Ricampleu est remonté sur les planches.
SAGELAT
André Deltreil sur scène. Photo Pierre Fabre.
Il y a deux ans André Deltreil interprétait, avec brio, le rôle de Ricampleu, prononçons Ricamplèou, dans "Lo meitat pòrc" du majoral Marcel Fournier. Un autre projet, pour l'heure, n'a pas abouti. André aimerait jouer à nouveau "Lo gal a cantat", une longue pièce du Dr Pierre Boissel, mais la difficulté est de trouver une jeune fille et un jeune homme pour tenir les rôles des jeunes fiancés.
André est cependant remonté sur les planches, lors du repas du 2 juin, pour rappeler combien il est admiratif de l'œuvre du bon Dr Boissel. Il raconta, en occitan bien sûr, la mésaventure d'une paysanne dont l'époux avait été mordu par une écrevisse. L'histoire est certes savoureuse mais c'est surtout la conclusion "imagée" qui a fait bien rire l'auditoire.
Après un bon repas André raconta l'histoire d'un paysan qui avait un peu trop bu et, toujours dans notre belle langue occitane, nous fit part de son égarement avec "Seï bondat". Pierre Boissel a su nous raconter, avec humour, les troubles que l'alcool peut provoquer chez un individu pris de boisson. L'occitaniste a rédigé son œuvre phonétiquement. Mon ami le majoral Jean-Claude Dugros, sans avoir retouché quoi que ce soit à l'histoire, lui a donné la graphie occitane.
Seï bondat ! par Pierre Boissel, le bon docteur Boissel. Mouzens 10/9/1872 St Cyprien 26/8/1939. Lo ser ol contou. |
Mé semblo qué lou cap mé biro, Qu'aï lou cervel un paoù estret, Que nostro taoùlo sè débiro, Et que lou placard n'és pas dret.
Il me semble que la tête me tourne, Que j'ai le cerveau un peu étroit, Que notre table se renverse, Et que le placard n'est pas droit.
Senti qué mo lenguo s'ottrapo, Et biro pas bien coumo cal, Et l'an dirio qué, sus lo nappo, Véni de débira lo sal.
Je sens que ma langue s'attrape, Et ne tourne pas comme il faut, Et on dirait que sur la nappe, Je viens de renverser le sel.
Me semblo qué, dé lo codièro, Podi pas mé désottropa, Qu'aï lou tioul dins uno tortièro, Et podi pas lu n'én tira !
Il me semble que de la chaise, Je ne puis pas me lever, Que j'ai le cul dans une tourtière, Et que je ne peux pas m'en enlever.
Oquesté cot seï sus loï cambos, Non saîî, sé coï en me lévant, Qu'aï ottropat uno corampo, Ou lou ploncat qué fout lou camp !
Cette fois je suis sur les jambes, Je ne sais si c'est en me levant, Que j'ai attrapé une crampe, Ou le plancher qui fout le camp. |
Dirias que lo méiou es torto, Ou l'on couyssado dé coustat, Sé voli possa per lo porto, Ol mountant me mé fouti de cat !
On dirait que la maison est tordue, Ou que l'on l'a couchée sur le côté, Si je veux passer par la porte, Au chambranle je me fiche un coup de tête.
Ah ! quo baï bien, seï sus lo routo, Qué mé méno débès l'houstal, Sabis bé qué lo mé cal touto, Mais péous coustats, io lou rondal !
Ah ! Ça va bien, je suis sur la route, Qui me conduit devant ma maison, Je sais bien qu'il me la faut toute, Mais sur les côtés il y a les ronciers!
Quelqu'un que vénio de la casso, O dit, en me mé veïren possa ; Foutré ! Li cal bien de lo placo, Et sé baï loun co pot dura !
Quelqu'un qui venait de la chasse, A dit en me voyant passer ; Foutre ! Il lui faut bien de la place, Et s'il va loin cela peut durer !
O lo méiou, quand orrivèri, Mo fenno me diait : qu'as fat ? Tronquillomen, li respoundèri : Mais… Vésés pas qué seï bondat !!!
À la maison quand j'arrivai, Ma femme m'a dit : qu'est ce que tu as fait ? Tranquillement je lui répondis, Mais… Tu ne vois pas que je suis saoul !!! |
Sei bandat
Graphie revue par le majoral Jean-Claude Dugros.
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Me sembla que lo cap me vira, Qu'ai lo cervel un pauc estrech, Que nòstra taula se desvira, E que lo placard n'es pas drech.
Senti que ma lenga s'atrapa, E vira pas bien coma cal, E l'òm diriá que, sus la napa, Veni de desvirar lo sal.
Me sembla que, de la cadièra, Pòdi pas me desatrapar, Qu'ai lo cuòl dins una tortièra, E pòdi pas lo ne tirar !
… Aqueste còp, sei sus las cambas. Non sai, se quò es en me levant Qu'ai atrapat una carrampa, O lo plancat que fot lo camp !
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Diriatz que la mai'on es tòrta, O l'an coijada de costat, Se vòli passar per la pòrta, Al montant me foti de cap !
A ! quò vai bien, sei sus la rota Que me mena devèrs l'ostal, Sabi ben que me la cal tota, Mas peus costats, i a lo randal !
Qualqu'un que veniá de la caça, A dit, en me veirent passar ; Fotre ! Li cal bien de la plaça, E se vai lonh quò pòt durar !
A la mai'on, quand arribèri, Ma femna me di'èt : qu'as fach ? Tranquilament, li respondèri : Mas… veses pas que sei bandat !
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L'expertise médicale, sans appel, de Pierre Boissel a parfaitement su identifier la gêne du brave paysan qui, manifestement, avait trop chargé.
Demain le blog donnera la tonalité juvénile de cette animation printanière sagelacoise du 2 juin.
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