Là-bas !
BELVÈS
L'histoire des pays est rarement à rapprocher de l'écoulement d'un long fleuve tranquille. C'est naturellement vrai pour l'Algérie qui a connu la colonisation des Romains, des Turcs et... des Français.
Pendant l'intervention du président Boza Gasmi.
Ce pays fascinant a donc supporté, sans la souhaiter nullement, la "présence" européenne pendant 130 ans et, avec le recul, le désir naturel de recouvrer sa souveraineté paraît d'une logique incontournable. Les choses, cependant, au regard de l'histoire, n'ont pas du être aussi simples. Le quart de la population était européenne et de nombreux résidents autochtones avaient choisi la France. Ce choix était-il une trahison pour leurs semblables ou une adhésion à un concept de vie qui, pour certains, laissait espérer des jours meilleurs ! Tout n'est jamais parfaitement blanc ou noir et bien des nuances peuvent se faire jour dans un "choc" de cultures.
Un colonisateur, usurpateur d'une terre qui ne lui appartient pas, par essence, est un intrus, parfois un "salopard", pour reprendre une terminologie contemporaine, mais peut-on généraliser et appliquer cette règle aux modestes ouvriers et employés européens qui sont nés sur l'autre rive de Mare Nostrum !
Boaza Gasmi, aux Musées de Belvès, a longuement parlé des harkis qui ont fait le choix de la France. Sa prise de parole fut pathétique. N'oublions pas que si quelques milliers d'entre eux ont pu traverser la mer, en 1962, la majorité d'entre eux fut livrée aux impitoyables et atroces règlements de compte. Ce drame laisse naturellement une plaie ouverte dont la cautérisation n'est pas, cinquante ans après, complètement acquise et de loin !
Boaza souligna que, cinquante ans après, les harkis ne peuvent toujours pas retourner dans leur pays natal ; ne serait-ce que pour un voyage !
Que dire de la réception honteuse de ces harkis dans des camps comme celui de Bias, ghetto de la République. N'est ce pas une honte que le Pays des Droits de l'Homme ait pu pratiquer l'apartheid pour ces malheureux qui ont été interpellés entre leur culture maghrébine et leur assujettissement, parfois sans le vouloir vraiment, à une nation qui aurait pu donner une autre forme, plus élégante, à leur intégration.
Claudine Le Barbier, dans son intervention, souligna que son époux était de ceux qui, par leur naissance, ont une attache transméditerranéenne. Elle souligna le parcours méritoire de jeunes amis magrhébins, de condition fort modeste, qui ont su s'épanouir en France et devenir professeur, de français, voire principal de collège.
Le président de la F.N.A.C.A, Denis Betge, précise qu'appelé sur l'autre rive de la Méditerranée pendant sa période de servitude militaire dans la cavalerie il a bien connu et apprécié les harkis.
Ce petit pot, de samedi matin, aux Musées de Belvès, à l'initiative d'Entrée des artistes autour de représentants des harkis avait, certes, un côté émotionnel mais, aussi, renforçait la passerelle jetée au dessus d'une mer qui, depuis des siècles, attend de devenir le lac de la paix balayant le fossé entre cultures.
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