"C'est l'imprévisible qui crée l'événement." Georges Braque.
On fait des règles pour les autres
et des exceptions pour soi.
Charles-Louis Lemesle, élu le 24 germinal an VI, député de la Seine-inférieure au Conseil des Cinq-Cents. Il fut bien "passif" après le Coup d'état du 18 Brumaire.
Dans la vie politique il faudrait proscrire l'adverbe jamais.
Les relayeurs locaux de la "monarchie solférinienne" auraient désigné les personnages qui, sauf une surprise imprévisible, irrésistible et insurmontable, dans notre secteur, devraient remporter la prochaine élection départementale.
Il n'y a aucune surprise pour la candidature masculine. C'est le non-évènement. Le député, chantre du cumul, accro à ses prérogatives, souhaiterait devenir le premier personnage du département. La candidature féminine, au sein du lectorat de ce blog, peut étonner bien que les conjonctures de l'actualité, dans la vie citoyenne, puissent, à tout moment, surprendre. Brigitte Pistolozzi, qui, par ailleurs, par ses missions citoyennes reconnues et appréciées par tous, a toute mon estime, avant les dernières élections municipales, avant de revenir sur sa décision, avait clairement dit qu'elle ne se représenterait pas au conseil municipal et affirmait que cette décision était ferme et définitive.
Il ne s'agit pas du même mandat mais, pour certains, dont votre serviteur, cela peut, tout de même, paraître original.
Sauf un tsunami, hautement improbable, l'autoroute solférinienne, parfaitement sécurisée, leur est ouverte. Qui seront la suppléante et le suppléant?
Quelques retours en arrière.
Le 22 janvier 2012, au Bourget, le futur chef de l'état, applaudi à tout rompre, clamait "Mon véritable adversaire n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance". Nous connaissons tous ce qui a suivi.
Devenu président de la République, à peine ironique, lors de sa conférence de presse de mi-parcours, parlant de personnages politiques, il disait "Certains veulent être candidats à tout, et même quand ils l'ont déjà été ils veulent de nouveau l'être".
A priori, sauf erreur plus que grossière, ce verbe cinglant ne visait pas ses inconditionnels feudataires zélés qui s'inspirent de cette méthode.
Un insolent flashbak. En amont des dernières élections présidentielles les sondages indiquaient un désir très net de nos concitoyens de voir disparaître le cumul des mandats. Cette attente de l'électorat a bien été perçue. Le législateur a, alors, prévu de revoir ce cumul mais, pour calmer les accros, on a reporté, le plus loin possible, cette avancée démocratique; peut-être en espérant qu'une virtuelle nouvelle majorité puisse l'abroger ! L'électorat oublie les engagements tout comme il a oublié la certitude d'inversion, avant 2014, de la courbe du chômage.
En attendant ce non-cumul, redouté, par les accros, comme l'a été, jusqu'en 1981, la venue de l'exécuteur en chef des arrêts criminels, par les condamnés à mort, pour l'heure, demeure lettre morte et les futurs conseillers départementaux, solfériniens ou non, seront, pour nombre d'entre eux, des cumulards.
Dans notre département, au printemps 2012, il paraissait peu vraisemblable de voir des non-inféodés à la monarchie solférinienne atteindre l'assemblée départementale. Depuis mars 2014 le concept "pour être élu il convient surtout, et, quasiment, il suffit, de faire allégeance à la monarchie temporelle" n'est plus tout aussi évident. Certains bastions présumés imprenables, un peu partout en France, ont vacillé et même certains ont chu. Tous n'ont pas été ravis, dans l'allégresse solférino-sarkosyste -et dans l'ignominie de l'ingratitude la plus raffinée-, au seul Front de gauche.
Ce qui, hier, paraissait absolument incontournable et inévitable, aujourd'hui, n'est plus gravé dans le marbre avec la même indélébilité.
Plusieurs personnages de notre département -et pas forcément des moindres- de toutes les sensibilités ont connu les affres du suffrage universel. Des députés ou anciens députés ont perdu leur siège à l'assemblée départementale dans des situations imprévisibles; voire impensables. Qui se souvient de l'échec de Michel Diéras qui perdit son siège de conseiller général du Bugue, en 1961, juste dans la foulée de son accès au Palais Bourbon en évinçant ... Robert Lacoste ! Qui se souvient du ballottage, de 1962, plus que favorable à Yves Perron, qui se termina, par la forfaiture exquise du camp de la gauche timorée, par l'élection d'Yves... Guéna, alors inconnu mais admirateur du fossoyeur de la IVème République. Qui se souvient du revers d'Alain Bonnet, dans ce jardin de famille, alors présumé inattaquable, du pays brantômais ! Qui se souvient des déboires des fiefs supposés imprenables de Montignac et de Lalinde !
