Claudine Le Barbier s'épanche sur ce blog après son retrait de la vie politique.
Claudine, vous venez de mettre un terme à 22 ans de vie publique. Je pense ne vous avoir jamais épargnée lors de vos réunions publiques. Dans la vie publique, ''on'' peut s'autoriser des licences un peu rudes à la bienséance. Dans la vie courante, elles seraient bien intolérables. C'est la rançon de l'égalité républicaine! Je tiens, cependant, à saluer votre départ parce que j’ai apprécié, à diverses occasions, de vous voir à nos côtés, que ce soit pour le devoir de mémoire, l'intérêt que vous avez eu pour l'A.R.O.E.V.E.N ou pour veiller au maintien de notre ligne de chemin de fer : patrimoine humain et historique qu’il faut sauvegarder.
Pardon du retard mais, même "retraitée", je reste occupée même si ce n'est pas de la même façon. Je vous envoie le début de ma réponse (jusqu'au point 3 compris) et je vous enverrai le reste juste après Noël si vous en êtes d'accord.
Tout d'abord, je vous remercie, Pierre, d'avoir toujours relayé les combats que j'ai pu mener au cours de ces années dans l'intérêt de mes concitoyens. Je pense que vous aviez compris que j'agissais avec sincérité, loin des considérations politiciennes. Pendant une vingtaine d'années, j'ai pu m'investir sur le terrain au plus près de la population et la richesse de ces contacts restera gravée dans mon cœur. C'est d'ailleurs cela qui me manquera. Je crains que l'élargissement imposé des collectivités ne permette pas aux nouveaux élus de connaître cela et qu'ils ne puissent être, malgré leur bonne volonté, que des gestionnaires.
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Voudriez-vous en quelques lignes revenir sur ces 22 ans de citoyenneté et nous donner quelques temps forts… heureux ou moins heureux.
Pendant une vingtaine d'années, j'ai pu m'investir sur le terrain au plus près de la population et la richesse de ces contacts restera gravée dans mon cœur .C'est d'ailleurs cela qui me manquera. Je crains que l'élargissement imposé des collectivités ne permette pas aux nouveaux élus de connaître cela et qu'ils ne puissent être, malgré leur bonne volonté, que des gestionnaires.
Je me souviens de ma décision en 1994 de briguer le mandat de Conseiller général. Femme, jeune, et non Périgourdine, c'était un sacré défi ! Mon élection fut une grande joie et un grand honneur car c'est à une femme, jeune et non Périgourdine que les habitants du canton choisirent de faire confiance. J'ignorais que l'aventure durerait 22 ans, sans que je regrette cette décision, une seule fois ! Mais ce sont les mandats de Maire et de Conseillère Générale qui m'ont donné les plus grandes satisfactions. Les mandats de Conseillère Régionale, s'ils m'ont permis de découvrir un autre niveau de collectivité, ne m'ont pas procuré les mêmes joies. Je suis cependant heureuse d'avoir bataillé sur le dossier du ferroviaire qui me tenait à cœur ainsi que d'avoir toujours défendu la ruralité face aux nombreux élus urbains.
Des moments heureux, il y en eut beaucoup : chaque fois que je réussissais à aider quelqu'un, chaque lancement de chantier, chaque inauguration étaient une promesse d'avenir meilleur.
Des moments difficiles, il y en eut aussi : j'ai un très mauvais souvenir de la pollution de la Nauze avec des produits chimiques et du conflit qui m'opposa aux riverains de l'usine IMBERTY. Je ne suis pas près d'oublier non plus la tempête de 1999. Mais, c'est pourtant lors de cette tempête que j'ai vu une immense solidarité s'exercer.
Mais mon plus grand regret restera d'avoir perdu une amie, une seule, qui n'avait pas accepté une de mes décisions.
La vie politique est ainsi faite : chaque sensibilité sait pointer les fautes et les erreurs des autres en occultant ses propres faillites et faiblesses. La culture des egos demeure le dénominateur commun de tous les décideurs. Pensez-vous qu’un jour l’appareil peut échapper à l’insolence des ambitieux pour aller vers des citoyens plus humbles ?
Aujourd'hui que je suis devenue simple citoyenne et que je peux observer plus finement les choses, je m'inquiète de voir certains "politiques", et non des moindres, de droite comme de gauche, être plus dans le discours que dans l'action, dans le reniement des promesses plutôt que dans la volonté de les tenir quoi qu'il en coûte. Il suffit de voir ce qui s'est passé après les dernières élections régionales. J'espère que la leçon qui leur a été infligée par l'extrême droite leur servira de leçon, mais j'en doute, car par expérience, je crains que la politique (au mauvais sens du terme) ne reprenne le dessus car au bout il y a le pouvoir (et pour certains l'argent).
Pour certains, il apparaît, heureusement, totalement impensable de reconnaître la moindre légitimité à l’extrême droite, de s’unir à la mouvance libérale et, toute honte bue, de rejoindre la ‘’gauche d’opérette’’. Cela se traduit par des scores inférieurs à 50 % des inscrits pour la coalition solférino-libéro-frontiste qui se gargarise de ses ‘’succès’’. Selon-vous, sur ce seul socle là nos élus, légitimes en droit, certes, le sont-ils dans la grande matrice des consciences ?
Je crains que les grandes unités ne concentrent à l'avenir, tous les pouvoirs et les moyens au mépris de cette France rurale où se recrutent les élus de bon sens proches du peuple. Quels pouvoirs, quels moyens pour les Maires, demain, eux qui humblement, se dévouent chaque jour pour leurs concitoyens ?
Mais je demeure cependant confiante quand je vois des jeunes bousculer leurs aînés, des Maires lutter pour leur commune. Il faut leur faire confiance et leur donner les moyens d'exercer pleinement leur mandat."
La suite de l'interview après Noël.
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