Dans quel canton sera le Val de Nauze en 2015 ?
La France métropolitaine enchâsse 3888 cantons ; soit en moyenne 141,98 Km2 et 15 904 habitants par canton.
Ne comparons pas les cantons métropolitains et ceux d'Outre-Mer, aussi respectables qu'ils soient, car leurs superficies et leur densité de population ne peuvent pas être rapprochées. Une commune guyanaise ferait passer Arles, la plus étendue de nos communes métropolitaines, pour une entité moyenne… voire petite
Regardons de près notre canton. Le canton de Belvès compte une population de 4 292 habitants, dont 1480 pour la commune chef lieu. Il se situe, bien loin, derrière la moyenne nationale de 15 904 habitants. Il se place sensiblement à la moitié de la moyenne départementale qui, elle, dégage 8 242 habitants par canton. Avec une superficie de 139,03 Km2 notre canton n'atteint pas tout à fait la moyenne nationale de 141,98 Km2 ; 181,2 Km2 pour la moyenne départementale. Avec ses 14 communes, contre 9,43 pour la moyenne nationale, il présente tous les critères d'un canton typiquement rural. À l'époque de sa création, en 1790, comme tous les cantons de France, son espace, avant la formation des arrondissements, faisait partie du district de Belvès. Ce district était composé des actuels cantons de Belvès, Beaumont, Le Bugue, Cadouin, Limeuil, Montferrand, Monpazier, Orliac, St Cyprien et Villefranche, à l'époque de Belvès. Limeuil, Montferrand et Orliac ont rapidement perdu leur rang de chef lieu de canton.
Le Barbier |
Notons que le canton de Belvès comptait deux communes supplémentaires, Vielvic, qui fusionna avec St Pardoux avant 1793, et Fongalop, qui devint commune associée à Belvès, le 1er janvier 1973.
Géographiquement, à quelques détails près, le canton de Belvès correspond au bassin de la Nauze. |
Il convient donc de lui rajouter un micro-segment des berges de la Dordogne, un flanc collinaire versant dans la Lémance, quelques dizaines d'hectares de Fon Caude, les derniers hectomètres du val du Peyrat et l'aire des sources de la Couze.
Le Lécat, sur les reliefs sylvestres doissacois, donne son point culminant, à 323 mètres d'altitude, et c'est dans la pointe de La Brande, en aval de Siorac, que la Dordogne quitte, à 46 mètres au dessus de l'Atlantique, notre canton.
Maurice Biraben qui fut maire radical de Belvès, de 1947 à 1969, est celui qui, avec 22 ans aptrès la Libération, l'occupa le plus longuement. Pierre Janot, député U.D.R représenta le canton de 1969 à 1976. Jean Loubière, maire M.R.G, s'imposa, en 1976, pour deux mandatures. René Barde (1988-1994) tira son épingle du jeu et ceint l'écharpe de maire pour un mandat écourté par dissolution du C.M. Claudine Le Barbier, maire de 1996 à 2004, siège depuis 1994 mais a abandonné son appartenance politique. Elle se définit non-inscrite.
Une toute petite remarque surprenante Belvès est un des rares cantons de la Dordogne qui n'a jamais été officiellement attribué aux héritiers directs de la S.F.I.O.
Notons que les cantonales dans la ruralité profonde ont toujours été des scutins de notables et, pour beaucoup, ces derniers, par prudence, par louvoiement, ou par retenue n'aimaient pas afficher leur sensibilté. En 1988 on pouvait désespérément chercher l'apparentement sur les bulletins de vote du second tour... mais ceux-ci n'en comportaient point.
Le canton le plus important de l'Hexagone. Il faut aller dans la banlieue lilloise pour trouver le plus peuplé des cantons. Lannoy, modeste cité nordiste, avec 1719 habitants sur seulement 15 hectares, ne compte guère plus de population que Belvès mais le canton qui porte son nom, avec 62 129 habitants, se place tout en haut du listage. La commune de Hem, 17 320 habitants, est la plus peuplée des 13 communes de ce canton bien urbanisé. Lannoy, canton de 52,26 Km2, représente, territorialement, à peu près le tiers de celui de Belvès.
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Ce canton est revenu, en 2011, à Joëlle Cottenye, une élue, par ailleurs conseillère régionale, adjointe au maire d'Hem.
