Le dernier fileur sagelacois.
SAGELAT
Pour les éventuels et rares internautes, aux tempes pepper-and-salt, les parents de Marie-Thèrèse laissent probablement des souvenirs et, vraisemblablement, une forte empreinte où l'humanisme a gravé, en lettres indélébiles, d'impérissables notions de constance et de générosité. Cette famille m'a fait l'honneur de m'associer à la cérémonie d'adieu de Raymond Laudy; le père de Marie-Thérèse et de Bernard. Il a été porté en terre le 21 juin.
Une maxime anonyme, qui se perd dans la nuit des temps, certainement bien antérieure au paternalisme de Lamennais, disait "Les bons maîtres font les bons serviteurs". Dans la filature Mismes-Laudy où l'hétérarchie supplantait parfaitement la hiérarchie ce précepte avait une résonance plus que renforcée et les témoignages des anciens, aujourd'hui il ne reste plus que Marcelle, qui ont connu cette épopée lainière à Lavergne, se passent de commentaires.
P.F |
Charles-Adrien Mismes.
Adrien était né le 3 mars 1884.
Son grand-père, Martial, a été meunier à partir de 1840, au moulin à foulon des Barils à Bessines-sur -Gartempe (Haute-Vienne). Il laisse le moulin à son fils aîné, François qui est devenu le premier filateur de la famille. Martial part s’installer au moulin de "Chez Lavergne" à Bourganeuf, dans
François, le père d’Adrien, transforme le moulin en filature et développe l’activité grâce à la fortune de son épouse. Ils ont 9 enfants, Adrien est le dernier de la fratrie. Tous les enfants participent et sont initiés au travail de la laine dès leur jeune âge. La plupart des garçons sont filateurs, l’une des 2 filles épouse un filateur de Treignac en Corrèze.
La filature des Barils revient à Eugène qui la fait prospérer et la transmet à son fils, François, qui la transforme en une importante usine employant un contremaître et une trentaine d’ouvriers. Malheureusement, la totalité des bâtiments est détruite après l’expropriation par
Adrien travaille aux Barils. Après avoir fait son service militaire dans la cavalerie, il est employé comme contremaître à la filature du Vieux Pont à Bessines. Il avait une dizaine d’ouvriers sous ses ordres. Il filait la laine pour les tapisseries d’Aubusson.
Pendant la guerre de 1914-1918, il est affecté aux soins des chevaux.
Il épouse Louise Pétavy, à Bessines, le 17 octobre 1918. Orpheline à 6 ans, elle était partie à Paris. Elle travaillait comme cuisinière chez l’amiral Lefèvre. Elle était très appréciée par cette famille.
Je crois bien reconnaître, au second plan, au centre de cette image plus que mi-séculaire Cyprien-Roger Faget et son épouse Georgette.
Au décès du propriétaire de la filature, M. Sallandrouze, en 1933, l’activité s’est arrêtée. François, son neveu des Barils, lui indique la Filature de Lavergne à Sagelat, en Dordogne, où la famille va s’installer. Après la guerre, il souhaitait l’acheter mais le propriétaire, Gaston Chansard ne voulait pas vendre.
En août 1949, Adrien et Louise achètent la carderie de DAGLAN, située à
Mes grands-parents faisaient les foires avec une camionnette C4 pour vendre leur laine et acheter la laine brute aux éleveurs de moutons. C’est au retour d’une foire à Monpazier, le 8 décembre 1949, qu’ils ont eu un accident grave. La camionnette est tombée en panne.
Pendant le remorquage avec une corde, celle-ci a provoqué un choc, Louise qui avait la main sur la poignée de la portière a été éjectée et elle est décédée sur le coup. C’était une forte personnalité, elle assurait toute la gestion, maison et usine. Adrien n’a pas surmonté sa disparition, il est décédé d’un accident cérébral 6 mois après, le 2 juillet 1950.
Sa fille aînée, Madeleine, a hérité de la filature. Son mari, Raymond, a assuré la suite de l’activité professionnelle jusqu’en 1985, date à laquelle ils ont pris leur retraite. La filature a fermé définitivement.
Richard et Louise Gorce à l'époque où Lavergne vivait dans l'harmonie autour de la filature. Qui sont les fillettes figurant sur cette image?
Toujours Georgette et Cyprien-Roger mais pour les autres... Les appareils numériques, à cette époque, bien entendu, n'existaient pas.
C'était en juillet 1946, Madeleine et Raymond venaient de se dire oui. Un ménage exemplaire venait de se former. 60 ans après, en 2006, Madeleine et Raymond, après leurs noces de "diamant", fortement émus, sont passés à Lavergne où ils ont été gentiment accueillis par les résidents de l'ancienne filature.
1950. Les belles pages de Lavergne sont tournées c'est maintenant sur les bords du Céou, à Daglan, que les Laudy prennent leurs marques. Ils ne sauront cependant oublier leur passage sur les berges de la Nauze qu'ils ont quittées après ce douloureux 8 décembre 1949, le plus lointain et triste souvenir de ma toute petite enfance. Je ne l'oublierai jamais.
L'ouverture officielle des hostilités de la terrible première guerre mondiale va, le 3 août, se placer un siècle en arrière. Adrien eut la chance de survivre à cette redoutable guerre.
Adrien Mismes, à gauche sur l'image, est le seul avec un pantalon clair.
Louise Pétavy-Mismes.
Louise Mismes à gauche sur l'image et x à droite.
Grand merci Marie-Thérèse. Ta grand-mère maternelle, [quelle personnalité et quelle classe] boucle ce pèlerinage familial. Tu sais, bien sûr, qu'elle reste et restera toujours dans nos coeurs.
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