Le bélier hydraulique de Fongauffier
Sylvain Bouyssou a quitté le lycée depuis une bonne dizaine d'années mais il a gardé de ses souvenirs scolaires une passion pour les techniques, dont l'électricité, et aussi pour tout ce qui gravite autour de la physique.
Cliquez sur les images.
Sylvain, par ailleurs, manifeste, chaque fois qu'il le peut son attachement indéfectible au village qui l'a vu grandir et il "fouine" un peu partout pour trouver des indices qui passent à côté de l'observation des Fongauffiérains.
Un petit quelque chose lui a indiqué qu'au pied d'un des derniers pans du mur d'enceinte abbatial il devait y avoir un vestige qu'il lui plairait de localiser et d'identifier. Lundi il prit pelle et pioche et se mit à gratter et il mit à jour un bassin en ciment, d'environ 2000 litres, totalement inconnu des plus anciens du village et rechercha à quoi pouvait bien servir ce réceptacle.
Ce n'est pas tout à fait le mouvement perpétuel mais on le tutoie. Le bélier n'a besoin d'aucune autre énergie que celle de l'eau en mouvement, en l'occurence l'énergie cinétique, et d'une déclivité. Joseph Montgolfier et son fils Pierre, en 1792, eurent l'idée de génie d'exploiter le "coup de bélier".
Dans un prochain blog nous aborderons une autre approche du mouvement perpétuel "La fontaine de Héron".
Une première hypothèse vint à l'esprit. Cela pouvait être un, élément du bélier hydraulique qui, pendant un demi-siècle fit que la demeure cossue, aujourd'hui propriété de la commune de Sagelat, ce n'était tout de même pas un hôtel particulier, qui fut celle de la famille Lafon, dite de Fongauffier, dont le plus prestigieux fut député du Sénégal et conseiller général de Belvès, eut, grâce au bélier, l'eau courante dès le début du XXème siècle. Cerise sur le gâteau, un jet d'eau, ornait le jardin d'agrément proche de l'actuel rond-point. Précisons que l'eau courante, à Fongauffier, est arrivée en 1960.
La prise d'eau.
André Poumeyrol, Fongauffiérain depuis la Libération, qui habita cet immeuble et qui a entretenu le bélier a, tout de suite, invalidé cette possibilité et situé l'emplacement de ce bélier hydraulique. André, cependant, a découvert ce réceptacle et estime qu'il ne l'avait jamais vu. Son enfouissement dans le sol est donc antérieur au milieu du siècle dernier.
André Poumeyrol, un témoin fiable de l'histoire locale de l'après Libération. Le 2 août 2010 il fut interviewé, par Nora Genet et filmé par Pascal Tinon de France 3 Périgords, sur le thème de la filature.
La conduite d'eau, sectionnée depuis plusieurs années, traversait le déversoir de la fontaine pour filer vers le grenier de l'immeuble des Lafon-Laborie. Le dénivelé, environ 12 mètres, était franchi par la seule action, écologique à 100 %, du coup du bélier.
Le béton moderne a une antériorité relativement courte à rapprocher des travaux de Louis Vicat, jeune ingénieur des Ponts & chaussées (1786-1861) qui en 1817 imagina un liant mélange "chaux-cendres volcaniques" mais oublia de le faire breveter. C'est un peu plus proche de nous, en partant des travaux de Vicat que l'Écossais Joseph Asdin fit breveter, en 1824, un ciment à prise plus lente mais c'est, seulement, à partir de 1868 que Lafarge commença de vulgariser la méthode.
Sylvain pointe du doigt l'arrivée du jet d'eau, image en médaillon.
Le bassin mis en relief par Sylvain, vraisemblablement, remonte au début du XXème siècle. On n'imagine pas sa finalité ; probablement une réserve d'eau de puisage…
La photo, de très mauvaise qualité, du ballon qui, sous les toits, recevait l'eau propulsée vers l'immeuble. Un trop plein chassait l'eau non utilisée. Le froid de 1956 malmena l'installation. L'arrivée de l'eau courante dans les foyers, en 1960, éradiqua définitivement la vie du bélier.
La famille Bouyssou s'est toujours intéressée au petit patrimoine local. Le 25 août 1983 Christian et quelques amis ont extrait du lit de la Nauze un bloc de grès "hématisé" et l'ont scellé dans un muret proche du petit lavoir. Le 28 mai 2005 Cédric, l'aîné de Sylvain, avec une équipée de jeunes, a réitéré un exploit du même genre. Leur bloc, désormais, constitue le banc public du bord de la Nauze.
Le bélier était, d'après le témoignage d'André Poumeyrol, tout près de l'écoulement de la fontaine, là où est Sylvain sur la photo. A-t-il été enlevé et envoyé à la ferraille ; peu probable ! Une prochaine exploration "archéologique" nous livrera peut-être ce vestige du parc fongauffiérain.
En s'écartant un peu de notre Val de Nauze le hameau saint-laurentais de Montcucq, il y a environ 3/4 de siècle, a été, par le système du bélier hydraulique, un des premiers villages a jouir de l'eau amenée dans ses fermes. Le hameau, altitude 198 mètres, domine ses talwegs de 40 mètres.
Notons que nos aînés connaissaient la préciosité de l'eau et que les privilégiés qui y avaient accès, par le truchement du bélier hydraulique, la respectaient et ne la gaspillaient pas outrageusement.
Texte et photos Pierre Fabre.
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