Regard sur les évolutions démographiques de notre ruralité profonde.
Ce n'est pas humiliant d'être l'entité la plus modeste. Le chiffre de la population donne simplement un décompte et nul, a priori, n'est coupable des occurrences ("Ils seront flics ou fonctionnaires". Jean Ferrat) qui font que les populations souhaitent se fixer plus ici qu'ailleurs.
Pensez aussi à cette vieille maxime "Le lit de la misère est fécond" qui rappelle que nos ancêtres, bien trop nombreux dans ces terres rugueuses, pour survivre dignement, ont du affronter des conditions ô combien difficiles !
Connaissez-vous bien Villefranche ? Pas si sûr. J'y ai mangé au restaurant ou j'y ai acheté des cèpes ! Allez donc ! Jetez un petit coup d'oeil interrogatif au site officiel de cette commune http://www.villefrancheduperigord.fr/ et prenez le temps de consacrer à cette vieille bastide française un après midi, en famille si possible, ou avec des amis et vous rentrerez chez vous en ayant la certitude que vous n'aviez, jusqu'ici, qu'effleuré cette gentille cité. Au retour empruntez le chemin des écoliers et consacrez une escale à Besse et à sa superbe église romane restaurée, puis à Prats, aux sources de la Lémance, admirez l'envolée de celle de ce village. Enfin, si vous trouvez la personne qui en détient la clé, pénétrez dans l'édifice cultuel et fortifié d'Orliac avant de glisser vers la bucolique et discrète vallée de la Beuze pour revenir vers vos logis empreints de la force transmise par la sérénité de notre ruralité.
On peut, certes, s'émouvoir quand une activité fuit la localité pour se déporter ailleurs pour les motivations économiques que l'on connaît. Tarbes, Bourges et Tulle ont perdu gros avec le démantèlement de leurs arsenaux tout comme Bergerac et St Médard-en-Jalles, avec l'effondrement des poudreries, mais là on aborde un douloureux problème sociétal où la seule réponse cohérente est de pouvoir réorienter les savoir-faire. Tonneins, certainement, avec son activité tabacole, affichait un positionnement social difficilement positif et exemplaire pour la santé de nos concitoyens. Il faut bien admettre que pour exploiter le massif forestier on a besoin de beaucoup moins de bras qu'en 1930 et les machines agricoles de notre siècle ont éliminé les milliers de journaliers du début du siècle précédent.
En Dordogne, jusqu'au dernier recensement, on chiffrait la population cantonale de Villefranche-du-Périgord à 2362 habitants et à 2293 pour Monpazier. La densité était quasiment la même ; soit 16 ou 15 habitants au Km2.
Le dernier recensement a inversé le classement en faveur de Monpazier qui compte une population, dite municipale, de 2385 habitants tandis que Villefranche passe à 2335.
Ces glissements mineurs modifient donc le classement des deux cantons les moins peuplés du département.
Pour la toute petite histoire on retiendra que l'écart infinitésimal entre Monpazier et Capdrot, sur le fil, donne l'avantage à Monpazier [Capdrot 510 Monpazier 511] mais, bien entendu, avec une densité difficilement comparable.
Au dessus des chiffres figurent les années de référence. |
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1793 |
1800 |
1806 |
1821 |
1831 |
1836 |
1841 |
1846 |
1851 |
Monpaz |
949 |
1 028 |
1 033 |
1 027 |
1 061 |
1 127 |
1 133 |
1 187 |
1 133 |
Villefr |
1 302 |
833 |
1 312 |
1 400 |
1 712 |
1 808 |
1 920 |
1 927 |
1 938 |
Belvès |
1 798 |
2 099 |
2 181 |
1 944 |
2 263 |
2 513 |
2 529 |
2 400 |
2508 |
|
1856 |
1861 |
1866 |
1872 |
1876 |
1881 |
1886 |
1891 |
1896 |
Monpaz |
1 088 |
1 025 |
1 076 |
981 |
994 |
978 |
883 |
886 |
812 |
Villefr |
1 838 |
1 869 |
1 815 |
1 641 |
1 595 |
1 520 |
1 592 |
1 543 |
1 507 |
Belvès |
2 473 |
2 392 |
2 517 |
2 368 |
2 386 |
2 277 |
2 242 |
2 182 |
1 988 |
|
1901 |
1906 |
1911 |
1921 |
1926 |
1931 |
1936 |
1946 |
1954 |
Monpaz |
749 |
731 |
694 |
609 |
683 |
686 |
703 |
692 |
610 |
Villefr |
1 333 |
1 226 |
1 160 |
1 015 |
945 |
910 |
926 |
937 |
917 |
Belvès |
1 909 |
1 863 |
1 807 |
