Fongauffier-sur-Nauze

Fongauffier-sur-Nauze

Ce fut la sixième et dernière balade de l'été 2013.

Nos sentes, nos chemins, nos routes de la ruralité profonde, nos bosquets, nos villages, nos lieudits, nos petites rivières, nos ruisseaux et nos rus sont tous des livres de la petite histoire de nos campagnes et des pièces inestimables s'invitant de ce sanctuaire unique qu'est la Nature. Il faut savoir les aimer et les découvrir non comme des touristes pressés mais avec la sérénité qui sied aux amis de nos biens les plus précieux que sont la Terre, l'eau et l'air.

 

 

Notre dernière balade estivale vaut bien un petit compte rendu pour donner quelques envies à d'autres de l'effectuer, par exemple, lors d'une belle journée automnale. On ne saurait que recommander de la concevoir sur une journée entière, avec un pique nique à mi parcours, pour ne pas passer en ignorant la kyrielle des lieudits traversés ou simplement à portée du regard.

 

Il est 7 h 30, ce calme lundi du 2 septembre, quand notre groupe se forme à la Croix des Frères. Notre ami Pierre est décoiffé pour le doyenné de notre université cycliste ; celui-ci échoit à Alfrédo, un habitué des plaines du Saintonge, dont les anciennes racines transalpines honorent les grands noms du cyclisme de la péninsule romaine. Alfrédo est  le père de notre amie Carole de l'O.T de Belvès. Bien qu'il ait 77 ans [le dernier âge des lecteurs de Tintin]  il s'imposa comme le plus solide élément de cette sortie. Notons qu'Alfrédo, sportif de très haut niveau, a connu des parcours qui, avec beaucoup de générosité, relégueraient notre sortie au niveau d'un tout petit hors d'œuvre.

Nous quittons la côte 165 pour filer vers Monpazier en empruntant la R.D 53. Dans un premier talweg, sous Les Cantaysses, alt. 176, on peut voir un fossé à sec d'où, très rarement, partent les plus hautes eaux de la Couze. Le faux plat nous amène sous le bourg de Fongalop, alt. 204, et nous prenons quelques dizaines de mètres pour atteindre la côte 250 de la Croix Brûlée ou se partagent les eaux des plus hauts adjuvants de la Couze. Une première ivresse de descente, dans la déclivité du Fromental, nous fait basculer des terres du pays belvésois au Monpaziérois. Les derniers bosquets de la Forêt de Capdrot nous font découvrir le fossé d'un ru, à sec, qui démarre sous Puyfermier et le mamelon saint-marcorien du Preyssac, côte 200. Ce ru ne grandira que vers St Avit Rivière où, après un écoulement de quelques hectomètres, il se perdra dans la Couze. La petite côte du Conte nous hisse à 233 mètres avant la glissade vers la bastide  de Monpazier. Invisible, mais bien présent, à quelques mètres sur notre gauche, côte 207, nait à Moulinio  le ruisseau du même nom.

 

Avant de pénétrer dans les vieux murs monpaziérois qui tutoient la côte 200 on jette sur la gauche un petit coup d'œil sur le château de Biron, demeure chargée d'histoire. Ce château fut, un temps, la demeure Charles de Gontaut, duc de Biron, né en 1562 à Saint-Blancard, et mort le 31 juillet 1602. Ce militaire français des xvie et xviie siècles, Maréchal de France, fut célèbre pour l'amitié que lui porta Henri IV, qu'il a pourtant trahi. Notons que le vent de la Réforme secoua les portes de ce château de Biron et son hôte illustre louvoya entre la religion des protestants et celle des papistes qu'il ne quitta point.

La légende veut qu'il ait répliqué à Henri IV lui demandant "Biron qui t'a fait comte" par cette insolence audacieuse "Et toi qui t'a fait roi".

Il semblerait que cette légende populaire des chaumières du Périgord soit de la plus haute fantaisie mais le Béarnais, qui avait pardonné une fois, n'apprécia pas une seconde déloyauté de son vassal. Laissons les historiens et les dramaturges débattre de ce point d'histoire.

L'histoire de la trahison de Biron, ainsi que son procès, ont été mis en scène par le dramaturge anglais George Chapman (1559 ?-1634), dans une double pièce intitulée The Conspiracy and Tragedy of Charles Duke of Byron (1608).

