Partira... partira pas...
Il y a deux ans, interpellé par le fiasco de mes blogs Fongauffier-sur-Nauze et Val de Nauze, j'ai tenté de rattraper ce cuisant échec en créant Terres de Nauze.
À mon sens il s'agissait de réunir, dans un micro-journal informatique citoyen mais informel, les résidents des communes qui ont été celles de l'ancien canton de Belvès. Elles ont pour nervure la Nauze et se affluents. La nervuration, terme des botanistes, étant le réseau irrigant et les villages les pédoncules de cette allégorie.
Notre canton historique de Belvès a chu sous les fourches caudines des révisionnistes mais, pour bon nombre d'anciens, c'est toujours l'image du canton d'antan qu'ils conservent ; ce canton où l'on se rencontrait notamment les jours de foire, de marché, de fête, de félibrées, d'élection de reines, de certificats d'étude, de conseil de révision, de comice agricole, etc.
Nos nouveaux cantons, ils peinent à se "formater" dans les esprits citoyens, feront peut-être l'objet d'une nième réforme les anéantissant… Ce n'est ni certain, ni impossible tant les gouvernances mettent de zèle à démolir les schémas conçus par d'autres aréopages et ont tendance à souvent remettre en cause les découpages. Ce qui est plus que probable c'est que nos anciens se considèrent du canton de Belvès, de St Cyprien, de Domme, de Monpazier, du Bugue, etc. Je ne suis pas certain qu'il y ait une majorité pour donner le nom exact de leur nouveau canton "Vallée de la Dordogne pour nous". Allez donc dire à un ancien de Nabirat, de Florimont, de Campagnac ou, encore mieux, de Prats-du-Périgord ou de Lavaur qu'il est d'une entité "Vallée Dordogne" !
Faut-il que je précise que loin d'être un sapeur des fusions, tout au contraire, je souhaite qu'aucune des communes ne détienne une supériorité sur l'autre, y compris dans la dénomination. Je préfère que les liens qui peuvent nous unir s'appuie sur la géographie naturelle. Le "Nauzerois", alvéole de la rive gauche de la Dordogne, un peu comme le Lubéron, le Comminges ou le Ponthieu, est une terminologie qui ne favorisent aucune de ses modestes entités mais les rassemblent. Nos voisins des lisières de la Forêt Barade en créant Val de Louyre et Caudeau ont su, avec finesse, unir Cendrieux, Sainte Alvère et St Laurent-des-Bâtons sans porter atteinte à l'historicité locale ni favoriser qui que ce soit.
C'est donc avec un regard empreint de nostalgie, sur le temps où le bassin naturel tracé par la Nauze nous réunissait, que le blog d'aujourd'hui va s'attarder en s'interrogeant sur les intentions des les 13 maires qui en sont les pivots humains.
Un sondage annonça, la semaine dernière, qu'environ un maire rural sur deux n'a pas l'intention de se représenter. C'est sans doute plus une alerte qu'une décision irrévocable et sans appel car, à chaque élection, on retrouve très facilement bon nombre d'impétrants qui après avoir clamé haut et fort leur intention de se mettre en retrait demeurent accro à leur écharpe. J'ai rencontré divers maires, ici et ailleurs. Je peux compter sur les doigts ceux qui ont exprimé avec clarté leurs intentions. Ils n'en ont, bien entendu, naturellement aucune obligation.
Est-ce un bien ou un mal c'est à chacune et à chacun d'apprécier.
Commençons par les deux pôles majeurs de notre bassin de vie.
Tous les scenarios paraissaient envisageables. On voyait se dessiner plusieurs profils. Depuis de l'eau est passé sous le pont de la Pique et le maire de Belvès n'écarte plus, de loin s'en faut, l'idée de solliciter, à nouveau, les suffrages belvésois. Les profils sous-jacents qui, peut être, pietinent à l'entrée du sas risquent donc de devoir attendre, ou renoncer ou partir en francs tireurs. Attention il faut pouvoir aligner 19 noms et en respectant la parité. La faisabilité est loin d'être simple et acquise. On a du mal à imaginer, dans les virtuelles ressources humaines locales, un tribun de haut niveau, dans le cercle des inconnus, susceptible de concevoir un collectif en mesure d'emporter le castrum.
