"Ne les oublions pas !"
Hier, 24 juin 2016, le monde a découvert qu'une fracture, une de plus, venait de disloquer une vieille nation. Cette fracture se révèle bien plus affligeante que le Mur d'Adrien ou la faille physique de la River Tweed et le Solway Firth. Je me garderai de donner raison ou tort à celles et à ceux qui ont pris l'initiative de cette rupture temporelle, ou qui l'ont validée, tant l'équation était complexe et où des sensibilités ô combien différentes ont, d'un côté comme de l'autre, fait cause commune.
Ce n'est pas pour me faire l'apologue d'un assemblage historique circonstanciel, ignorant l'équité et la solidarité indispensables qui pourraient être le ciment d'un vieux continent toujours à la recherche d'un équilibre harmonieux, que j'ouvre la page de ce blog du 24 juin.
Ce mémorial, au pied de la colline belvéso-monplaisanaise Saint Jean, n'est plus le lieu de la commémoration du 24 juin. Il n'en demeure pas moins un lieu de mémoire.
Hier, donc, j'ai reçu un courriel qui m'a interpellé par sa brièveté mais surtout par la puissance de son extraordinaire lucidité affective. "Ne les oublions pas !" C'est avec cette impérative et succincte phrase que Claudine Wroblenski, 72 ans après l'assassinat de son père par les hordes nazies, exprima l'hommage qu'elle aurait voulu rendre, le 27 mai dernier, à son géniteur, si les vicissitudes de cette fin de mois de mai ne l'avaient amenée à ne pouvoir le faire.
Claudine n'a malheureusement pas eu la joie de connaître son père, ce partisan tombé sous le tir cruel de conquérants haineux et diaboliques en passe de perdre leur criminel et insupportable envahissement des terres et, bien plus grave encore, d'écraser la liberté.
Non, Claudine, ton père, tout comme ses compagnons, ne sera pas oublié de sitôt. Chaque année, tu t'imposes naturellement ce devoir de mémoire que l'on doit à ses parents et que l'on doit, plus encore, à ceux dont les noms figurent sur les mémoriaux.
Aussi loin que je puisse me rappeler, je vois ces stèles, jalons de nos routes, érigées presque spontanément par ces compagnons des partisans pour rappeler le sacrifice de leurs compères. Je me souviens de ces cortèges de novembre, de Sagelat à la plaque des morts de la Guerre de 14/18, où les écoliers précédaient leurs aînés, qui s'arrêtaient pour un fleurissement de la stèle de la Résistance. C'était Sèverin, un des cadets de l'école, qui devait gravir les rustiques et sommaires marches de l'accès à ce mégalithe pour déposer la gerbe. En juin, c'était le pèlerinage laïque des partisans qui, chaque année, attestait que l'on ne pouvait oublier. Je me rappelle aussi de cette stèle primitive où les noms des quatre partisans figuraient sur une plaque en bois et qui, à la demande des résistants, a été remplacée par une plaque de marbre.
Les noms de ces quatre partisans dont les patronymes, à sonorité slave ou française, signifient bien que ces braves partisans ne connaissaient pas dans leur fronde, la cassure artificielle des frontières mais étaient fortement empreints de la communauté de cœurs que Paul Éluard magnifia dans son poème "Liberté".
Merci Claudine pour ton message empreint d'une reconnaissance filiale qui, certainement, touchera toutes celles et ceux qui savent que nous sommes d'éternels débiteurs envers celles et ceux dont nous nous devons de, précieusement, garder la souvenance dans nos consciences.
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