Et si l'arroseur, par accident de parcours, devenait arrosé !
Les élections municipales devraient avoir lieu, en principe, les 9 et 16 mars prochains. La date officielle n'est pas encore fixée et la tradition laisse supposer que cette échéance devrait être prescrite à l'automne.
Quelques changements importants. Dans notre canton, qui va être défait pour les prochaines élections départementales, toutes les 14 communes vont avoir à se plier à de nouvelles règles.
Salles-de-Belvès, seule commune à ne pas atteindre le seuil de 100 habitants, va voir son conseil municipal passer de 9 à 7.
Belvès et Siorac, qui sont les seules communes qui atteignent et franchissent le seuil du millier d'habitants, vont voter avec des listes bloquées ; c'est-à-dire que les électeurs n'auront plus la latitude de ratures ou d'adjonctions. Ce principe changera sensiblement les résultats. Notons que l'on a vu, ça et là, quelques échecs cinglants de conducteurs de listes, néanmoins demeurant majoritaires, et surtout des cas de figure où, parfois, plusieurs listes obtenaient des résultats positifs en sièges ; pour un ou plusieurs élus.
Désormais ce sera un scrutin tout à la fois plus simple et plus compliqué. La simplicité sera la règle pour le dépouillement puisque seules les listes sans modification seront comptabilisées. Tous les candidats, au sein de chaque liste, seront donc à égalité de suffrages. La complication viendra dans la répartition des sièges s'il y a plusieurs listes en compétitions.
Le législateur a voulu faire une aumône infinitésimale de sièges aux minorités mais seulement aux minorités suffisamment puissantes pour concourir à la bien maigre répartition des sièges attribués à la "proportionnelle" (sic). Cette proportionnelle là aura tous les contours d'un défi stylé vigoureux et systématique à l'équité proportionnelle. Imaginons une commune de plus de 1 000 habitants, 19 sièges, où deux listes concourent aux municipales et où l'égalité parfaite est obtenue. On procédera à la moyenne d'âge pour attribuer à la liste la plus âgée 10 sièges, la part du lion, puis on répartira les 9 sièges restants soit 5 de plus à la liste dominante, le dessert du lion, et, enfin on donnera, généreusement ou en tordant du nez, 4 sièges à l'autre liste.
D'aucuns pourraient dire "hypothèse d'école". En France on compte une dizaine de milliers de communes qui dépassent 1 000 habitants. Ce cas de figure sera, inévitablement, présent dans plusieurs d'entre elles. En général, sans que cela soit une règle, c'est plus souvent le courant ascendant qui tire son épingle du jeu dans les situations serrées. Imaginez l'agressivité qui pourra surgir si, dans quelques cas de figure, une sensibilité haineuse, déjà sous-représentée, se voit défaite par l'égalité arithmétique…
Le législateur n'a pas voulu concevoir un système équitable et citoyen. Il a préféré le professionnalisme à la citoyenneté et a préféré camper sur la règle du dominant écrasant et humiliant les minorités. Pour étayer son hégémonie on avance la stabilité. Il faut croire que nos juristes ne sont pas capables d'imaginer l'équité avec des paramètres de sécurité. L'article 49.3 de
Le recul le plus regrettable. La parité que tout le monde, ou à peu près, souhaite s'avèrera, probablement, être le phénomène le plus catastrophique au niveau de la pluralité des idées. Les puristes peuvent regretter cette parité qui, en soi, est une violation de l'article n° 1 de
Et les petites communes de la ruralité profonde. Pour ces communes qui souvent plébiscitent leurs conseils municipaux avec une seule liste en présence il y a peu de chose de changées. La seule nouveauté est que l'on ne pourra plus voir de suffrages comptabilisés sur des noms de citoyens non candidats. Pour être élu, désormais, dans ces communes il faudra être candidat. On a connu, dans le passé, des cas de figure où des personnes ou personnalités non candidates ont été élues. Ce fut le cas à Brantôme avec Georges Bonnet et plus récemment à Rocamadour ou la municipalité, volontairement démissionnaire, fut remplacée par des citoyens non candidats, souvent fort âgés, qui se sont empressés de démissionner.
Une réforme scélérate ou une réforme "confortable". Pour conclure le domaine électoral est et demeurera une chasse réservée où, pour le citoyen lambda, il deviendra de plus en plus difficile de s'inviter autour d'une table que le législateur à voulu réserver aux dociles féaux des puissants "tracteurs", autant que faire se peut favorables au pouvoir temporel, bien implantés. Il me vient à l'esprit qu'à ce petit jeu qui s'écarte de la démocratie certains, ils sont plus que rarissimes il est vrai, se sont rendus compte que la scène de "l'arroseur arrosé" peut parfois troubler la fête.
Pierre Fabre
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