1 609 |
1 642 |
1 680 |
1 656 |
1 636 |
1 787 |
|
1962 |
1968 |
1975 |
1982 |
1990 |
1999 |
2006 |
2008 |
2010 |
Monpaz |
664 |
656 |
558 |
533 |
531 |
516 |
533 |
516 |
511 |
Villefr |
912 |
844 |
808 |
799 |
827 |
806 |
774 |
766 |
759 |
Belvès |
1 572 |
1 630 |
1 623 |
1 581 |
1 553 |
1428 |
1503 |
1432 |
1450 |
Canton de Monpazier. |
|||||||
1962 |
1968 |
1975 |
1982 |
1990 |
1999 |
2006 |
2011 |
2 405 |
2 244 |
2 114 |
2 101 |
2 176 |
2 194 |
2 314 |
2 385 |
Canton de Villefranche-du-Périgord. |
|||||||
1962 |
1968 |
1975 |
1982 |
1990 |
1999 |
2006 |
2011 |
3 127 |
2 924 |
2 704 |
2 574 |
2 512 |
2 388 |
2 389 |
2 335 |
Canton de Belvès. |
|||||||
1962 |
1968 |
1975 |
1982 |
1990 |
1999 |
2006 |
2011 |
4 524 |
4 364 |
4 096 |
4 155 |
4 126 |
4 013 |
4 277 |
4 365 |
Et Monpazier vous connaissez ? Cette belle blague ! Cela mérite pourtant réflexion. Y êtes vous passé autrement que pour autre chose qu'une animation festive, ou une fugitive escale à la terrasse d'un café, ou pour un achat dans un commerce quelconque ? Vous savez que cette bastide anglaise présente de superbes arcades mais connaissez vous ses andrones, ses "carreyrous", ses fontaines et tout ce qui fait que l'on méconnaît les villages qui nous entourent parce que l'on croit que l'on a rien à y découvrir. Si vous ne l'avez fait cliquez sur http://www.monpazier.fr/ et mieux, dès les premiers beaux jours, enfourchez votre bicyclette, de grâce évitez d'emprunter votre voiture, vous surprendrez, ainsi, quelque pans des reliquats de la Forêt de Capdrort où, jadis, le malheureux tribun Buffarot se démena tragiquement pour les plus humbles, vous verrez les plus hautes sources de la Couze et vous surprendrez l'oppidum de Biron à l'horizon.
Attardons nous un peu sur les courbes respectives de Monpazier, Villefranche et Belvès.
On constate que depuis la Révolution le classement demeure immuable. Les chiffres les plus élevés pour Belvès, 2529 en 1841, pour Villefranche, 1938 en 1851 et, pour Monpazier, 1187 en 1846, font apparaître des nuances dans les évolutions avec cependant le pic le plus élevé intervenant après les ravages de l'Empire.
La deuxième observation est liée à l'écrasement, plus sensible à Monpazier qu'ailleurs, suivant l'arrivée du chemin de fer vers 1863. Monpazier, avec l'arrivée de la Troisième République n'atteindra plus le millier d'habitants. On remarque, par ailleurs, que Belvès, plus proche de sa gare que Villefranche, tire son épingle du jeu. Le chemin de fer a, cependant, joué un rôle négatif dans l'exode rural.
Troisième et dernière observation le phénomène lié au philloxera, qui éradica le vignoble, laisse apparaître une chute considérable à la charnière du siècle précédent où Belvès peina à conserver son deuxième millier d'habitants et Villefranche-de-Belvès, qui devint du Périgord, glissa vers le millier d'habitants en un quart de siècle.
On ne peut parler de cités adjacentes dans aucun des trois chef lieux de canton cependant Monpazier, avec Marsalès à ses portes et, surtout sa périphérie fusionnelle avec Capdrot, déborde largement de ses murs. Pour Belvès, dans une certaine mesure, on peut assimiler les écarts monplaisano-sagelacois de Fongauffier et de Vaurez qui ont grossi la localité extra-muros et, depuis une trentaine d'années, les déports vers l'ouest se multiplient, sans pour autant faire monter le chiffre dans une proportion importante. Ils dépeuplent le cœur de la cité et redonnent des couleurs à St Pardoux.
Il faut nuancer les chiffres de Villefranche, depuis 1960, avec l'adjonction d'une petite trentaine d'habitants, héritage de St Étienne-des-Landes, et enfin, pour Belvès, il faut considérer qu'une petite centaine d'habitants était comptabilisée, jusqu'en 1970, à Fongalop. Les chiffres à amender paraissent donc en italique.
Pierre Fabre.
Dans la semaine.
Les frelons. Le périhélie. Retour sur la chandeleur à Sagelat. Les bruissements et murmures des municipales.
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