Fongauffier-sur-Nauze

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Ste Foy... victoire de la féminité.

 

Ste FOY-de-BELVÈS

 

N'ayant pas de faculté dans le domaine de l'ubiquité je n'ai pu répondre à deux invitations quasi-simultanées, auxquelles j'ai été très sensible, pour les mais de ce samedi 10 mai.

 

À regret j'ai écarté Siorac, commune qui m'est chère, par les rameaux familiaux de mes trisaïeuls, pour privilégier, pour plusieurs raisons, Ste Foy, primo par affinité pour les petites communes et secundo, je devrais dire premièrement, parce que Ste Foy est la première commune de notre canton, en principe en fin de vie dans sa forme actuelle,  qui a donné une place prépondérante à la féminité. Place prépondérante numériquement mais aussi pour la première place avec l'élection de Maryse Durand comme maire. C'est enfin dans cette terre sainte-foyenne, un autre gentilé est utilisé, qu'un maire, Elie Maisonneuve, ouvrit, pendant une période risquée et indécise, ses portes à mon ami Yves Bancon, décédé en juin, et à la Résistance. N'oublions pas, non plus son successeur, Gabriel Roche,également une figure de la Résistance, et, Bernard Vergnolle, le maire sortant qui fut aux commandes pensant cinq mandatures.


Pierre Fabre.

 

Le mai. Comme dans les textes dits sacrés chacun y trouve, ou pense y trouver, sa vérité.

 

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Le mai, fièrement, dressé par les citoyens symbolise nos traditions.

 

Pour un Flamand ou un Breton la tradition du mai, telle que nous la vivons dans notre fief occitan, est totalement inconnue.

Chacun trouve dans nos mais, manifestation républicaine atypique, un côté festif bien sympathique mais fort peu se préoccupe de la genèse du mai.

Rappelons que la tradition de l'arbre de mai se fonda, au départ, sur le merveilleux rite de fécondité lié au retour de la frondaison. Jadis répandu dans tout l'Occident  ce rite prend son sens dans le cycle du mai traditionnel.

L’Église catholique a dénoncé ses caractères prétendument aliénants, superstitieux, et même sataniques ; rites sexuels de groupe, société troublée par la multiplicité des règles, absolutisation des esprits végétaux et animaux. Le clergé s’efforça d’ordonner ce rite à sa convenance, prétendant défendre l’intérêt de la personne et celui de la société, tout en ôtant ses propriétés aliénantes et perturbatrices. C’est au cinquième Concile de Milan, en 1579, que l’Église — statuant sur la foi et la correction des mœurs — proscrivit cette tradition et ses rites apparentés, stipulant l’interdiction "le premier jour de mai, fête des apôtres saint Jacques et saint Philippe, de couper les arbres avec leurs branches, de les promener dans les rues et dans les carrefours, et de les planter ensuite avec des cérémonies folles et ridicules. "

Dans notre culture de nombreuses coutumes célèbrent l’arbre. Pensons au sapin de Noël et à l'arbre de la liberté un des symboles forts de notre grande Révolution.

Le mois de mai, mois des fêtes en l’honneur de la végétation, des fleurs, des sources et de l’eau est inséparable de l’amour, de l’érotisme et de la lutte des forces des ténèbres.

De l'autre côté des Alpes chez les Romains, le mois de mai était celui de Maia, déesse de la fécondité, c’est-à-dire une des incarnations de la Terre-Mère. Le mois de mai est donc logiquement devenu le mois de Marie.

 

Pendant des siècles les architectes de la religion ont calé leur dogme en supplantant les rituels païens en transformant les fêtes dont Noël est, probablement, l'exemple le plus emblématique.

La nuit de Walpurgis fut un des épisodes historiques où les convictions religieuses et les rites païens s'entremêlèrent pour juguler les forces occultes et païennes liées à cette puissance printanière où, un peu partout, on allumait de grands feux.

 

Le mai républicain dérive de l'arbre de la liberté. Notre grande Révolution, porteuse d'un immense espoir, au moins chez les citoyens éclairés, se devait d'activer un symbole fort et ce n'est pas un hasard si l'on retint alors, l'arbre  représentation de la puissance, et inconsciemment symbolisme du cosmos et de la vie…  

Chaque arbre en particulier est un symbole qui peut, tout à la fois, imager la majesté, le chêne, l'humilité, l'aulne, mais peut être plus encore par ses racines, son bois et ses feuilles devient un recueil d'allégorie.

