Route des moulins, de Siorac à Fongauffier.
Bruno Marty, qui a toujours émerveillé le lectorat par ses reportages de qualité, aujourd'hui, jette un regard sélectif sur le patrimoine naturel et architectural, adjacent à la Route des moulins qui, très prochainement, devrait être officialisée sur les documents géographiques.
Cette Route des moulins sera l'accompagnatrice de la Nauze et du départ de la Ménaurie. Ici, aux siècles précédents, on comptait une kyrielle de moulins qui exploitaient la force hydraulique pour se mouvoir. Tous n'avaient pas la même fonctionnalité. Certains traitaient le blé, d'autres étaient des chantiers de la laine ou des papeteries, d'autres ont été recyclés en scieries. Aujourd'hui, tous ont perdu leur première finalité.
Les élus qui ont retenu pour odonyme, la Route des moulins, sont un peu devenus les passeurs de mémoire de cette vie industrieuse qui, jadis, vivait au fil de l'eau. Bruno a voulu, par son reportage, montrer quelques lieux significatifs de ce double sillon où les moulins ont joué un rôle important dans la vie locale.
Le début de ce reportage se limite à la portion septentrionnale de la Nauze, là où elle s'approche de la Dordogne et où sa puissance est la plus forte.
Cliquez sur les images.
Le moulin [Pégary] de Siorac était le dernier ouvrage de meunerie de la Nauze. Là, l'ultime bief de la petite rivière s'apprête à rejoindre le fleuve. Cette confluence justifia, en 2011, l'adoption de la devise de Siorac suggérée par un fin lettré, mon ami Jean Rigouste.
"Aquí s'acampan las aigas e los òmes", [occitan] Ici, se rencontrent les eaux et les hommes, "Huc amnes hominesque confluunt", [latin] Ici, se rencontrent les fleuves et les hommes.
Photo © Bruno Marty.
L'unique pigeonnier qui borde ce segment de route, n'abrite plus ses hôtes, depuis bien longtemps. Rappelons que, sous l'Ancien Régime, les pigeonniers symbolisaient la puissance des riches propriétaires.
Photo © Bruno Marty.
Les ondes vives de la Nauze, au coeur de ce printemps 2018, filent vers leur ultime point de répartition, en amont du Moulin de Siorac, d'où elles rejoindront la Dordogne. La Nauze naturelle rassemble bien rarement la totalité de ses eaux. Tout le long de son cours, les ouvrages meuniers ont fractionné son écoulement, pour alimenter les canaux d'amenée.
Photo © Bruno Marty.
Le lieudit de La Tute se répartit entre la Tute Haute et la Tute Basse. Haute et basse correspondent à l'amont et l'aval. La Tute basse comptait deux moulins, un sur la rive droite et un sur la rive gauche. Il n'en reste plus que des vestiges.
Ci-dessus, le moulin de La Tute-Haute. Cette superbe bâtisse est monplaisanaise. Le moulin d'antan est devenu, au cours du siècle précédent, une scierie. Là, une superbe roue à aubes actionnait le mécanisme de la scierie. Elle a été démontée au cours des années 60.
On notera que le meunier du début du siècle précédent, s'est établi là, après son mariage. Il venait du moulin d'Écoute-s'Il-Pleut. Louis Bergues, qui était le maire de Monplaisant, lors de la Guerre de 14, fut appelé au front ainsi que son adjoint. Les documents d'état civil, lors de cette période douloureuse, étaient donc signés par un conseiller municipal qui assura l'intérim.
La Tute, en occitan, veut dire "tanière, repaire"… de l'ours, bien évidemment…
Photo © Bruno Marty.
Toujours à la Tute-Haute, mais sur la rive droite de la Nauze, il y avait un autre moulin qui, depuis bien longtemps, ne "mouline" plus. Le maître de céans rapporte qu'il était désigné l'Affaire de Marcou. On peut, logiquement, en déduire qu'un meunier s'appelant Marc, en fut le maître d'oeuvre. Son bief est vraisemblablement sec depuis le début du siècle précédent... voire avant. Unique vestige de cet ouvrage, la voûte, devenue souterraine, de ce moulin, témoigne de ce passé pluri-séculaire.
Photo © Bruno Marty.
Discussion devant la façade sud du Moulin de La Tute. Le bief, superbement entretenu, de cet ouvrage a supplanté l'ancien cours naturel de la Nauze. Ce déport des cours d'eau, naturel, s'observe çà et là, pour des raisons diverses, notamment lors d'abandon d'activité meunière. Attention à ces glissements de lits souvent très anciens ; ils se perdent dans la nuit des temps mais la nature, parfois, surprend en rétablissant les lits initiaux.
