Une escapade en Stand Up Paddle sur le Céou
PÉRIGORD NOIR
La nature, elle, heureusement est souveraine partout. Les humains, dans leur désir d'affirmation patrimoniale, ont jeté des limites et des frontières. Parmi celles-ci on trouve celles qui séparent le Quercy du Périgord. Un messager qui n'a cure de ces pointillés a su se tracer un joli corridor de jonction. Il réunit l'Occitanie à l'Aquitaine, mais bigre nous aussi nous sommes occitans ! Cet assembleur porte le joli nom, un peu poétique, de Céou. N'activez pas les moteurs de recherche pour trouver l'origine obscure de cet hydronyme. Les plus férus d'onomastique, dont notre ami Jean Rigouste, Jean est quercynois par ses racines, avouent leur ignorance. Tout au plus ils estiment que le Céou vient d'une racine pré-indo-européenne liée à l'eau.
Le Céou rivière enchanteresse dans son creuset périgordin après avoir quitté l'aire salviacoise et salué le dernier lieudit quercynois de Pont-Carral déflore le Périgord sous le Grand Bois de St Aubin-de-Nabirat et avoir scruté le château du Repaire. Il va arroser les écarts de Gaumier et ceux de la ruralité saint-martialaise puis à Bouzic il va prendre une dimension nouvelle par la consistance de puissantes sources. Là il va filer vers Daglan et St Cybranet pour enfin se résigner à se mêler à la Dordogne à Castelnaud.
Comme va le dire Bruno dans son reportage cette rivière karstique se distingue par des écarts impressionnants. Elle emporta en 1960 les ponts de Florimont-Gaumier et de de Daglan lors d'une fureur automnale mais rarement elle échappe aux tarissements estivaux entre Pont-Carral et Bouzic.
Bruno et son ami François Ferret ont réalisé un exploit inédit en s'aventurant sur la rivière forte de ses eaux tumultueuses de cette fin d'automne. L'équipée de Bruno et François ne fut nullement comparable aux multiples échappées en canoës. Le Stand Up Paddle sur des eaux agitées est un sport follement risqué qui s'avère envoûtant pour ses adeptes mais redoutable à chaque cascade.
Suivons les sur ce bouillonnant Céou qui, il y a seulement quelques semaines, attendait les pluies pour renaître.
Pierre Fabre
Cliquez sur les images
Voyons un peu de géographie en guise d’introduction. Le CÉOU est un cours d’eau long de 55 km qui coule entre les départements du Lot et de la Dordogne. Il prend sa source sur le causse de Gramat, à Monfaucon dans le Lot et se jette dans la Dordogne, rive gauche, à Castelnaud-la-Chapelle dans le canton de Domme.
C’est une petite rivière karstique (enfouissement des eaux) et son débit est fortement variable. En cas de gros orages, il peut sortir de son lit, raison pour laquelle sa vallée est peu habitée.
En été, il peut être complètement à sec entre Pont-Carral où il disparaît dans le karst jusqu’à Bouzic où son lit est alimenté par la Fontaine, une résurgence pérenne de 500 m. Le bassin versant du Céou fait 603 km².
Au point de vue hydrographique son débit moyen à Saint-Cybranet est de 3,5m³/s. En hiver, il atteint les 7m³/s. En période de crue, il atteint fréquemment 50m³/s ; il a dépassé 100m³/s à St Cybranet le 11 janvier 1996. En été par contre, il descend à quelques dizaines de litres par seconde.
Avec mon ami François Feray, guide assermenté de SUP Périgord basé à Cénac et Saint-Julien, nous avons décidé d’aller prospecter en Stand Up Paddle sur le Céou à partir de Florimont-Gaumiers en passant par Bouzic, Daglan, Saint-Cybranet, Pont-de-Cause et jusqu’à l’embouchure à Castelnaud.