Gérard de Nerval fait allusion à ce Biron dans son poème El Desdichado

" ... Suis-je Amour ou Phœbus, Lusignan ou Biron,... "

mettant côté à côté le roi de Jérusalem Guy de Lusignan, parangon de chevalerie moyenâgeuse, et le traître.

 

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Pierre, votre serviteur, Alain, Alfrédo et Andrew sur la  place des cornières à Monpazier.

 

Après une courte escale dans la plus petite commune du département, où un employé municipal monpaziérois a bien voulu cliquer sur le déclencheur de l'appareil photographique  pour mémoriser notre sortie, nous prenons la descente vers le Moulin de Serre. Là nous sommes pour quelques kilomètres en terre Gaugeacoise. Nous laissons, sur notre droite, l'église St Pierre au Lien et, sur notre gauche, la mairie rurale de Gaugeac implantée dans le mitage des moulins de la Rousselle, de la Rouquette, de Roussie et de David. Sur la R.D du Dropt le château de St Germain domine la vallée que, certainement, jadis il a surveillée.

Nous apprécions le revêtement de bonne qualité de cette R.D n° 2 et ce profil bien doux où les tours de pédale s'effectuent sans effort.

Nous quittons avec un petit regret Gaugeac pour aborder le hameau de Labrame, écart de Vergt-de-Biron,  très connu pour ses sources, qui stimulent le Dropt.

 

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Le dolmen du Point du jour, une pièce patrimoniale à voir.

 

À quelques hectomètres, alt. 114 nous sommes "Au point du jour" et là, en limite des départements de la Dordogne et du Lot & Garonne nous nous approchons du spectaculaire dolmen que la limite naturelle du ru de Barège a placé en Dordogne pour un petit décamètre.

 

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 Andrew devant la face orientale du dolmen.

 

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La borne bi-départementale. Elle mesure environ 1,70 mètres. ce type de borne devient de plus en plus rare.

 

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 Villeréal 8,3 Km.

 

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Monpazier 6,2 Km.

 

Nous rentrons chez nos voisins lot & garonnais, notre R.D n° 2 devient la la R.D 104 lot & garonnaise, toujours en suivant le Dropt, en bordure des basses terres de St Martin de Villeréal. Nous saluons l'ancienne minoterie de Mascar, le ru du Terme du Dropt, Coustalou et son moulin, Fonvieille, rien à voir avec le controversé moulin de Daudet qui lui est en Provence, et prend un t en son milieu. Nous passons sous la côte 100,  98 pour être précis, et sautons le ruisseau, à sec, de Margagnotte. Bonjour au sol villeréalais que nous atteignons à Grange Neuve. Suivent La Margagne, Parisot où l'on laisse, sur la gauche l'écart du hameau avec sa chapelle et son cimetière. Nous voilà en Terre de Fiancette, curieux toponyme qui est aussi un patronyme peu porté, puis Bagatelle, sous Bayonne, la ville basque a-t-elle dépêché, jadis, un des siens dans cette entité du Pays villeréalais ? Cette hypothèse paraît possible.

Le ruisseau du Marlot franchi, côte 95, nous arrivons par Bruch et Laplagne à Villeréal, comme les Piémontais qui pénètrent à Nice, par la porte St Roch.

 

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Pierre photographie la plaque rappelant la fondation de Villeréal.

 

Nous voici donc, après Monpazier, dans une autre bastide. Celle-ci fut fondée en 1249. Elle eut pour voisines et concurrentes Monflanquin, Castillonnès, Eymet et Beaumont.

 

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Andrew devant la halle.  

 

Comme pour tant d'autres places fortes le Dropt qui la borde ne s'écoulait point, là, comme un long fleuve tranquille. Quand elle fut érigée le nord-est de l'Agenais était un pays de bois, une marche frontière du comté de Toulouse. C'est Alphonse de Poitiers, comte de Toulouse depuis 1249 par son mariage avec Jeanne de Toulouse, fille de Raymond VII de Toulouse qui va prescrire ces fondations villeréalaise.

 

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L'église  gothique était fortifiée.

 

Cette cité qui, tout de même, n'est pas parfaitement plate, côtes de 89 à 103, nous séduit par son architecture où les colombages soutiennent le décor mais aussi les immeubles.   