Notons que la pratique de plantation d'un mai se retrouve aussi, parfois, pour honorer des époux... voire un patron. 

 

Et notre mai dans tout cela. Il est un peu spontanément tout cela. Dans ma jeunesse j'ai entendu de fervents républicains dire que c'était une affirmation révolutionnaire face à l'obscurantisme marial. Qu'il soit permis d'en douter ! Nos anciens, même ceux qui étaient peu religieux ou agnostiques, par respect de leurs concitoyens et des traditions n'auraient pas défié les dogmatiques.

Il n'en est pas moins vrai qu'après chaque élection on s'est attelé à planter un mai devant les maisons des heureux élus et ce rituel devait coïncider au printemps, si possible le premier dimanche de mai.

Cette fête devait jouer le rôle de réconciliation entre voisins qui n'avaient pas forcément déposé des bulletins identiques dans l'urne. C'était aussi une occasion de festoyer avec du bon vin. Ce jour là, au diable l'avarice, on écartait la médiocre piquette des jours ordinaire. Cette fête attendue était, parfois, pour les plus modestes, un sacrifice car il fallait bien recevoir et les ménagères, flattées de l'élection de leur mari ou, plus encore, de leur fils mais effarées, pensaient qu'il faudrait s'économiser encore plus pour ne pas faillir à la tradition. De cette fête on allait en parler et il ne fallait pas passer pour pingre et que l'on dise chez Untel c'était juste juste.

 

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 Ô hisse !

 

Le rituel comportait, ça et là, des variantes. Ici on ne plantait que pour les nouveaux ou les promus au niveau supérieur, un conseiller qui devenait adjoint, et un mai communal pour tous, ailleurs on plantait un arbre à tous; élus ou réélus.

 

Où plante-t-on le mai.  L'espace géographique des mais est limité à quelques  vieilles terres occitanes; le Périgord, l'Agenais, le Quercy, l'Armagnac, la Chalosse, quelques villages du Béarn, l'Albret, des confins du Languedoc et de l'Albigeois et la Haute Gascogne. On trouve même des nuances. Si dans la Bessède on tient à ses mais dans la Forêt barade occidentale, pour le même rite, on préfère dire les drapeaux. C'est le drapeau de Clément dimanche.

 

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Les petites mains ont bien travaillé. 

 

Les couronnes symbole de fierté. Elles sont l'affaire des petites mains. Les grands-mères, les mères, les épouses, les voisines et amies rivalisent dans leur savoir-faire. C'était jadis une manière républicaine affichée d'arborer nos trois couleurs.  On compte les couronnes avec une insistance, parfois déplacée et "cruelle"; Eugène, lui, a eu tant de couronnes, Hippolyte n'en a eu que la moitié…

 

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Maryse Durand et Hervé Toublanc, maire et premier maire-adjoint. Maryse Durand, très émue, va remercier ses électeurs mais aussi ses prédécesseurs et  sa secrétaire.

 

Un petit regret. Cette tradition républicaine des mais perdure et il paraît fâcheux d'éradiquer nos us et coutumes. Qu'il soit cependant permis aux personnes qui aiment la nature en général et les arbres en particulier de regretter de voir sacrifier ces supports de la Terre pour les livrer, sous les applaudissement, à une mort certaine et donner le spectacle affligeant d'un vie végétale détruite! D'aucuns préfèrent voir planter un arbre vivant, plagiat d'un rituel autour de l'arbre de la liberté, et, dans des cas rarissimes, on entend parler d'une fête sans mai.

 

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L'hendécagone est formé. De gauche à droite : Claudette Laroubine - Florence Marie - Giselle Ogier - Eliette Dauriac - Claude Magne - Maryse Durand - Yannick Vergnolle - Marie Nees - Patrice Mombrun - Hervé Toublanc et Robert Lagrèze.  

 

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Claudine Le Barbier, conseillère générale, à gauche et, Michel Rafalovic, président de la communauté de communes, à droite, ont honoré Ste Foy. C'est la reconnaissance de la noble Vallée de la Dordogne à l'humble Val de Beuze et à ses collines.

 

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Les tables républicaines.

 

Photos Pierre Fabre.

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12/05/2014
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