Entre mysticisme et pragmatisme patrimonial.
MONPLAISANT
Entre mysticisme et pragmatisme patrimonial.
Maurice Teyssandier et Bernard Grenier au pied de la Croix de Coly.
Si l'on s'en tient à la signification de l'Académie française (éd. 1932-35) le mysticisme est une doctrine qui affirme la possibilité d'une union immédiate et intuitive de l'âme avec Dieu ; cette union constituant une forme supérieure d'existence et de connaissance. Le mysticisme de Plotin, de sainte Thérèse d'Avila, de saint Jean de
On peut, aussi, le définir comme étant la disposition d'une âme qui tend à cette union, qui s'y détermine par une série d'états, qui a le sentiment d'y être parvenue. Un mysticisme inquiet, serein.
Au sens figuré on confère au mysticisme le sens d'une croyance, pensée fondée sur le sentiment, l'intuition. S'emploie parfois ironiquement en parlant d'une spiritualité exaltée. Donner, verser dans le mysticisme.
Notre ami Maurice Teyssandier verse-t-il dans le mysticisme, bien entendu, je ne saurais le dire et j'ajouterais que, comme pour tout un chacun, cela ne regarde que lui… Ce que je puis affirmer c'est qu'il a déployé toute son énergie pour rétablir le jalon de la Croix de Coly. Pour ce faire, maître d'œuvre, il s'est tourné vers notre ami Bernard Grenier qui fut le maître d'ouvrage de cette régénérescence ; car, depuis bien des années ce sceau collinaire, avait disparu gommé par sa désintégration.
Les hagiotoponymes nous restituent l'histoire. Que vous soyez un(e) croyant(e) ou un(e) malheureux (malheureuse) irréductible agnostique, comme votre humble serviteur, force est d'admettre que les hagiotoponymes, qu'ils soient évidents ou cachés, s'invitent un peu partout dans la dénomination de nos cités, de nos hameaux et de nos lieudits, quand ce n'est pas dans les cours d'eau, le Saint Geyrac, dans le centre du Périgord, ou le lointain St Laurent, chez nos cousins canadiens. On trouve une multitude de lieudits ayant pour microtoponyme La Croix. Souvent ces croix sont assorties d'une épithète ; des Frères ou de Bordeaux, Belvès, des Alignés, Siorac, de Buffevent, de Maillargue, Besse, d'Empéoute, Mazeyrolles, d'Allon, Sarlat, les villages de Sainte Croix-de-Beaumont, La Croix Blanche, près d'Agen, La Croix d'Hins, proche d'Arcachon, le Col de La Croix de Fer, Savoie...
La grande Révolution française qui a tenté de laïciser la toponymie a, dans ce domaine, on peut s'en réjouir ou le regretter, totalement échoué. Les traditions immémoriales furent plus fortes que les directives imposées par les révolutionnaires, hélas, trop souvent intolérants.
Maurice et Marie Praderie.
Situons Coly. Si l'on admet l'évidence de la Croix de Bordeaux, ouvrant l'itinéraire vers Bordeaux, on imagine mal, sur les crêtes monplaisanaises, une indication d'itinéraire vers Coly ; village qui ne constituait pas un pôle d'attraction de référence pour les paysans locaux.
On peut penser, sans l'affirmer, que le résident du lieu monplaisanais de la Croix de Coly venait de Coly. Cette manière d'appeler les gens par leurs origines géographiques était courante ; et pas seulement en Périgord.
Coly cours d'eau de la R.G de la Vézère, encore plus modeste que notre Nauze, il ne s'étire que sur 10,1 Km avant d'atteindre Condat part, néanmoins, d'une puissante source et il est, par ailleurs, fortifié de la Chironde. Il a probablement donné son nom au petit village d'un val du Terrassonais... à moins que ce ne soit l'inverse. Il paraît permis de supposer que Coly vienne du préceltique Kol, ou du germanique cold "froid", ou Kol "frais". Le val du Coly connaît bien des pointes de fraîcheur.