Profitant d’une fenêtre de deux jours (les 5 et 6 décembre) avec un temps sec, froid et ensoleillé, nous nous sommes lancés bien motivés sur les eaux de ce cours d’eau qui nous attirait depuis longtemps.
Suivez-nous au fil de l’eau pour une descente pittoresque et aventureuse.
9H30 : séquence matinale glaciale quelque part dans la vallée du Céou.
Température 0°, la rivière fume encore un peu. Le soleil commence à poindre et les brumes matinales disparaissent peu à peu. Une belle journée plutôt frisquette s’annonce. En effet, le thermomètre ne dépassera pas les 6°.
Photo © Bruno Marty
Vue sur le Céou traçant son lit dans la campagne non loin de Florimont-Gaumier.
Photo © Bruno Marty
Ici le Céou forme un coude en traversant le charmant petit bourg de Bouzic. François passe devant l’ancien moulin.
Au premier plan et à droite de l’image on observe une petite cascade se jetant dans le Céou. C’est la résurgence de la Fontaine qui engendre une petite rivière portant le même nom et qui se jette dans le Céou après 500m de course.
Photo © Bruno Marty
Plusieurs cascades et cataractes tumultueuses interrompent le cours plutôt tranquille du Céou en amont de Daglan.
Photos © Bruno Marty
Séquence romantique avec le passage du Céou à Daglan. François qui est originaire de ce village ne se lasse jamais de passer dans ces lieux qu’il connaît très bien.
Photos © Bruno Marty
Une séquence sportive s’annonce en sortie de Daglan. Ici, l’imposante cascade de la Digue déclenche une vive accélération de la rivière …
Photo © Bruno Marty
… où François habitué des lieux se prépare pour maîtriser un fort courant annonciateur de remous déstabilisants (en haut), contrôlant sa vitesse et son cap (en bas) …
Photos © Bruno Marty
… afin de négocier au mieux cette magnifique enfilade étroite et rapide du cours d’eau.
Photo © Bruno Marty
Séquence calme et sérénité après les émotions précédemment subies. Voici le Céou dans toute sa magnifique splendeur paisible et rassurante.
Virulence vs. douceur, stress vs. tranquillité. Le Céou, petite rivière de caractère, ne se laisse pas apprivoiser aussi facilement ; il faut savoir la mériter et la conquérir pour arriver dans son lit.
Photos © François Feray (en haut) et © Bruno Marty (en bas)
Situés plus en aval, de nouveaux rapides barrent toute la largeur de la rivière.
Photos © Bruno Marty
Francois arrivant au niveau du pont de Saint-Cybranet.
Photo © Bruno Marty
François en repérage devant la chute du Cuzoul. L’écume bouillonnante et la force du courant sont fortement déstabilisants. Il faut s’employer pour garder son équilibre sur la planche de SUP.
Photo © Bruno Marty
Le Céou un peu en aval du lieu-dit le Cuzoul
Photo © Bruno Marty
Séquence adrénaline pour le franchissement de ce rapide. François est déterminé (1) et attaque ce passage délicat avec un engagement total (2).
Photos © Bruno Marty
Gros plan sur François en pleine action dans le rapide de Maisonneuve (3).
Photo © Bruno Marty
Au final nous avons passé deux jours merveilleux à naviguer sur le Céou dans une nature sauvage et dans le froid. Mais cela en valait vraiment la peine quand on aime l’aventure et la découverte. Nous avons su prévoir et attendre la bonne fenêtre météo en corrélation directe avec un niveau des eaux conséquent ce qui est loin d’être évident sur ce cours d’eau.
En conclusion nous pouvons dire sans forfanterie que se fut une première réussie .
Bruno Marty
___________
Bruno et François à la base de SUP Périgord à Cénac et Saint-Julien avant une descente sur la Dordogne en début d’automne.
Photo © Nathalie Sarramona
SUP Périgord
à Cénac et Saint-Julien
Contact et visite du site web https://www.sup-perigord.com/accueil/
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 222 autres membres