Quelques sévères échecs. Une vieille maxime dit "L'exception confirme la règle". Il est plus que rarissime que le pot de terre brise le pot de fer; cependant... Les élections cantonales, scrutin de notables, ça et là, sont émaillées d'inimaginables et cinglants échecs. Ces revers peuvent être directs comme celui de Jean Bène, inamovible président du conseil général de l'Hérault, où le P.S, campant dans ses règles d'hégémonie habituelle, il n'en connaît pas d'autres, règne en souverain absolu depuis des lustres, fut défait dans son canton de Pézenas, en 1979, par Pierre Guiraud candidat du P.C qui ne cacha pas, à l'époque, sa sympathie pour la mouvance de Pierre Juquin. Plus proche de nous le revers indirect de Jacques Chirac, en Corrèze. Cet avide adepte de cumul, bien avant son insolite compagnonnage avec François Hollande, eut l'humiliante déconvenue de devoir céder, au seuil de l'effondrement du P.C concrétisant la plus grande satisfaction et l'ingratitude mitterrandiste, "sa" présidence corrézienne à l'humble Armand Boucheteil, alors maire communiste de St Mexant et conseiller général de Tulle Campagne-Nord.
Plus loin de nous, au coeur du riche vignoble bourguignon, retenons, pour l'anecdote, le bien modeste maire progressiste, apparenté F.G, de Villers-la-Faye qui, ô surprise, ne permit pas au maire de Nuits-St Georges, localité 15 fois plus conséquente, d'accéder au conseil général de la Côte-d'Or.
Dans notre futur espace cantonal on a connu une élection surprise, en 1967, à Villefranche-du-Périgord, quand le candidat commun de la droite et la F.G.D.S, l'ancêtre du P.S, [M.L.P n'a pas inventé l'U.M.P-P.S] s'inclina devant Maurice Bouyou; bien avant que celui-ci ne révise sa copie pour rejoindre ceux qu'il a durement affrontés sa vie durant. Jean Loubière, supposé inexpugnable, en 1988, contre toute attente, vit René Barde lui ravir son siège. Ne parlons pas de Domme où, Jean Bournazel, un homme de circonstance, glissa avec aisance et sans vergogne du P.S à la droite. Plus humoristique fut le personnage de Jean Ladignac, à St Cyprien, qui, interrogé par la presse sur son affiliation, se déclara "sports & musique".
Il est, bien entendu, beaucoup plus probable d'être pauvre et malade que riche et bien portant.
Il faut, tout de même, se rappeler que le suffrage universel, même s'il est plus que largement pipé et diligenté, au premier chef, par des appareils, où la plèbe, en dehors de sa mission naturelle de validation, détient le rôle mineur d'observateur de la dernière roue du carrosse, laisse une infime micro-marge de souveraineté aux électeurs et ceux-ci, très rarement certes, parfois, ont l'insolence inouïe d'en user.
Pour que le pot de terre puisse ébranler le pot de fer il faudrait que nos concitoyens ne prennent plus les vessies pour des lanternes, qu'ils admettent que gavés trois fois par jour aux J.T c'est trop, qu'ils aient quelques fortes souvenances du passé frondeur de leur aïeux, qu'ils mettent en harmonie leur légitime désir de voir éradiquer le cumul des mandats, en pensant qu'il devrait naturellement s'appliquer chez eux, et qu'ils mesurent l'inconstance de ceux qui, en 2005, se déclaraient hostiles au T.C.E et en 2014 applaudissent, à tout rompre, en observant le glissement libéral credo du binôme Hollande-Valls. Autant dire que pour les partisans du non-cumul c'est loin, bien loin, d'être gagné.
"Per saubre ent vas te cal saubre d'ent venes". Cette locution occitane qui veut dire "Pour savoir où tu vas il te faut savoir d'où tu viens" s'inspire de la sagesse perspicace de Sénèque Il n'est pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va. Ignoranti quem portum petat nullus suus uentus est.
Pierre Fabre
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