Corrigé de la dictée ludique de J-P Colignon.
Dans le précédent article "À vos stylographes" annonçant la dictée ludique du 2 décembre les candidats à cette épreuve étaient à rassurer. Francis d'Angélo ne va pas leur concocter un texte aussi compliqué que celui de J-Pierre Colignon. Maintenant que les adeptes de l'orthographe ont pu bien réfléchir sur les pièges du texte ludique de la dictée de Sèvres ils pourront en découvrir les subtilités.
N'oubliez pas que Francis vous donne rendez-vous le 2 décembre pour une dictée ludique plus abordable, vers 16 heures, ce 2 décembre à la salle des fêtes de Sagelat dans le cadre du Téléthon.
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Corrigé commenté de la 2e dictée ludique de Sèvres de J-P Colignon.
Dictée du samedi 27 septembre 2008.
Rappelons que Jean-Pierre Colignon est spécialiste de la langue française et écrivain français, J-Pierre Colignon a été, pendant près de 20 ans, chef du service correction du journal Le Monde. |
- Cycliste en quête d’un tandem : cycliste est au singulier, parce que le terme désigne l’héroïne de l’histoire, Élodie, laquelle, cycliste, est en quête d’un mari… pour former un tandem dans la vie.
- minuit passé : minuit étant masculin, passé est donc accordé au masculin.
- les mercredi et samedi de chaque semaine : étant donné qu’il était précisé « de chaque semaine », mercredi et samedi sont forcément au singulier. En revanche, s’il n’y avait pas eu cette précision, l’accord au pluriel aurait été normal : « les mercredis et samedis », au sens de « tous les mercredis et les samedis ». (Mais, dans ce cas, il eût été mieux d’écrire « les mercredis et les samedis »…)
- aux yeux pers : des yeux où se mêlent le vert, le bleu et le gris (cf. « Athéna la déesse aux yeux pers »). Le mot vient de Perse, de persan… « Pairs » n’était pas plausible, puisque pair équivaut à « ce qui est pareil, égal », « nombre qui est divisible par deux »…
- auburn : ce mot anglais est invariable, et équivaut à peu près à « acajou ».
- Tartan (tartan) : il ne s’agit pas, bien sûr, du tissu écossais, mais du revêtement utilisé pour des pistes de cyclisme, des courts de tennis, etc. C’est une marque déposée, avec une majuscule, en principe. Les deux dictionnaires de référence (Petit Larousse illustré et Petit Robert) ne donnant pas la même graphie, Tartan et tartan sont licites.
- vieillot : ne pas oublier le second « i » ! Le féminin est vieillotte, avec deux « t ».
- cahoteux : de la famille de cahot, et non de chaos. Attention à ne pas confondrecahoteux (-euse), « qui entraîne, qui provoque, des cahots », et cahotant(e), « qui cahote ». (Le Petit Robert a tort de donner pour cahotant une acception délaissée qui en ferait un synonyme de cahoteux.)
- entraînant : accent circonflexe sur le « i », comme dans traîner.
- nombre de… : au sens de « beaucoup, maint » ; nombre est figé au singulier.
- plus d’un devait… : la logique devrait imposer l’accord au pluriel, puisque « plus d’un » c’est au moins deux ! Il n’en est rien, car en fait on garde à l’oreille le mot un…
Et, par le même illogisme, on accorde au pluriel avec moins de deux, parce que l’oreille a en tête le mot deux (Moins de deux marcheurs ont fait la randonnée…). Si cela aboutit à une phrase ressentie comme vraiment trop absurde, il faut la reformuler.
Il y a deux exceptions à l’accord au singulier après plus d’un : a) lorsqu’il y a répétition de plus d’un(e) : plus d’un employé, plus d’un ouvrier ont fait grève ; b) lorsque le verbe, en lui-même, impose l’évidence d’une action réalisée par plusieurs personnes :plus d’une acheteuse se sont arraché les robes en solde.
- précipitamment : faute de pouvoir se référer à un adjectif, comme avec prudent/prudemment ou savant/savamment, pour déterminer l’orthographe de l’adverbe, il faut, ici, penser à précipiTAtion.
- voie libre : et non pas voix.
- tout-terrain : l’usage a figé au singulier ce nom et adj. (en dépit de l’orthographe incohérente donnée par le Petit Robert, au pluriel : « tout-terrains » ; graphie inacceptable : le véhicule n’est pas « totalement terrains » ! Il pourrait être « tous-terrains », que ce soit au singulier ou au pluriel : destiné à rouler dans tous les terrains possibles…).
- froufroutantes : en un seul mot, sans trait d’union, comme froufrou, froufroutement et froufrouter. Un seul « t » devant le « a ».
- deux-roues : nom composé avec trait d’union, comme deux-mâts, deux-pièces,deux-points, etc.
- quasi insane : il n’y a pas de trait d’union entre quasi et un adjectif, mais il y en a un entre quasi et un nom (quasi totale, quasi-totalité) ; insane signifie « fou, insensé ».
- eût-on dit : ne pas oublier l’accent circonflexe au passé 2e forme du conditionnel (= on pourrait remplacer eût-on dit par « aurait-on dit »…).
- nyctalope : Élodie a la faculté de bien voir dans l’obscurité et/ou dans la nuit (grecnuktos, « nuit », et ôps, « vue »).
- au grand dam : « au grand dommage de, au préjudice de… » ; aujourd’hui, tout le monde prononce « dam’ », et non plus « dans ».
