Un sentier pour les promeneurs
Les promeneurs, les cavaliers et les adeptes du patrimoine vont saluer le récent "rétablissement" du chemin rural reliant les Crouzettes [embranché sur la R.D n° 52] aux hauteurs de Juille ; voie communale de l'Escabanes à Pérasclou.
Cette réhabilitation est, surtout, à porter au crédit de Joël Eymet, le premier maire-adjoint de Sagelat, qui a su faire avancer l'idée. Cette réhabilitation, peu coûteuse devrait, par ailleurs, être financée, en partie, par le Conseil général.
Joël Eymet sur le sentier des Crouzettes à Juille.
Situons ce chemin. Ce chemin rural, sur une courte section d'environ 200 à 300 mètres, était obturé par la végétation depuis bien longtemps.
Son tracé permet de raccourcir l'itinéraire des hauteurs juilloises vers les Crouzettes, la Pique et même Vaurez et Belvès. La motorisation du XXème siècle lui a fait perdre une bonne part de sa première fonctionnalité.
Les usages évoluent, en fonction de l'époque ; au XIXème on allait à l'Opéra pour être vu, au XXIème les adeptes de la musique vocale classique vont à l'Opéra pour voir et entendre. Au XIXème on empruntait les chemins ruraux par pure nécessité, au XXIème, très souvent, on les recherche pour apprécier la campagne, pour le loisir, pour leur calme et pour la promenade. N'oublions, tout de même, pas que de très nombreux chemins ruraux sont indispensables pour atteindre des demeures isolées ou des parcelles privatives éparses qui, sans eux, seraient enclavées.
Un petit rappel. Les chemins ruraux que nos aînés, très souvent, appellent, avec une forme du respect dû au patrimoine commun, des chemins classés appartiennent au domaine communal. Ils sont des biens privatifs communaux ; au même titre que la cour de l'école ou la place du village.
Rappelons qu’un chemin rural est la propriété de la commune. L’article L 161-1 du Code rural définit ces chemins comme ceux appartenant aux communes affectés à l’usage du public qui n’ont pas été classés comme voies communales par une décision du conseil municipal. Ces chemins font partie du domaine privé de la commune à la différence des chemins communaux qui relèvent du domaine public
Un patrimoine en danger permanent. L'obsolescence de nombreux chemins a fait que de très nombreux propriétaires riverains, probablement sensibles au raccourci philosophique attribué à Proudhon*, se sont appropriés, sans vergogne, des sections de chemins ruraux, parfois avec une douce bienveillance d'exécutifs municipaux plus favorables à leurs réélections qu'à la sauvegarde du patrimoine multi-séculaire légué par nos ancêtres.
Rétablissons nos chemins ruraux. Les chemins ruraux, ceux qui sortent de leur léthargie, reprennent vie non pour irriter qui que ce soit mais pour permettre de jouir, en parfaite sécurité de la campagne. Il y a cinquante ans et plus les paysans du secteurs admettaient -ou toléraient- le passage des voisins sur leurs parties privatives, sur leurs chemins de servitude ; cela faisait partie des us et coutumes. Les personnes connaissaient le travail des ruraux et le respectaient. Les enfants jouaient dans les prés sans même demander l'accord des propriétaires qui, tacitement, l'autorisaient.
Ces époques sont révolues et jamais le négoce des panneaux "propriété privée" renforcés par un "défense d'entrer" n'a été aussi florissant.
Pour pouvoir pénétrer, au plus près, en toute sécurité, dans nos campagnes il faut sauvegarder ce qui nous reste de chemins ruraux.
On imagine bien mal une évolution pédestre qualitative sereine et appréciée au bord de la R.D 710 !
Et maintenant. Il faut espérer que cet itinéraire sera utilisé par les promeneurs et les cavaliers ; car rien n'est plus défavorable à la pérennité des chemins que leur non-utilisation.
* "La propriété... c'est le vol". Pierre-Joseph Proudhon (né le 15 janvier 1809 à Besançon, mort le 19 janvier 1865 à Passy, en France) est un polémiste, journaliste et économiste, authentique socialiste souvent taxé d'anarchiste. Qu'est ce que la propriété ? ou Recherche sur le principe du Droit et du Gouvernement, 1840, réédition 1926.
Texte et photo Pierre Fabre.
Demain nous remonterons à Monplaisant pour voir où en sont les travaux de la future maison commune.
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