Une centenaire hors du commun.
MONPLAISANT
Cette jeune et superbe Sarah est aujourd'hui centenaire.
Monplaisant, ce 20 octobre, fêtait discrètement sa deuxième centenaire. La météo voulut donner une des plus belles journées imaginables pour ce Nonidi de Vendémiaire de l'an 222, journée de l'orge.
La famille et les instances municipales de Monplaisant avaient prévu près de 60 personnes pour cette manifestation. Tous ont répondu "présent" ou ont fait connaître leur impossibilité assortie de fleurs pour la centenaire.
Sarah n'est pas une centenaire comme il y en a aujourd'hui de temps à autres. Sarah, française plus que de coeur, mais par sa nationalité officielle, russe par sa naissance, avec un père lituanien, portant le patronyme de Gameroff, et une mère alsacienne, est un peu, à elle seule, un livre d'histoire. C'est à la rue Picpus, dans le quartier parisien de Reuilly-Diderot, sur la rive droite de la Seine, que Sarah poussa son premier cri le 13 octobre 1913.
Est-il nécessaire de dire qu'à cette époque, qui était appelée un peu facilement "la Belle époque", c'est à dire l'intervalle séparateur de la Guerre de 1870 de la Première Guerre mondiale, les conditions de vie des plus humbles n'étaient pas des plus faciles et de loin s'en faut comme le rappela aussi justement Daniel, le neveu de Sarah, dans sa merveilleuse intervention familiale.
Pour s'échapper de la sinistrose pensons que Vincent Scotto compose "Sous les Ponts de Paris", une chanson qui n'est pas prête d'être oubliée.
La vie de Sarah ne fut pas forcément comparable à l'écoulement d'un long fleuve tranquille mais bien plus comparable au tumulte d'une confluence de torrents où se mêlent plusieurs cultures.
Cette mécanicienne en fourrure, qui adore les animaux et la nature, a connu dans sa famille israélite des heures bien sombres à cause d'un répugnant petit caporal autrichien qui voulait insuffler sa haine hystérique et dévastatrice à la terre entière et sacrifier les cultures qu'il méprisait. Elle a aussi connu de bien belles années aux côtés de son époux, Bernard Goutmann, lui aussi mécanicien en fourrure. C'est dans le populaire quartier des Buttes Chaumont que les Goutmannm habitaient et travaillaient.
Au cours du siècle qu'elle vient de boucler, siècle illustré de photographies prises à diverses époques et affichées dans la salle des fêtes, Sarah passa très jeune son permis de conduire, épreuve rarement féminine pour sa génération, fit bien des voyages à l'étranger avec deux pôles préférentiels, Israël et l'Union soviétique, par une double affinité culturelle et idéologique.
C'est dans les hauteurs de Cassagne que Sarah arriva, il y a six ans, avec une espérance de vie de trois mois. Bébé un médecin parisien, il y un siècle, la voyait plus qu'indécise pour affronter l'existence. Le siècle a démontré qu'il avait tort.
Daniel, le neveu, a résumé l'histoire d'exception de Sarah. Ce fut presque un cours d'histoire allant des séquelles de l'Affaire Dreyfus à notre temps.
Pour Jean-Bernard Lalue, maire de Monplaisant, Sarah doit sa longue vie au corps médical local et aux conditions idéales du promontoire de Cassagne.
Les invités ont bien entouré Sarah et sa famille. Notons que Muriel, sa nièce, qui, depuis des mois, attendait ce jour, victime d'un stupide accident piéton a été contrainte à venir sur un fauteuil-roulant.
Il y a eu, naturellement, beaucoup de fleurs.
Jean-Bernard Lalue remet un diplôme de centenaire personnalisé à Sarah.
Le diplôme.
Sarah devant le buffet.
J-Bernard Lalue, Sarah et Claudine Le Barbier, conseillère générale et régionale.
Photos Pierre Fabre.
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