Quel tumulte !
Le Buisson.
Depuis le 18 janvier "Ici bas", le film bouleversant réalisé par Jean-Pierre Denis, brillamment interprété par Céline Sallette, Éric Caravaca et François Loriquet, passe en salle.
Samedi 21 janvier le cinéma Lux avait l'avantage de présenter, en présence de son réalisateur, ce chef d'œuvre à ses cinéphiles. Bien entendu il n'y avait pas une place de libre.
Salué par la critique, avec des notes étincelantes, allant de La Croix à l'Humanité ce film ne pouvait que plaire aux cinéphiles Dordognais qui voyaient dans ce drame la restitution d'une tragédie qui secoua la Résistance du département.
Pour Jean Roy, dans "l'Humanité", Jean-Pierre Denis filme, avec la pudeur et la retenue qu'on lui connaît depuis son premier essai, cet amour impossible (...). Jean-Pierre Denis fait partie de nos meilleurs cinéastes de la discrétion.
Pour Jacques Mandelbaum, dans "Le Monde", Jean-Pierre Denis, en prenant le parti de la sobriété et de l'intériorité, s'en tire avec les honneurs. (...) il descend avec ses remarquables interprètes (...) au plus profond de la vérité et du mystère de ces personnages (...).
Bruno Garrigue, J-Pierre Denis et Christian Dutreuilh.
Jean-Pierre Denis, venu spécialement au Buisson, ce samedi 21 janvier, où il fut accueilli par Bruno Garrigue, a bien précisé que son film s'avère un dosage d'un douloureux fait historique, Sœur Luce a bien existé mais sous un autre nom, Luce étant son prénom authentique, et d'une fiction cinématographique. Le réalisateur, pour éviter de rouvrir des plaies et par décence, notamment pour respecter les familles, a cependant, donné à son œuvre une trame de fiction.
Rappelons qu'une religieuse, pétrie de foi, chancelle et tombe sous la fascination d'un jeune aumônier, Martial, qui s'engage dans la Résistance.
Tout dans ce film se révèle poignant. La dureté d'une période sous l'occupation, les affrontements physiques de l'occupant et de la Résistance. Le réalisateur a du cerner sa trame, le nombre de lettres anonymes adressées à la Kommandantur, probablement, diffère de la réalité. La scène de l'enlèvement de la religieuse ne s'est pas passée de la même manière.
Jean-Pierre Denis dit seulement deux mots couverts sur son titre empreint d'une puissante métaphore. Il a mis au second plan tout ce qui n'était le pivot de son drame. Les occupants, eux-mêmes, n'ont pas, dans ce film, le coté barbare du nazisme. On les voit, certes, en intrus conquérants mais pas sous l'angle maximal des brutes qu'ils étaient ; ils étaient, là, presque dans un affrontement à la régulière.
La scène forte de l'amour physique de la religieuse qui, dans la douleur, s'offre à son amant doit traduire une douleur physique, certainement, mais surtout une "faute lourde partagée" avec brutalité et remords.
La passion trahie, l'aumônier Martial se détourne de la foi et de sœur Luce, va pousser le déchirement au plus haut niveau.
Soulignons, aussi, l'émotion des partisans amenés, avec l'accord du clergé, dans un tourment extrême, à assumer la justice des hommes.
Jean-Pierre Denis lors de sa rencontre avec le public, au Buisson, a pratiquement refait le film. Il a rendu hommage aux deux acteurs principaux Céline Sallette et Éric Caravaca.
Jean-Pierre Denis, était venu au Buisson, avec son ami l'abbé Christian Dutreuilh, chroniqueur de cinéma, qui a su, toujours avec humour, souligner les points clé du film et y revenir.
Répondant, avec une belle boutade, à la question "Êtes vous croyant ou agnostique", Jean-Pierre Denis, avec une aisance assurée, dit les deux… ce qui suscita le rire de l'auditoire. Bien entendu il développa cette saillie pour démontrer le rôle de sa place créative et artistique dans une thématique aussi complexe.
Jean-Pierre Denis n'est, en rien, comparable à un autre. Rappelons que cet autodidacte, né le 26 mars 1946 à St Léon-sur-l'Isle, étaye son profil atypique. Jean-Pierre Denis fonctionnaire des douanes a su prendre de longs mois de disponibilités pour sa passion cinématographique. Que de chemins parcourus depuis son premier long métrage,"Histoire d'Adrien", première fiction tournée entièrement en langue occitane, pour lequel il a obtenu la Caméra d'or au festival de Cannes de 1980 ! Depuis son palmarès prestigieux lui a valu de revenir sur la Croisette en 1987 pour "Champ d'honneur", cette fois dans la sélection officielle pour la Palme d'or. Son film le plus connu du grand public est sans aucun doute "Les blessures assassines", en 2000, qui lui vaudra ses premières nominations aux Césars.
Ce palmarès, assurément, à ce jour, n'est pas bouclé.
Le verre de l'amitié.
Texte et photos Pierre Fabre.
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