Noël au-dessus de la Beuze
Le Touron est un lieudit saint-foyen des hauteurs de Beuze. À 204 mètres d'altitude il domine de 83 mètres le Moulin de Barde. Plus haut que son moulin La Barde, vieille demeure pluri-séculaire, jadis religieuse, aujourd'hui laïcisée en havre d'accueil pour des résidents handicapés, fait face au Touron sur le flanc collinaire opposé.
Que peut bien vouloir dire Touron, aussi, dans d'autres lieux, orthographié Thouron. Ces lieux seraient à rapprocher d'une source, terminologie pré-celtique. Attention, Touron ou Thouron peut aussi signifier colline ou tertre et, à Sainte Foy, cela serait plutôt le cas car, si source il y a, elle est à chercher plus dans le creuset de la Beuze.
Invité par les hôtes du Touron à boire un verre de vin chaud, je me suis rendu sur ce promontoire où le maître des lieux m'a spontanément guidé vers la "cabane du Père Noël". Pour l'atteindre, la nuit tombée, il fallait tout d'abord franchir un fossé qu'une passerelle d'une quinzaine de mètres domine. Dans le noir, on n'y voit goutte et il convient de se guider avec le pas japonais. Non, nous ne sommes pas là, au dessus d'un fleuve oriental ; mais, dans le tangage de la passerelle, mieux vaut chercher à ne point perdre son équilibre.
L'hôtesse du Touron, alsacienne par ses origines, est certainement marquée par le mythe de Noël; mais, dans cette belle province des cigognes, là ou les ballons scrutent les Alpes, le sillon du Rhin et la Forêt Noire, on est aussi pénétré par un autre mythe ; celui qui, le 6 décembre, fascine les enfants tout autant que Noël. Saint Nicolas serait-il passé par le Touron et aurait-il laissé quelques présents, tout là-haut, sous le toit de la cabane du Père Noël , voilà que je m'interroge encore...
Jean-Matthieu Clot, homme de plume, il a bouclé ses trois tomes de cheminement sur les Visigoths, me présente la cabane du Père Noël. Le décor, m'a-t-il confié, est, comme pratiquement tout ce qui a été fait au Touron, l'oeuvre de Michèle, son épouse. Elle a agencé avec brio dans cette ancienne ferme, un véritable bijou.
Ô surprise, pénétrant dans ce sanctuaire de Noël, me voilà nez à nez avec la plume beaumontoise de Florence Darignac. Chaque année elle vient à Monplaisant pour le salon des écrivains. Cette charmante personne, d'une grande sensibilité, démontra sur les hauteurs de la Nauze et du Raunel qu'elle a la fibre caritative dans la peau.
Avant de quitter Michèle et son mari, Jean-Matthieu, je voudrais dire que l'on ne repart pas de ce havre où se cultive la générosité et l'amitié autour d'un vin chaud, sans être émerveillé et fasciné par ce décor de Noël. Là, au milieu de nulle part, où l'on a plutôt l'impression d'errer sur un chemin de loup garou que vers un lieu d'irrésistible séduction qui, de sa hauteur, domine une petite vallée, on recherche, en écho, un autre scintillement, celui du Bercail. Il nous rappelle, bien au delà de nos convictions occidentales, que Noël est une passerelle idéale pour l'amitié.
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