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Jean-Pierre Riehl, en jetant l'éponge, en janvier 2016, d'une part, a plongé ses administrés dans une belle émotion et, d'autre part, a ouvert l'itinéraire à Didier Roques. En 2016, Michel Rafalovic, le voisin de l'autre rive de la Dordogne a suggéré une fusion entre les deux entités. Pour l'heure ce schéma ne semble pas d'actualité.
L'équipe municipale sioracoise n'a trouvé aucun obstacle pour être pérennisée dans ses missions ; pas le moindre opposant en vue ! En 2020 les Sioracois auront-ils à nouveau à valider une liste unique ? Manifestement c'est un peu tôt pour l'affirmer. Il se murmure que plusieurs élus ne repartiront pas. Ce n'est pas le cas de Didier Roques qui n'émet pas de grands signaux d'inquiétude.
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Attardons nous sur la ruralité la plus profonde.
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Olivier Merlhiot sait qu'il ne prend absolument aucun risque ; d'autant plus que l'on ne voit pas qui pourrait lui faire de l'ombre en 2020. Notons que plusieurs élus ont clairement annoncé qu'ils ne pensent pas repartir. Le doyen, mon ami Georges-Claude Lacaze, compte cinq mandatures à son actif.
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Questionné informellement sur la modestie de cette commune et sur une éventuelle fusion avec une voisine qui pourrait être un aboutissement Jean-Pierre André ne voit pas vraiment avec qui. Cette commune qui compta 150 ans de concession minière est un peu un " point de triangulation " isolé au milieu de nulle part.
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"Sèm de Doyssac, avèm pas paur", par cette maxime qui veut dire "On est de Doissat et nous n'avons pas peur" les Doissacois mélangent l'humour et le désir de rester eux-mêmes.
Christian Boissy, héritier naturel de Jean-Jacques Varga, huitième maire après la Libération n'envisage pas de fusion avec qui que ce soit. À Doissat les élections n'ont pas toujours été atones et l'écharpe de maire a été un attribut chancelant. En 1959 Étienne-Robert Vialard fut défait pour une seule petite voix. Il y a peu de probabilité qu'une compétition s'ouvre en 2020 sur les collines doissacoises où l'on trouve, au Lécat le point le plus haut de l'ancien canton de Belvès. |
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Christian Boissy |
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"Grivas sèm, Grivas demorarem". Le binôme inventeur de cette devise occitane a voulu, par une métaphore, affirmer que "Grives est et demeurera".
Les édiles de Grives, à l'unanimité, ont voulu redonner à leur cours d'eau le nom historique de Valech qu'il n'aurait jamais dû perdre.
Grives, lors de la dernière échéance, a connu des élections paisibles, certes, mais tout de même agitées. Le conseil municipal est la résultante de profils issus de deux listes différentes.
Au cours de cette mandature le bourg de Grives s'est enrichi d'une halle, lieu multifonctionnel oeuvre de l'actuelle équipe municipale qui fut conçue et amorcée par la précédente.
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Dominique Franc |
Que donnera 2020 ? Il apparait prématuré de le dire même s'il parait permis de supposer que son guide, Dominique Franc, n'est pas menacé.
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"Fermes coma nòstres casses". Les Larzacois sont solides comme leurs chênes.
L'écharpe de maire de Larzac, depuis la Libération, s'est transmise à cinq reprises. Serge Orhand à la fin de sa quatrième mandature sera celui qui sera resté le plus longtemps.
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Serge Orhand |
Serge Ohrand, en 2015, préconisait la fusion Belvès-St Amand-Larzac. Cette envolée ne fut pas du goût majoritaire des élus larzacois qui entendaient, au moins jusqu'au terme de leur mandature, garder leur territorialité solide comme leurs chênes.
Sege Ohrand repartira-t-il en 2020 avec Larzac dans sa configuration actuelle ? D'ici là le vent d'une fusion pourrait-il à nouveau agiter les cartes !
Attendons…
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"Termes e fonts son ma fiertat". Mes collines et mes fontaines sont ma fierté. Cette référence à l'eau, qui est si appréciée dans nos collines, signe le coté patrimonial et écologique de cette commune.