Photo © Bruno Marty.
Cette superbe image donne une idée de puissance du cours d'eau. Ici, à La Tute, on est dans l'un des rares sites où la Nauze réunit toutes ses ondes.
Photo © Bruno Marty.
Le moulin de Fauvel a été rasé, il y a bientôt un demi-siècle, et rebâti à l'identique. Là, le canal d'amenée du bief charrie probablement plus d'eau que le lit naturel. Cette belle image du passage de l'eau sous la voûte, rappelle que Fauvel fut un site meunier.
Photo © Bruno Marty.
Le pont du corridor.
Cet ouvrage de franchissement du Raunel, aussi modeste que magnifique, se situe à la jonction des terres monplaisanaises et sioracoises. Pour réussir à saisir cette fort belle image, Bruno a dû se livrer à un exercice d'équilibre entre les plantes aquatiques et le lit du ruisseau.
Le Raunel interpelle les passionnés d'onomastique. André Delpeyrat, il était l'instituteur monplaisanais de plusieurs générations du XXème siècle, estimait qu'il s'agissait d'un petit, vraiment petit, Rhône. Cette opinion, qui pourrait faire sourire, a néanmoins été confirmée par l'avis de Jean Rigouste, dont l'expertise en onomastique est plus que largement reconnue et admise. Les anciens pensaient plutôt que Raunel venait du verbe occitan "raunar". L'écoulement de ce petit cours d'eau, en effet, laisse percevoir un bruit équivalent à un grognement sympathique, une plainte, presque un regret de quitter ses collines. |
Ici, on est à la croisée des plissements collinaires de Fonmorte [Monplaisant], de Pech-Bracou [Siorac] et des Champs-Petits [Sagelat].
Photo © Bruno Marty.
Le tunnel du Raunel.
Ce tunnel qui se situe sous la ligne de chemin de fer, est une niche ouverte sous le remblai. Cet ouvrage permet l'écoulement du Raunel, ruisseau épurateur du massif forestier de la Bessède. Par ailleurs, il accueille le déport du chemin rural qui, depuis 160 ans, ouvre l'accès à la colline de Fonmorte.
Ici, jadis, les enfants jouaient à l'écho.
Photo © Bruno Marty.
Un village jadis abbatial.
Le double particularisme de Fongauffier, village monplaisano-sagelacois, est d'être le pivot excentré d'une commune [Sagelat] qui ne porte pas son nom et, d'autre part, d'être un ancien village abbatial (1095-1792) qui n'a aucun lieu cultuel... pas même un calvaire ! Dans ce village, dont la présence humaine remonte au Néolithique, la préhistoire, la protohistoire et l'histoire se sont succédé . Son nom dérive de la source [fon] et Waiffer, dernier duc de la première version des ducs d'Aquitaine. Il a failli être assassiné par les hommes de Pépin le Bref, au pied de la fontaine de ce bourg, en 768. Waiffer, rattrapé à une centaine de kilomètres de là, dans la Double, expira à Eygurandes. Le cours de l'histoire aurait vraisemblablement été différent si Pépin avait échoué. Fongauffier a vu passer le terrible et sanguinaire Blaise de Lasseran de Montluc, avide de trucider les adeptes de la religion réformée, avant de "réussir" son génocide des plaines de Vergt.
Beaucoup plus agréable à citer, Joséphine Baker passa là, de multiples fois. La traversée collinaire monplaisano-sagelacoise porte son nom.
Ce village ceint de remparts, sous l'Ancien Régime, a perdu ses murs, lors de l'ère révolutionnaire. Notons que Lakanal n'y est pour rien.
Photo © Bruno Marty.
La Nauze, souveraine des lieux.
Là, la Nauze se prélasse un peu et offre une agréable escale champêtre, sur sa rive gauche, dans le parc municipal sagelacois. Ici sur le court segment qui va de la réception du déversoir du Moulin du Cros à la naissance du bief du moulin de la Robertie, la Nauze réunit toutes ses ondes.
Photo © Bruno Marty.
Le mégalithe, ci-dessus, prélevé dans un champ sylvestre de Grives, constitue le mémorial des partisans tombés, en 1944, sous les balles des soldats du Reich. Ce modeste monument s'inscrit sur le Chemin de la Mémoire.
Photo © Bruno Marty.
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Demain, avec la deuxième partie du reportage,
vous remonterez de Fongauffier à Mazeyrolles.
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