Le plus modeste canton de France. C'est sur les escarpements des Crêtes alpines des Selles, entre 545 et 1 830 mètres d'altitude, respectivement à Vitrolles et Esparron, moyenne 872 m, qu'il faut aller le chercher. Ce canton, de 58,24 Km2, issu du démembrement du canton de Mison, en 1791, changea ainsi de département en passant des anciennes Basses-Alpes, aujourd'hui Alpes de Haute-Provence, aux Hautes-Alpes en janvier 1810. Barcillonnette, avec 135 habitants, est, par sa population, la seconde commune du canton, il compte 388 habitants ; l'équivalence de Sagelat. Vitrolles, avec 215 habitants, en est la plus importante.
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Le canton de Barcillonnette, bien que fort modeste, s'est donné pour conseiller général Émile Didier, radical, puis M.R.G. Cet élu fut maire de Gap de 1947 à 1971 et député de 1967 à 1971, avant de devenir sénateur de 1971 à 1989. Il présida le conseil général de 1970 à 1982.Toujours dans le particularisme son actuel conseiller général, Rémi Costorier, qui sut évoluer de divers droite à divers gauche est maire de Lardier-et-Valenca, une commune extérieure au canton ; celui de Tallard. |
Aux dernières nouvelles il semblerait que la population de ce canton n'apprécie pas particulièrement la forte probabilité de sa disparition.
Il existe une kyrielle de très petits cantons urbains, au niveau de la superficie. Pour notre département c'est Périgueux centre, 17 925 habitants, détenu par J-Paul Daudou, U.M.P, qui s'étend sur quelques centaines d'hectares. Il n'est certainement pas le plus petit de la France urbaine.
Gérard Galliot, maire D.V.G de Dannemarie-sur-Crète, son actuel titulaire, a obtenu le siège de conseiller général d'Audeux en 2004. |
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Ce particularisme, après être passé par Omont dans les Ardennes, revient maintenant à Craonne, 74 habitants, sur le Chemin des Dames, suivi par Peyreleau, 81 habitants, dans le Grand Causse de Millau.
Audeux était, il y a un demi-siècle, à la tête d'un canton de 44 communes. Depuis quatre d'entre elles ont été absorbées par des localités voisines. Avec 40 communes Audeux demeure, néanmoins, toujours le canton qui comptabilise le plus grand nombre d'entités.
On notera que Craonne a connu des pics dépassant le millier d'habitants sous le Second Empire. C'est la terrible Guerre de 14 qui est responsable de son effondrement. La toute petite commune de Peyreleau, en population et en superficie, a été choisie pour chef lieu de son canton tout simplement parce qu'elle est implantée au centre de celui-ci.
Les cantons les plus étendus. Avant la partition est-ouest Arles, le canton pivot de la Camargue, s'étendait sur 1 013 Km2 soit plus du dixième de la Gironde, le département le plus vaste de l'Hexagone, et un neuvième de la Dordogne. Arles-Est, 53 057 habitants, s'étend sur 451 Km2, soit trois fois plus que celui de Belvès, Arles-Ouest 25 499 habitants, sur 562 Km2, quatre fois plus que celui de Belvès, a souvent changé de mains.
Les maires successifs d'Arles se le transmettent. De la S.F.I.O de 1949 à 1973, avec Charles Privat, il reviendra, en 1973 à Jacques Perrot, maire P.C d'Arles de 1971 à 1983, pour repartir au P.S avec Michel Vauzelle, maire de 1995 à 1998. Il est à nouveau repris par le P.C, en 1997, avec Hervé Schiavetti, l'actuel maire.
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Et nos cinq voisins. Notre canton est bordé par ceux de St Cyprien, Domme, Villefranche-du-Périgord, Monpazier et Le Buisson.
St Cyprien 7 070 habitants, dont 1570 au chef lieu, sur 195,36 Km2.
Ce canton revint à la S.F.I.O, en 1945, avec Louis Sèverin. X Janot prit le relais pour le mandat 1951/58. Jean Ladignac l'occupa de 1958 à 1976 et fit de l'humour sur son étiquette en se déclarant à la presse "Sports et musique". Les sociaux-libéraux avec Pierre Merlhiot, le prirent de justesse face au P.C, en 1976 et Francis Dutard l'a stabilisé aux couleurs de l'actuelle majorité nationale. |
Domme 6 633 habitants, dont 989 au chef lieu et 1218 à Cénac, commune la plus peuplée, sur 221,26 Km2.
