Portons nous au chevet d'une vieille amie... la Nauze.
Une rivière n'est belle, à nos yeux, que lorsque ses ondes claires filent le long de son cours entre ses berges bien maintenues par des arbres stabilisateurs ; comme les aulnes ou les peupliers. Nous aimons tous ces "candélabres", vigiles de nos rivières, qui, lors des périodes estivales chaudes et ensoleillées, savent donner aux adeptes de la nature des ombres recherchées pour la détente ou le pique-nique.
Nous n'avons pas la même considération pour les herbes aquatiques qui perturbent notre regard sur les cours d'eau et contrarient les loisirs des baigneurs ou des adeptes de la navigation de plaisance.
Au niveau du Pont des abbesses la couverture verte laisse peu de place à la transparence des eaux de la Nauze.
La Nauze, elle, par sa modestie, ne se prête pas, aux progressions des plus modestes canoës et n'offre ses charmes qu'aux pêcheurs et aux amateurs de loisirs bucoliques. En amont du Pont des abbesses, au niveau du bourg de Fongauffier, elle est largement envahie d'herbes aquatiques.
Les herbes ne sont pas seulement des fléaux. Ces herbes, assurément, n'embellissent point la rivière mais il faut bien se garder de les considérer comme utiles ou, a contrario, nuisibles au cours d'eau. Rappelons que la végétation permet de filtrer les polluants, freiner les sédiments, rafraîchir l’eau par l’ombrage et de favoriser les habitats pour la faune. Il n'y a pas besoin d'avoir les solides connaissances de l'entomologiste Jean-Henri Fabre pour savoir que les milieux humides, par ailleurs riches de plantes aquatiques, favorisent la multiplication d'insectes que nous n'apprécions guère comme les moustiques.
N'oublions pas non plus que lorsqu’il y a beaucoup d’algues et de plantes aquatiques, le taux d’oxygène de l’eau diminue car les plantes l’utilisent pour se décomposer. Les poissons sont donc les premiers touchés par la présence de la végétation aquatique car eux aussi ont besoin d’oxygène pour survivre. La prolifération excessive des plantes aquatiques et des algues dans les lacs, certes, mais aussi dans nos rivières devient donc nuisible pour la biodiversité.
Un cours d'eau a besoin de sa faune, de sa flore et des "fantaisies" que Dame Nature lui a confiées. La Seine s'attarde avec une nonchalance, toute relative, dans son bassin grâce à ses méandres. Quand pour le malheur de ses riverains "on" a voulu rectifier les cours d'eau Dame Nature a cru bon de rappeler qu'elle était, est et demeurera la souveraine. Le législateur, dans sa sagesse, a cru bon de prescrire l'hygiène des cours d'eau "à vieux bords et à vieux fonds"... ce qui exclut les curages désastreux.
La flore sait, dans une moindre mesure, apaiser et calmer la furie des cours d'eau. Ne l'oublions pas ! |
Cette couverture d'herbes aquatiques, havre d'un écosystème, concourt à l'envasement du lit et à l'hébergement d'insectes dont on se passerait.
Le débit doit égaler le crédit. Les comptables le savent bien. Les herbes aquatiques présentent deux aspects, l'un au débit qui nous contrarie et l'autre au crédit ; car n'oublions pas non plus que les plantes sont génératrices d'oxygène. Dans les cours d’eau, on retrouve des algues et des plantes aquatiques. Il y en a des vertes, des brunes, des rouges et il est normal d’en retrouver une petite quantité, mais pas en surabondance. Certaines algues et plantes aquatiques sont bénéfiques pour l’eau et nourrissent les poissons, mais d’autres sont plutôt dangereuses, comme les algues bleues vertes. Ces dernières témoignent d’une mauvaise qualité de l’eau et de la présence de bactéries. Pour savoir s’il y a trop d’algues et de plantes aquatiques dans un cours d’eau, il suffit de regarder et si elles forment un "tapis" en surface. Si oui, c’est mauvais signe !
Les herbes génitrices d'oxygène en ont par ailleurs, besoin ; comme l'abeille a besoin du miel que les humains lui volent. N'oublions pas non plus la nécessité d'un bon équilibre. Pour sauvegarder la faune présente dans les milieux aquatiques, l’eau doit être de bonne qualité. Elle doit être fraîche, claire, sans sédiments et pas envahie par les plantes aquatiques.
Il faut tout aussi naturellement admettre que la flore a pour mission naturelle de retenir et d’empêcher les sédiments d’envahir le cours d’eau, de faire de l’ombre sur l’eau pour la garder fraîche, de filtrer les polluants avec les racines et, in fine, de permettre aux poissons de se reproduire.
Difficile adéquation qui requiert beaucoup de justesse et de discernement. Ces deux valeurs ont tendance, en Val de Nauze et ailleurs, à être bien difficiles à insuffler, à maîtriser et… à vulgariser.
Texte et photos Pierre Fabre.
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