Jean-Pierre Passerieux qui, en privé, a laissé entendre qu'il se situe dans son dernier mandat a conduit diverses réalisations où l'eau était le fil conducteur. S'il laisse d'autres prendre le relais il pourra considérer qu'il a bien œuvré pour cette commune qui s'appelait St Germain-de-Berbiguières, perdit son nom lors de l'ère révolutionnaire [le 5 Fructidor An III (22 août 1795]. qui révoqua les hagiotoponymes, pour devenir après cette ère révolutionnaire St Germain-de-Belvès. |
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Jean-Pierre Passerieux |
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"Ibi bene, ubi patria". La patrie est là où l'on se sent bien. Locution latine attribuée à Cicéron.
Gérard Biou a retenu cette belle maxime du rhétoricien de la Rome antique. Ce dernier n'appartenait pas à l'élite romaine mais s'est néanmoins ouvert en aimant tout ce qu'il considérait comme des valeurs ; une voie l'amenant jusqu'au Consulat.
Gérard, lui, à St Pardoux se sent bien.
Mon ancien condisciple et néanmoins ami, montferrandais par sa naissance, qui, prenant le relais de son beau-père, a validé ce précepte a beaucoup donné pour ce plateau saint-parducien où... il se sent bien. S'il était tentant de suggérer à St Pardoux de rejoindre le pivot belvésois les élus saint-parducien ont, en quelque sorte, dit "pouce". |
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Gérard Biou |
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"Del cap als talons, per sorgas e bòsques". De la tête au talon, entre sources et bosquets.
Maryse Durand, premier maire féminin de Sainte Foy, aime beaucoup cette commune sylvestre entaillée par la Beuze. Quoi de plus naturel !
Quand on lui parle de commune-nouvelle Maryse répond qu'une assiette logique aurait pu, ici, en tracer les contours. Cette assise elle l'aurait bien vue sur le socle de l'ancien canton de Belvès. Cette idée qui parait cohérente, pour l'heure, ne semble pas d'actualité.
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Maryse Durand |
Maryse a réussi la performance de conduire une liste à majorité féminine en 2014. Depuis, à la suite d'une démission, elle s'est recomposée à parité identique parfaite. Maryse va défendre son bilan et il parait peu probable qu'elle soit inquiétée dans 16 mois.
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"Sus mon terme crenti degun". Cette affirmation occitane "Sur ma colline je ne crains personne" souligne la vaillance des Carvésois.
Les mandatures de Maryvonne Chaumel auront connu l'émergence d'une superbe salle des fêtes, la plus belle salle des fêtes du pays "nauzerois". La vie culturelle à Carves c'est aussi "Les Z'Igolos" et le "Théâtre du Fon du Loup". Le bourg s'est enjolivé avec la rénovation de la rue et de la place. |
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Maryvonne Chaumel |
Citons -et ce n'est pas une anecdote- la réhabilitation du retable de l'église.
Autant de raison de garder la tête bien haute au terme de ce gros quart de siècle aux affaires.
Maryvonne Chaumel va boucler sa cinquième mandature à la mairie de Carvès. Repartira-t-elle pour une sixième, là, comme le disait Petit Lion… c'est une autre histoire.
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"Valles amandae". Des vallées qu'il faut aimer, dignes d'être aimées. Le Bois de Salles se situe en dehors de la Bessède et a pour voisin Le Bois de Capdrot. De cette commune forestière sourdent plusieurs jaillissement qui alimentent le départ de la Nauze.
Georges Dejonghe va terminer sa première mandature. Georges est le premier magistrat de la commune la plus modeste du pays "nauzérois". Une anecdote vient à l'esprit. Est-elle authentique ou relève -t-elle de la diversion ? Nous avions un jour dans un avion un de nos ministres, un "grand" ministre des Affaires étrangères étrangères, plutôt petit par sa taille, M.J… qui voyageait avec plusieurs de ses collègues. Ces personnes se seraient mises à parler de la 104 Peugeot. Un de ces personnages se tournant vers M.J… lui aurait dit. "C'est une voiture pour toi". L'interpellé aurait eu cette belle saillie "Quand on est grand on peut se permettre d'être petit".
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Georges Dejonghe |
Nous avons besoin de nos petites communes pour que nos racines soient les liens vivants de notre ruralité. On peut certainement imaginer des fusions à la condition si ne qua non que leurs habitants soient consultés et que leur avis soit pris en compte.
Georges Dejonghe, que l'on a toujours plaisir à rencontrer, repartira-t-il en 2020 ?
Laissons le prendre la décision qu'il jugera la plus appropriée.
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