Ce superbe canton touristique de 1945 à 1969 fut S.F.I.O avec Lucien Dubois. Les mitterrandistes l'ont conservé avec X Roulland (1969-1974) puis Alain Bournazel (1974-1988) Ce dernier changea d'étiquette pour devenir R.P.R. Depuis les sociaux-libéraux l'ont repris avec Germinal Peiro. |
Villefranche 2 374 habitants, dont 764 au chef lieu, sur 155,35 Km2. Villefranche est le plus modeste canton de l'arrondissement.
François Fournier
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Le Villefranchois ne paraît pas être parfaitement stable. Les Maurial, S.F.I.O, y régnaient pendant la Quatrième République avec Charles de 1945 à 1955 puis Jean son fils, de 1955 à 1967. Une petite rougeole le corroda, de 1967 à 1979, avec Maurice Bouyou qui, alors, portait les couleurs du P.C avant de lui tourner le dos sur ses dernières années pour rejoindre ceux qui lui ont fait perdre son siège et qu'il a "fustigés", voire combattus, pendant un demi-siècle.[Seuls les béotiens restent droits dans leurs bottes ! ] |
Jean-Martegoutte, qui a toujours refusé d'arborer ses couleurs, mais qui séduisait les mouvances de droite, lui succéda, lors d'un scrutin contestable et contesté, en 1979 et conserva le siège jusqu'en 2004. Vincent Deltreuil le conserva, sous le label D.V.D, puis U.M.P, de 2004 à 2011. Aujourd'hui la gauche libérale, avec François Fournier, l'a repris depuis 2011.
Monpazier 2 290 habitants, dont 522 au chef lieu, talonné par Capdrot 499 habitants, sur 145,11 Km2. Monpazier est le canton le moins peuplé du département.
Le canton péri-gascon de Monpazier illustre la versatilité électorale. De 1945 à 1976 le Dr Magimel-Pelonnier n'y rencontra que des opposants de principe ; ce qui lui a permis de muter, sans le moindre problème, de divers gauche vers divers droite. |
Marc Mattéra |
Le maire de Capdrot fut remplacé, en 1976, par X François. Ce dernier qui arbora les couleurs mitterrandistes couvrit deux mandats. En 1988 Marc Mattera, pour l'U.D.F devenu MODEM, le conquit et le conserve encore.
Le Buisson 3 864 habitants, dont 2143 au chef lieu, sur 127,49 Km2.
Ce canton a changé de nom et donc, malgré les vœux pieux d'assurance de ne point lui changer son intitulé, de siège ; cela paraissait probablement difficile de conserver le toponyme de Cadouin puisque la dite commune avait migré vers Le Buisson.
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À l'exception de la mandature de Bernard Lucas, de 1998 à 2002, ce canton est resté presque tout le temps aux mains de la gauche feutrée depuis 1945. X Meulet et X Fromentières l'ont occupé avant de le transmettre en 1979 à Pierre Chaussade qui glissa du M.R.G à un "apolitisme". En 2002 Françoise Wolters qui fut l'adjointe de Bernard Lucas préféra rejoindre la majorité départementale. Depuis l'an dernier Johannès Huard, maire d'Alles-sur-Dordogne, confirme l'attachement de ce canton à la majorité tant départementale que nationale.
Le 20 novembre dernier l'Assemblée nationale a précipité, avant leur naissance, les conseillers territoriaux dans les poubelles de l'histoire.
Le rôle d'une majorité nouvelle c'est, avant tout, de défaire ce que la majorité précédente, forcément justement défaite, avait élaborée, surtout si le chantier pouvait contrarier quelques profils de la nouvelle majorité à ne pas toucher.
On peut, néanmoins, si l'on est contribuable, se réjouir de l'abandon des conseillers territoriaux. Ces derniers n'auront vécu que dans les tiroirs d'énarques avides de susciter d'énormes dépenses publiques. Les pistes retenues par l'actuel gouvernement qui, lui aussi, fait exploser les dépenses publiques en multipliant le nombre pharaonique de ministères, sont très largement suffisantes pour que les gouffre abyssaux au niveau de la dette et de la Sécurité sociale, pour le moins, n'aient aucune probabilité d'être réduits. Il n'était pas vraiment nécessaire d'ajouter des conseillers territoriaux qui auraient, chacun, eu besoin de collaborateurs pour assurer leur prestige.
