Cinq questions posées à Serge Utge-Royo.
Cinq questions à Serge Utgé-Royo.
Serge Utgé-Royo, attendu le 29 mars à Siorac, est un auteur-compositeur-interprète, fils d'exilés républicains de la guerre d'Espagne est d'origine catalane. Il se produit sur les scènes européennes depuis une vingtaine d'années. Ses chansons disent une réalité violente, absurde, révoltante ; elles évoquent l'Histoire des hommes et des femmes, ses utopies, ses horreurs aussi... Son regard est celui d'un citoyen observant sa planète, qui vit, cherche à comprendre, rit, se moque, s'insurge, aime, chante...
Fongauffier-sur-Nauze. Serge Utgé-Royo, vous avez choisi l'itinéraire très difficile, pour un artiste, qui longe le fleuve reliant les utopistes et les indociles. Ces sensibilités-là, aussi respectables qu'elles soient, sont anéanties par la puissance des nantis. Dites-nous pourquoi vous avez choisi ce thème "réactif".
Serge Utgé-Royo. Cette « sensibilité » n’est pas « anéantie » par la puissance des nantis ; elle a plus de difficulté à se faire connaître du « grand public consommateur » d’arts. Ensuite, j’ai commencé à écrire et chanter dans le but d’exprimer ce qui m’importait à vingt ans : les douleurs des miens, les douleurs (mais aussi les espoirs et les sourires) de ceux et celles que je côtoyais ou dont je savais la vie (en Europe et ailleurs…). J’ai très vite été confronté aux censures professionnelles et économiques ; je m’en suis accommodé.
Depuis la nuit des temps, deux conceptions s'affrontent dans la société : la force et le droit. Vous avez choisi le droit. Pensez-vous qu'un jour la force sera amenée à reculer ?
S.U-R. Sans généraliser l’histoire, je constate que la force a reculé, peu ou prou, dans certaines parties du monde, où elle semblait pourtant ancrée à jamais (Amérique latine, Espagne, Portugal, Grèce, Europe de l’Est en partie, Afrique du Sud, Afrique du Nord en marche…).
Fils de républicain espagnol, vous avez vu la première marche de ce pays historique souillée par l'arrivée d'un monarque qui n'a comme légitimité que celle d'avoir été installé par un sanguinaire tyran clérical, assassin de la République. Pensez-vous que la République peut renaître en Espagne et déposer une monarchie ébranlée par les affaires ?
S.U-R. Une troisième République espagnole verra probablement le jour. Mais cela ne signifiera pas la fin des luttes pour le perfectionnement des relations sociales humaines.
Tous les outils d'éradication des progressistes authentiques sont opérationnels. Le travail d'artiste peut-il quelque chose pour soulever cette énorme chape de plomb qui écrase les valeurs des adversaires de l'opportunisme conformiste et mondain ?
S.U-R. Les artistes ont toujours « servi » à quelque chose ; parfois, malgré eux… Dans la perspective que vous désignez (« soulever la chape de plomb… »), je pense à Goya, Picasso, Zola, Hugo, Camus, Vian, Prévert et tant de milliers d’autres.
Les artistes qui veulent faire du "chiffre" préfèrent opter pour une bienveillante neutralité. Certains, cependant, savent émouvoir avec de belles chansons humanistes : Enfants de tous pays, Ouvrez la cage aux oiseaux, Prendre un enfant par la main. Que pensez-vous de cette approche artistique ?
S.U-R. L’art est encore et toujours l’exaltation des bons et beaux sentiments, du plaisir des mots et de la mélodie ; il y a toujours eu, dans la chanson populaire, des artistes qui ont trouvé l’écho d’un vaste public, de médias curieux, au moment opportun (hasard ou mode) et de diffuseurs professionnels compétents. J’ai du respect pour beaucoup d’artistes, même s’il ne disent pas ce que j’aime dire ; je ne juge pas leur démarche. Bien entendu, je ne parle pas ici des escrocs ou des cyniques. Il me semble que chacun-e peut faire, dans la beauté de l’art au service du pamphlet et de la protestation, ce que font autrement des hommes et des femmes qui luttent pour une société meilleure. Le chemin que je suis m’a donné des joies immenses et de la fierté ; c’est bon à prendre et à porter. Je ne regrette pas grand chose.
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