La Croix de Coly. Cette croix, tout près de la ligne de partage des eaux entre le Raunel et la Nauze, était le terme de la dernière ascension des paysans venant d'Urval et des collines encerclant le Peyrat et allant vers le moulin abbatial de Fongauffier comme l'a si bien raconté Maurice dans son histoire, voir ci-dessous. Depuis longtemps ce calvaire, signe des temps, s'était désagrégé. Fallait-il abandonner ce lien ancestral ou, comme l'a fait faire Maurice, le rétablir. Chacune et chacun l'estimera en fonction de ses affinités avec le patrimoine ou de son idéal philosophique.
L'abbé Jean Picard entouré de paroissiens qui ont bravé la pluie. Photo Jean-Paul Chaumel.
Cérémonie. Quelques dizaines de fidèles de Monplaisant et des communes voisines se sont rassemblées au pied de la Croix de Coly, le soir du jeudi 9 mai, pour honorer cette réhabilitation patrimoniale. L'abbé Jean Picard, en présence de Marie Praderie, première maire-adjointe, remplaçant Jean-Bernard Lalue, maire, retenu à l'extérieur du département, a donc accueilli, sous une petite, mais persistante, pluie, les fidèles et adeptes du patrimoine qui ont bravé les intempéries et sont, ainsi, venu assurer Maurice et Bernard de leur approbation concernant cette renaissance de la Croix de Coly.
P.F
Ce n'était pas une scène prise dans le film "Les parapluies de Cherbourg" mais, seulement, un moment de la cérémonie de la Croix de Coly.
Maurice Teyssandier
raconta la petite histoire
de la Croix de Coly.
9 mai 2013 à 18 h 15
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Chers amis bonsoir,
Aujourd'hui je suis un homme comblé, je viens de renouer avec mes ancêtres.
Oui la Croix de Coly vient d'être rétablie. Cette croix est le symbole même de la paysannerie typique de notre contrée. Oui Monplaisant représentait, jadis, plus de 80 % de vignes cultivées en terrasses avec des cépages spécifiques ; noah, herbemont, baco et terra. Ces vignes appartenaient aux châtelains de Véziat et Bosredon. Nos ancêtres paysans en étaient les "domestiques". |
Maurice Teyssandier |
La misère et la pauvreté régnaient sur la communauté. Nos ancêtres possédaient comme seuls revenus un peu de blé, du sarrasin, des pois carrés nommés gesses et le peu de vin que voulait bien céder le seigneur contre le travail de ces pauvres malheureux.
"Va, mange avec joie ton pain, et bois gaiement ton vin… car il n'y a ni oeuvre, ni pensée, ni science, ni sagesse, dans le séjour des morts, ils n'auront plus jamais aucune part à tout ce qui se fait sous le soleil."
Le bon vin économise le médecin.
"Lo bon vin economisa lo medeci."
Ainsi nos valeureux paysans avec leurs "bourricots" chargeaient un sac de blé sur le dos de celui-ci prenait le chemin de Bonarme, le Bigounet, Col de crabe, la Croix de Coly, Cassagne, le Bloy et Fongauffier pour aller au moulin.
Et c'est là que se situe notre histoire. Ils décidèrent, à l'intersection de ces chemins, les routes n'existaient pas, de créer cette Croix de Coly où, lors de leurs passages, ils déposaient un petit bouquet de fleurs champêtres, chantaient un petit cantique et priaient pour que Dieu et la Vierge protègent leurs récoltes et leur santé en atténuant leur misère.
Nos ancêtres traduisaient leur foi profonde, à laquelle ils se rattachaient, par ces rites multi-séculaires.
Vola pourquoi j'ai désiré remettre à jour ce symbole. La récompense du travail c'est le regard sur la nature ; l'œil du paresseux ne voit rien.
Je termine en remerciant mon ami Bernard pour la Vierge de Lisieux et le travail de la Croix, Marie Praderie, première maire-adjointe, remplaçant Jean-Bernard Lalue, le maire, l'abbé Picard et la famille Cousiney, propriétaire du lieu, et vous tous présents.
Nous sommes une petite assemblée d'une qualité extraordinaire.
Bonne soirée et merci.
Les muletiers et âniers arrivaient par cette rampe du chemin...
... et, après l'escale à la Croix de Coly, repartaient vers Fongauffier.
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