En cette fin d'année l'opposition s'étripe entre bonapartistes qui rêvaient d'un nouveau 18 brumaire, le 18 novembre 2012 étant l'octidi de Brumaire de l'année 221, et leurs frères ennemis plus modérés. La majorité voudrait sacraliser son premier ministre en imposant un aéroport pharaonique dans l'Ouest, tant pis pour l'écologie, quand on aime le prestige écrase le rationnel et l'économie. Dans ce contexte le devenir des conseils généraux n'occupe pas le devant de la scène. Les mitterrandistes, dans une France qui s'écarte chaque jour davantage du bipartisme pour atteindre le monopartisme, mis à part quelques barouds d'honneur, a priori, ne devraient pas connaître de problème majeur ; si n'est au sein de la famille souveraine pour la répartition des "baronnies".
Les feudataires du nouveau monarque n'en demeurent pas moins hautement inventifs et la richesse du vocabulaire pourrait, comme on dit dans le langage populaire, trop commun pour les énarques, "en jeter". Ils ont donc inventé un "Scrutin majoritaire binomimal mixte". Qu'en terme raffiné ces choses sont dites ! Il fallait le trouver.
Pour l'heure on n'en sait pas davantage. Tout ce que l'on peut imaginer relève des hypothèses.
Le scrutin devrait permettre, critère n° 1, de conforter au maximum la majorité en obtenant, autant que faire se pourra, quelques grands schlems. Une bonne douzaine de départements, dont la Dordogne, seraient susceptibles d'y arriver. Comme on sait, à l'Élysée, que l'abrogation de la République serait anticonstitutionnelle on se contente d'un régime présidentiel où le je prévaut sur le nous. Le critère n° 2 ne serait-il pas ce que certains, sans trembler, appellent, par un doux euphémisme, avec un argumentaire hautement fallacieux, "une dose de proportionnelle" (sic) c'est-à-dire la recherche de l'éloignement majeur de la proportionnelle intégrale qui ne connaît que l'équité. Pour illustrer cette ignominie les courants ascendants, déjà largement pourvus, ne seraient, naturellement, pas exclus de la répartition et, cerise sur le gâteau, pourquoi se priver d'une règle favorisant encore un peu plus les puissants en décrétant que seuls les résultats atteignant, au moins, 5 % des exprimés, seront pris en compte.
Que deviendra le canton de Belvès en 2014 ? Pour l'heure bien prétentieux, en dehors des personnes liées à l'obligation de réserve par leurs fonctions, qui pourrait le dire…
On pourrait imaginer un ajustement sur la future communauté de communes dont la géométrie virtuelle souffre de la tare considérable d'avoir été dessinée sous le quinquennat du ci-devant. Cet assemblage réunit 11 362 habitants.
On pourrait aussi imaginer, pour le département, une réduction du nombre d'élus pour s'approcher, par exemple, d'une pondération un peu plus plus mesurée. Les Landes, ce département qui n'a pas à être suspecté d'un non alignement au mitterrandisme, vit avec un conseil général de 30 élus soit un pour 13086 habitants et une superficie moyenne de 308,1 Km2. Domme, Belvès et Villefranche, soit, approximativement, la R.G de la Dordogne de l'arrondissement, à eux trois, obtiennent 13 299 habitants. En imaginant, pour parachever la R.G, l'addition de St Julien-de-Lampon, Ste Mondane, Veyrignac, Allas-les-Mines, Berbiguières et Marnac on obtiendrait un secteur de 15 031 habitants.
Le découpage territorial a toujours relevé d'une "finesse" hors du commun. La logique et le bon sens pèsent, probablement, peu de chose à côté des pressions des puissants et des ambitions. Il arrive même que les ciseaux du "géomètre" s'égarent et favorisent, rarement certes, des résultats inattendus. Le quartier de Cimiez, le plus huppé de Nice, Nice 7, en 1976, a connu l'élection de mon ami Louis Broch qui devint maire P.C de la Trinité en 1983 pour trois mandatures. Ce n'était, manifestement, pas l'objectif que les décideurs de l'époque cherchaient à atteindre.
Si l'ancien hôte de l'Élysée n'avait point été défait les conseillers territoriaux, pour la Dordogne, auraient été au nombre de 34/35. Le ministère de l'Intérieur sombrera-t-il dans la démesure pour notre département en accordant un nombre aussi pléthorique de conseillers généraux que celui que l'exécutif national retint pour promouvoir les ministres de l'actuel gouvernement !
Il serait surprenant que tout le monde soit d'accord mais peu importe ; maintenant on est en démocratie.
D'ici 2015 les choses, tout comme les ambitions, peuvent, naturellement, comme la dette et le gouffre de la Sécu, évoluer et les rarissimes citoyens qui n'admirent pas, béatement, notre nouvelle majorité pensent, sans doute à tort, qu'il n'est pas exclu que l'évolution soit catastrophique.
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