Aujourd'hui, 8 janvier 2014, bicentenaire de "La trahison de Murat".
Le 8 janvier équivaut au 19e jour du mois de nivôse dans le calendrier républicain français, officiellement dénommé jour du marbre.
Le 8 janvier 2014 c'est le le bicentenaire d'un fait historique appelé " La Trahison de Murat".
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Des reliefs du Quercy au port de du Pizzo. Celles et ceux qui, dans leur enfance, ont été captivés par "Sans famille", le roman d'Hector Malot, ont appris que Joachim Murat avait eu une naissance, dite de basse extraction. Vitalis, passant en Quercy, dit à Rémi, l'enfant héros du roman, que dans ces collines naquit un homme qui, tour à tour, fut garçon d'écurie et roi. À la surprise de Rémi il apprit que son protecteur, qui, en fait, était le ténor Carlo Basani, un chanteur d'opéra, l'avait connu quand il était roi.
Tout cela c'est la fiction romanesque de Malot mais le personnage de Joachim Murat a bel et bien existé. Il naquit le 25 mars 1767 à Labastide-Fortunière, aujourd'hui Labastide-Murat, village quercynois, onzième et dernier enfant d'une nombreuse famille d'aubergistes. Cela c'est la petite histoire.
Murat mourut le 13 octobre 1815 à Pizzo (Calabre). Rappelons qu'il fut maréchal d'Empire, de 1806 à 1808grand-duc de Berg et de Clèves, prince français et roi de Naples de 1808 à 1815.
Il fut aussi le beau-frère de Napoléon Ier, par son mariage avec Caroline Bonaparte.
Murat est allé à la rencontre de la grande histoire.
Son itinéraire a suivi les méandres de l'histoire au point de le voir devenir, le 1er août 1808, roi de Naples.
Si Murat s'est toujours assis sur l'éthique, il a accompagné l'assassin de notre première République en participant activement au coup d'État du 18 Brumaire, an VIII, 9 novembre 1799, c'est lui qui entra à la tête de 60 grenadiers dans la salle des Cinq-Cents et prononça la dissolution du Conseil, ce chef d'œuvre de versatilité, n'était point couard et, comme général, il connut la charge en tête. À cette époque les généraux n'étaient pas, comme de nos jours, à l'abri mais en première ligne. Il fut sévèrement blessé à Aboukir ; ce qui lui valut sa troisième étoile.
Les multiples épisodes suivants le lient à son empereur qui le 1er août 1808, le promeut roi de Naples.
Après la retraite de Russie, Napoléon charge Murat du commandement en chef. Le 5 décembre 1812 ce commandement revint au prince Eugène tandis que Murat rentre à Naples...
La trahison, qui est un acte d'intelligence avec l'ennemi, fait partie de l'histoire au même titre que l'alcool fait partie du vin, cependant les traîtres l'abhorrent quand elle les dessert. C'est un peu la farce traduite au cinéma par les Frères Lumière avec "l'arroseur arrosé".
La trahison. Le vassal affirme son attachement à Napoléon cependant, le 8 janvier 1814, un traité d'alliance entre l'Autriche et Naples est signé. C'est ce qu'on appela la « trahison de Murat » !
En effet, il suit les conseils de Fouché et de sa femme Caroline Bonaparte, la propre sœur de l'Empereur. Murat signe un accord avec les Anglais et les Autrichiens. Il s'engage à fournir 30 000 hommes contre le maintien de sa couronne. Il combat donc le Prince Eugène. Napoléon doit abdiquer et doit partir pour l'île d'Elbe. En attendant les Bourbon refusent de reconnaître la légitimité de Murat sur le trône de Naples. Tout change lorsque Napoléon débarque de l'île d'Elbe. Il rejoint alors l'Empereur, l'assure de sa fidélité, s'empare de Modène et de Florence, mais il est battu à Tolentino. L'insurrection menace dans son royaume de Naples et Murat se retire à Gaëte. Son trône perdu, Murat rejoint Cannes mais Napoléon n'est guère disposé à lui pardonner sa traîtrise. Murat apprend le désastre de Waterloo, il rejoint Toulon et tente d'embarquer pour le Havre sans succès. Sa tête est mise à prix par les ennemis de l'empire. Murat doit se cacher puis s'enfuit en Corse. Entouré de partisans, il pense pouvoir retrouver son trône de Naples mais il tombe dans un piège. En effet, il aurait pu se rendre en Autriche où on l'assurait qu'il aurait la vie sauve contre son abdication mais des agents napolitains le trahissent en lui affirmant qu'il était attendu les bras ouverts à Naples.
Les Calabrais ont mis un terme à ses espoirs. Une expédition, 250 hommes et six navires, est montée à la hâte par Murat. Elle partit d'Ajaccio, le 28 septembre 1815. Elle arriva le 8 octobre devant le petit port calabrais du Pizzo. Croyant soulever l'enthousiasme de la population, Murat et ses partisans débarquent. La foule leur est hostile.
Il est capturé et enfermé dans le petit château du port du Pizzo où il est condamné à mort et fusillé le 13 octobre 1815. Il écrit plusieurs lettres, en particulier à sa famille. Le 13 octobre le roi Ferdinand prend un décret par lequel « il ne sera accordé au condamné qu'une demi-heure pour recevoir les secours de la religion ».
Ainsi, le procès était joué d'avance. Murat, homme de circonstances, se serait montré courageux lors de son exécution.
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On notera que Murat eut vent de Waterloo. Avec des "si" on changerait la face du monde et le cours de l'histoire. Tous les scénarios seraient imaginables "si" Grouchy était arrivé à Waterloo avant Blücher. Les hypocrites flatteurs qui, sans vergogne, rampent aujourd'hui au pied du "président à temps compté" seraient, peut-être, réduits à ramper au piédroit d'un descendant de l'Homme du 18 brumaire. La géométrie variable de l'Europe aurait probablement oscillé différemment mais si l'on a le droit de formuler des hypothèses on n'a pas le droit de récrire l'histoire.
Si le blog trouve un repreneur, l'an prochain, sera abordé, le 8 janvier, le bicentenaire de la fin de la guerre anglo-américaine de 1812, avec la bataille de La Nouvelle-Orléans. Cette guerre donna la victoire à Andrew Jackson, elle s'inscrit sur le socle fondateur des États-Unis d'Amérique du Nord. |
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