 

Nous quittons Villeréal pour nous diriger vers Beaumont en empruntant la R.D 679, ancienne route d'Agen à Paris. La sortie de la cité nous fait entrevoir son ancienne gare puis son haras et son hippodrome. Villeréal et Monpazier, modestes localités, ont ce point commun qui les unit aux chevaux.

 

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La borne bi-départementale indique Beaumont 11 Km et Monflanquin 18 Km. On devine plus qu'on ne lit.

 

Nous passons au Pesquié-bas et découvrons La Barthe, lieudit mitoyen de Rives et Villeréal, et nous quittons le Dropt dont les eaux sont bien basses. Sur Rives nous retrouvons la côte 101 au Caillaudier et- surprenons les écarts de Bariat avec la Rivière de Tréfons et passons le ruisseau Le Brouyssou puis traversons le ruisseau de La Fonsalade, fossé séparateur des départements Lot & Garonne et notre Dordogne que nous retrouvons.

 

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Comment avons nous pu le manquer ?  Ce sera l'objet de notre future attention.

Image Wikipédia. Auteur Jack Ma.

 

C'est dans la commune de Ste Sabine que nous retrouvons les pentes, plus ou moins sévères, du pays beaumontois. Les Martys, et oui il y a bien un s, Escoulades et la Peyrière bordent cette portion sainte-sabimoise de route. Nous parvenons à Nojal-et-Clottes et, à ma grande déconvenue, passons au piédroit du spectaculaire dolmen de Peyrelevade, lieudit bien nommé, sans l'apercevoir. Nous n'avons pas rencontré de personnes susceptibles de nous éclairer. Deux citoyens britanniques trouvés au bord de la route n'ont point compris de quoi il s'agissait.

 

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L'impressionnante église de Beaumont se dessine au second plan.

 

La commune de Beaumont s'ouvre à nous avec Blanc, aux Rocs, Mamont et les Peyères. Le toponyme de cette bastide n'est point usurpé, il faut, pour y accéder, gravir un escarpement qui, sur un kilomètre, nous fait prendre 54 mètres.

 

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Nous prenons une petite pause et un petit en cas avant de repartir vers la vallée de la Couze. La descente vers le Moulin de Taillades, alt. 74, bien vite, va nous amener vers le panneau de la R.D 26 qui rappelle qu'il reste 22 Kilomètres pour relier Belvès.

Sous le typique village de St Avit Sénieur, que nous laissons sur son promontoire, nous remontons la Couze par Pont Roudier, La Moulinotte, La Sellerie, Rogeyral et Combe Capelle. La jonction avec Montferrand se noue au lieudit La Couture.

À La Barrière Pierre pense à son oubli de changement de roue libre, il lui a valu un accès bien pénible dans ce superbe village, il y a une vingtaine de jours.

Nous franchissons les ouvrages du ruisseau de Fournier, puis du Ségurel et c'est sur la commune de Bouillac que nous traversons le hameau de Fargue de Caze et évitons le bourg.

 

SAINT-PARDOUX-ET-VIELVIC [24] - Chateau de Campagnac.

 

Château de Campagnac. Photo Michel Chanaud.

 

On approche du val du château de Campagnac, écart de Vielvic, qui fut cher à Michel Parillaud, récemment décédé, et enfin voici le poteau de Bos  puis Magnanie, alt. 183 m, là se termine le faux plat montant de 18 Km, ouf, et là le groupe se scinde. Les belvésois partent à gauche et les sagelacois recherchent la vallée du Gril pour rejoindre Vaurez puis Fongauffier et les collines.

 

La promenade s'achève, elle faisait 80 Km, comme prévu, vers midi. 

Il faudra la refaire en lui consacrant plus de temps.

 

La première promenade automnale, sur une journée, nous amènera sur les trois cingles, Trémolat, Limeuil et Le Bugue.

 

Ces promenades, faut-il le préciser, permettent de jeter un regard inhabituel sur notre patrimoine. Sur quelques kilomètres on observe bien des richesses architecturales différentes et l'on se rend compte que nos cantons, bassins de vie multi-séculaires, présentent des originalités sources de richesses de nos traditions locales. Elles portent les témoignages de toutes petites nuances de notre historicité occitane et de sa culture.

 

P.F

 

 

 

 

 



03/09/2013
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