Qu'est ce qu'un lieu de mémoire.
Vendredi 7 et lundi 10 mars deux groupes de collégiens de Pierre Fanlac vont se rendre à Oradour-sur-Glane. Cette pérégrination scolaire, hautement symbolique, m'amène à féliciter les responsables de cet établissement qui maintiennent une tradition établie depuis plusieurs années.
Cette sortie pédagogique me conduit à parler aujourd'hui de lieux de mémoire bien divers. Que les érudits veuillent bien m'excuser mais certains ne sont pas connus de tous !
Pierre Fabre.
Le lieu de mémoire est un concept historique mis en avant par l'ouvrage les Lieux de Mémoire, paru sous la direction de Pierre Nora entre 1984 et 1992. Le mot fait son entrée dans le dictionnaire Le Grand Robert de la langue française de 1993 et devient d’un usage courant. [Encyclopédie Wikipédia]. |
Qu'est ce qu'un lieu de mémoire. Cette question pourrait faire l'objet d'une belle dissertation scolaire. Les lieux de mémoires ne manquent pas ; tant en France qu'à l'étranger.
À l'étranger.
Le Maqam ash-shahid à Alger, symbolise l'Algérie de l'indépendance. Ce monument, haut de
La place Tian'anmen devrait être un haut lieu de mémoire très symbolique puisque de cette place, en 1989, souffla un vent de liberté totalement insupportable pour les "maîtres" des lieux.
La Russie tsariste chut en 1917. Un extraordinaire renouveau aurait pu naître. L'ère stalinienne et post-stalinienne préféra envoyer dans les goulags, plagiats des camps nazis, ses opposants plutôt que démontrer que le marxisme pouvait être un merveilleux assemblage de libertés individuelles. Les stigmates de la peine de mort et les goulags, en défiant l'humanisme, sont parmi les plus honteux schémas des dictatures. Il faut absolument les placer sur le chemin des lieux de mémoire.
D'autres lieux de mémoire hautement symboliques.
L'UNESCO retrace l'Histoire quelque peu épique liée à trois monuments haïtiens de la Citadelle ;
Revenons aux lieux de mémoire de notre Hexagone. Ils sont multiples et variés. Ils peuvent, le cas échéant, ne comporter aucun monument ou très peu. Le Camp dels Cremats où, le 16 mars 1244, 250 cathares, dont des enfants, refusant la dictature des catholiques, représentée par la puissance du pape Innocent III et du roi de France Louis IX, roi qui prit l'épithète de Saint Louis, périrent brûlés ou le Chemin des Dames, théâtre opérationnel de
Comment passer sans s'émouvoir à côté des villages radiés de l'Aisne et de
L'origine du nom "Chemin des Dames" est bien antérieure à la Première Guerre mondiale. Elle remonte à la veille de la Révolution de 1789, à une époque où on appelait "Mesdames" les filles du Roi Louis XV (les tantes de Louis XVI).
En 1776, la Duchesse de Narbonne, Dame d'honneur de Madame Adélaïde, l'une des filles du Roi Louis XV, est devenue propriétaire du château de la Bove près de Bouconville et de l'Abbaye de Vauclair.
En prévision d'un voyage que devaient faire à la Bove Madame Adélaïde et sa soeur Sophie, Madame de Narbonne n'a cessé de demander, à partir de 1780, à l'administration des Ponts et Chaussées la transformation en route carrossable du chemin qui allait du carrefour de l'Ange Gardien (entre Laon et Soissons, sur l'actuelle RN 2) à Corbeny (sur l'actuelle RN 44 / D1044).
Après bien des rebondissements, la "route pour les Dames" a fini par être construite au cours des années 1785 - 1789.
Il semble bien que les Mesdames de France ne l'ont jamais empruntée, une fois terminée.
En effet, dans les archives et contrairement à ce qui est souvent affirmé, on ne trouve mentionné qu'un seul voyage de Mesdames à la Bove, en 1784.
Le Chemin des Dames fut le théâtre d'une atroce tuerie d'où Nivelle, en échec, naturellement, comme il se doit, sortit intact. Sa stratégie justifia, pour la haute hiérarchie militaire, de fusiller, pour l'exemple, une dizaine de braves poilus taxés de mutins. Ce n'est certainement pas une des plus belles pages de l'histoire de nos généraux. Pensons surtout à ces braves poilus qui auraient, certainement, préféré travailler dans leurs champs ou s'activer sur leurs lieux de travail plutôt qu'être engagés dans cette terrible guerre.
La cloche du Mont Valérien rappelle que tous les résistants, hélas, ne sont pas identifiés et nombre d'entre eux n'ont droit qu'à la reconnaissance anonyme.
Le Mémorial de la Shoah, à Paris IVème, témoin des atrocités nazies.
Le village d'Oradour-sur-Glane a suffisamment marqué nos esprits pour ne pas être oublié de ce siècle. Qu'en sera-t-il dans futur ?
Qui aujourd'hui ose se souvenir du "sac et du ravage du Palatinat" ; barbaries militaires dont la brutalité et l'absurdité n'honorent ni
On peut considérer que
Plaque de Charonne.
Qui pense à ce premier résistant, photo en médaillon, en empruntant le métropolitain à la station Jacques Bonsergent.
Citons aussi deux autres stations ; celle de Jacques Bonsergent, [on lui attribue l’un des premiers faits de résistance dans Paris, il fut aussi le premier civil parisien fusillé au Fort de Vincennes, à 28 ans, pour avoir refusé de dénoncer le coupable d'une brutalité à l'encontre d'un soldat allemand] ou Guy Môquet le tout jeune lycéen fusillé à Chateaubriant.
Une modeste plaque de rue, Giffault ou Manchotte, résistants belvésois, ou d'immeuble, Martinet maire de
L'histoire a besoin de lieux de mémoire pour pérenniser ses grands moments. Ainsi Le Monument aux bourgeois de Calais, d'Auguste Rodin, rappela, 548 ans après, l'histoire d'Eustache de Saint Pierre et de ses cinq compagnons, héros de l'humilité des Calésiens, livrés, en chemise, à la force d'Édouard III. Ils émurent, comme chacun le sait, son épousePhilippa de Hainaut.
Une tour peut aussi être un témoignage de la souvenance, celle de
Nos nécropoles, bien entendu, sont des lieux de mémoire et le tout petit cimetière de St Cassien, la plus modeste commune du département, est, au même titre que le Père Lachaise, un lieu de recueillement.
N'oublions pas non plus les lieux de mémoires qui ne comportent pas ce volet tragique des affrontements armés mais qui jalonnent notre patrimoine. C'est le cas des musées et
Revenons à nos stèles de
Même les citoyens qui n'ont aucune sympathie pour Karl Marx sont bien obligés d'admettre qu'il était loin d'avoir tort en affirmant : "Celui qui ne connaît pas l'histoire est condamné à la revivre."
Le 27 mai, jour anniversaire de On notera que 2014 est l'année du cinquantenaire de la réception de Jean Moulin au Panthéon. Ce 27 mai 2014 sera donc commémoré, au rond-point de Fongauffier, à 18 h 45, avec toute la solennité due à cet anniversaire. "Le Chant des partisans" sera entonné par "l'Ensemble vocal de Belvès" et " |
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