fait remarquer en débordant fortement de son lit naturel, envahissant les champs, prés et bosquets environnants.
"La rivière est montée à vue d’œil " dixit un témoin rencontré à Bouzic.
Profitant d’une belle journée ensoleillée (c’est mieux pour un photographe), je suis retourné cette fois en voiture pour aller me rendre compte visuellement de ces débordements sur la topographie du terrain.
Suivez-moi une nouvelle fois dans la vallée du Céou pour un reportage haletant et pour le moins aventureux réalisé sur les communes situées entre Bouzic et Castelnaud-la-Chapelle.
Bruno Marty
Plan du parcours du Céou dans le département de la Dordogne
Réalisation Bruno Marty
En haut et en bas :
Le Céou qui déborde en aval du pont de Saint-Cybranet.
Photos © Bruno Marty
Le Céou en crue à Saint-Cybranet
Photo © Bruno Marty
En haut :
Le Céou au pont de Saint-Cybranet en temps normal
Photo © Bruno Marty
En bas :
Le Céou au pont de Saint-Cybranet pendant la crue
Photo © Bruno Marty
Le Céou en amont du pont du Cuzoul. Le courant est ici très fort provoquant des remous et des tourbillons impressionnants.
Photo © Bruno Marty
En haut :
Le Céou vu du pont du Cuzoul en temps normal.
Photo © Bruno Marty
En bas :
Le Céou vu du pont du Cuzoul pendant la crue.
Photo © Bruno Marty
Vue sur le Céou en crue entre Daglan et Saint-Cybranet.
Au centre on distingue le cours normal de la rivière avec de chaque côté et en parallèle deux bras qui se sont formés en amont …
Photo © Bruno Marty
… et qui se frayent ici un chemin dans les prés en pleine campagne.
Photo © Bruno Marty
En haut :
La route qui mène à la départementale D57 est coupée …
Photo © Bruno Marty
En bas :
… ainsi que la piste cyclable.
Photo © Bruno Marty
Sortie récréative pour ce chien qui court et patauge avec enthousiasme dans l’eau.
Photo © Bruno Marty
En haut :
Les champs d’arbres fruitiers sont carrément inondés …
Photo © Bruno Marty
En bas :
… ainsi que les bosquets situés aux environs du cours d’eau.
Photo © Bruno Marty
Daglan. L’esplanade de la Digue située en bord de rivière est complètement envahie par les eaux.
Photo © Bruno Marty
En haut :
Daglan. Devant le moulin de Concazal, le Céou est en furie à la cascade de la Digue.
Photo © Bruno Marty
En bas :
Un peu d’autodérision dans ce contexte de forte crue avec une prise de risque maximale (pour le matériel photographique, s’entend) concernant cet autoportrait réalisé dans des conditions pour le moins insolites.
Photo © Bruno Marty
Prise de vue panoramique au bord de la D52 entre Bouzic et Daglan
Photo © Bruno Marty
À la frontière entre Bouzic et Daglan, la forêt du côté du Moulineau est complètement noyée par les eaux.
Photo © Bruno Marty
Prise de vue panoramique entre le Moulineau et la Borie. Le Céou s’est trouvé un autre lit en déboulant avec force dans les champs …
Photo © Bruno Marty
… pour aller former un immense lac un peu plus loin en aval.
Photo © Bruno Marty
La halle de Bouzic a les pieds dans l’eau.
Photo © Bruno Marty
Castelnaud-la-Chapelle. Les environs de Maisonneuve s'apparentent à un bayou de la Louisiane.
Photo © Bruno Marty
Castelnaud-la-Chapelle. Situé non loin de la confluence avec la Dordogne le moulin de Tournepique est presque entouré par les eaux.
Photo © Bruno Marty
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 222 autres membres