- hulotte : deux « t ». Il n’y a malheureusement pas de règle permettant de savoir quels mots prennent un « t » et lesquels en ont deux. Il faut s’en tenir au par cœur et aux formulettes mnémoniques : « La hulotte en calotte a chaussé des bottes et enfilé une culotte » !
- futaie : pas d’accent circonflexe, contrairement à fût. Tous les dérivés suffixés de ce dernier mot s’écrivent sans accent : futaille également.
- contiguë : l’accent circonflexe est sur le « e ». On prononce : « con-ti-gu ».
- ses chromes aux hommes : calembour (logique !) = on avait parlé des chromes dans ce même paragraphe, et la prononciation était sans ambiguïté.
- couru : un seul « r », comme dans l’infinitif courir. A l’exception du futur et du conditionnel : je courrai, tu courras… ; elle courrait, nous courrions…
- sigisbée : nom masculin (de l’italien cicisbeo), pluriel : des sigisbées.
- péronnelle : deux « n » et deux « l » ; diminutif du prénom Perronne, féminin de Perron, Pierre, ou bien de Pétronille.
- hadales : « abyssales ». Par référence aux Enfers, où régnait Hadès (mythologie grecque).
- caquetage : un seul « t », comme dans l’infinitif caqueter.
- cotés : qui ont la cote = pas d’accent circonflexe, un seul « t ».
- enturbannée et enrubannée : deux « n », mais rubané : un « n » !
- madras : antonomase sur le nom de Madras, ville indienne. Prononciation : « madrass’ », voire « madra ».
- rouge Carpaccio : « du rouge rendu célèbre par le peintre vénitien Carpaccio ». D’où la majuscule, obligatoire, à Carpaccio. Cas comparables : des soies bleu Nattier, des murs bleu Klein, des nappes vert Véronèse…En revanche, par antonomase, le patronyme est devenu, en cuisine, un nom commun variable : des carpaccios de saumon.
- brocart : avec un « t » final (italien broccato, « broché »). Ne pas confondre avecbrocard (de brocarder, « railler ») : « sarcasme, raillerie, moquerie ». Par ailleurs,brocard (ou brocart) est le nom d’un chevreuil d’un an, et aussi un adage juridique.
- prétendument : pas d’accent circonflexe ; ne pas se laisser influencer par dûment etindûment.
- hyménée : « mariage ». Mot masculin en « -ée », comme lycée, gynécée, prytanée,etc.
- décrépit : « qui est usé, vieux » ; féminin décrépite. Ne pas confondre avecdécrépi(e), « qui a perdu son crépi ».
- abbaye donnée en commende : « dont le bénéfice est concédé à un religieux séculier ou à un laïc » (du latin commendare, « confier »).
- grand-oncle : ce n’est pas un oncle qui serait grand, mais une personne de la génération précédente, un grand-oncle (avec trait d’union).
- scélérat : la construction de la phrase et la prononciation « célé » écartaient la version « c’est les rats » !
- extravaguant : la construction de la phrase exigeait un participe présent (avec « gu »), et non l’adjectif extravagant.
- coupés court : accord de coupés sur cheveux, mais court a ici un emploi adverbial et doit rester invariable.
- exhaussée : la logique imposait cette graphie dans l’expression « exhaussée sur un pavois ».
- quoique : synonyme de « bien que », de « encore que » (pour vérifier l’orthographe, on peut remplacer la conjonction par bien que). Précède une subordonnée conjonctive de concession.
- d’ores et déjà : « dès maintenant ».
- yeux vairons : vairon est un adjectif masculin variable désignant généralement des yeux qui sont de couleur différente, ou bien dont l’iris est cerclé d’un anneau blanchâtre.
- sauternes : nom commun de vin obtenu par antonomase sur le nom de la ville bordelaise de Sauternes. Boire du sauternes avec du foie gras.
- exubérance : pas de « h » derrière le « x » (du latin exuberantia).
- l’Entre-deux-Mers : région viticole du Bordelais se situant non pas entre deux « mers », mais entre deux fleuves où remonte la « marée » (la Dordogne et la Garonne).
- sur-le-champ : « immédiatement », et non « sur le champ » (dans le pré) !
- marri : deux « r » ; « penaud, chagrin, chagriné… ». Un mari peut être marri… et un célibataire peut aussi être marri !
- unis vers Cythère : les jeunes gens n’avaient le moindre diplôme, ils ne pouvaient pas être « universitaires »… En revanche, se mariant, ils allaient vers le pays de l’amour, l’île paradisiaque de Cythère, en mer Egée, où fut érigé un célèbre sanctuaire d’Aphrodite, déesse de l’Amour (mythologie grecque). Plusieurs peintres classiques ont évoqué ce lieu mythique, notamment Watteau.
Un des airs les plus fameux de l’opérette d’Offenbach la Belle Hélène est :« Pars
pour Cythère ! ».
- justes noces : on écrit toujours au pluriel convoler en justes noces, épouser en secondes noces (en troisièmes noces), et le plus souvent au pluriel aussi : nuit de noces, voyage de noces.
- la Saint-Médard : les fêtes sont des noms propres s’écrivant avec deux majuscules et un trait d’union : les feux de la Saint-Jean, le réveillon de la Saint-Sylvestre…(Alors que le mot saint est un nom commun quand il désigne une personne : saint Pierre fut le premier pape ; c’est à Lyon que sainte Blandine subit le martyre…)
- calembour : personne ne sait avec certitude quelle est l’étymologie de ce mot, qui a été mis en scène dans la dictée avec « chromes aux hommes » et « unis vers Cythère » !
© Jean-Pierre Colignon, septembre 2008.
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